Combine d'assureurs
Certains étrangers paient en moyenne 60% de plus leur assurance auto

Les ressortissants étrangers paient leurs assurances automobiles plus chers que les Suisses. Parfois beaucoup plus. Cette pratique, interdite dans l'UE, est dénoncée comme une discrimination par un politicien bâlois.
Publié: 04.07.2021 à 06:05 heures
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Dernière mise à jour: 04.07.2021 à 14:42 heures
Rachel Hämmerli

Vous êtes serbe ou turque, et vous payez plus cher votre assurance auto que votre voisin au passeport rouge? C'est normal, vous êtes en Suisse.

Les compagnies d'assurance sont ici parfaitement autorisées à discriminer d'après la nationalité de leur client, avant même de prendre en compte le nombre d'accidents à son actif ou la gamme de sa voiture.

Et les différences peuvent être énormes. Ce sont les Kosovars, les Albanais, les Serbes et les Turcs qui font les frais de cette pratique: ils paient en moyenne environ 60 % de plus que les Suisses, selon une analyse du portail de comparaison Internet Comparis.ch.

C'est une question de chiffres

Comment est-ce possible ? Blick a interrogé les compagnies d'assurance Axa, Helvetia, TCS et Zurich. Ces dernières expliquent que le calcul de la prime se fait sur la base de facteurs qui peuvent statistiquement entraîner des coûts élevés. Il s'agit, par exemple, de la puissance de la voiture, de l'âge du conducteur, de son sexe ou de sa nationalité.

Ainsi, si un homme d'origine étrangère provoque un accident avec une voiture à forte puissance, tous ces facteurs sont inclus dans les statistiques. Si cela se produit plus d'une fois, un profil de risque est créé et appliqué à toutes les personnes ayant la même caractéristique.

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«C'est une arnaque»

Pour Mustafa Atici, président de la section du Parti socialiste «PS Migrant-e-s», cette pratique est une pure discrimination, qui est par ailleurs interdite dans l'Union européenne. «C'est de l'arnaque», assène le conseiller national bâlois. «Des milliers de personnes doivent payer plus cher sans avoir jamais causé d'accident.»

Mustafa Aticii, conseiller national bâlois.

Il reconnaît que les jeunes conducteurs possédant des voitures rapides, et souvent issus de l'immigration, sont plus souvent impliqués dans des accidents. «Mais punir tous ceux qui ont la même nationalité de manière générale à cause de cela n'est pas juste.» Il faudrait pénaliser ceux qui sont en faute.

Atici s'efforce d'attirer l'attention sur cette question en menant des campagnes dans différentes langues. Il conseille aux migrants de se faire assurer auprès de prestataires qui n'adaptent pas leurs polices d'assurance selon les nationalités.

Toutes les assurances le font

Mais la tâche est difficile, pour ne pas dire impossible, étant donné que tous les assureurs suisses incluent dans leur calcul de prime la nationalité. Il y a quelque temps encore, Generali faisait exception à cette règle, mais l'assurance s'est depuis alignée sur ses concurrents.

Auparavant, les modèles de calcul de la Generali ne permettaient pas d'identifier les disparités de risque entre nationalités. Ceux-ci auraient cependant été adapté entre temps, permettant de révéler « des différences notables entre les différentes nationalités» selon le porte-parole Ueli Kneubühler.


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