Il n'y va pas de main morte
Fatigué du trafic, un Grison barre la route devant sa maison

David A., habitant de Maienfeld (GR), se bat contre le trafic devant sa maison – et contre la ville. La dispute a dégénéré: l'homme a d'abord bloqué la route avec un véhicule tout-terrain, puis il a barré le passage avec des palissades en bois.
Publié: 18.01.2023 à 22:00 heures
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Dernière mise à jour: 19.01.2023 à 06:19 heures
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David A., de Maienfeld, bloque le tronçon de route devant sa maison avec des barrières en bois.
Photo: Nicolas Lurati
Nicolas Lurati

Depuis des années, le conseil municipal et le riverain David A.* se disputent à propos d’un tronçon de route en bordure de la commune de Maienfeld, dans les Grisons. Le point culminant de ce conflit? David A. a barricadé le chemin du Mulden (le Muldenweg), un passage en travers de sa parcelle de terrain, sans l’autorisation de la ville.

L’homme ne veut plus que sa route soit empruntée par des véhicules, des piétons ou des cavaliers. Résultat: les automobilistes doivent faire demi-tour. Et les passants ne viennent à bout de la barrière que s’ils sont prêts à se salir les pieds en passant à travers le champ.

Si nous en sommes arrivés là, c’est parce que la commune ne répond pas à ses exigences depuis des années, explique David A. à Blick: «Je lui demande seulement de limiter le trafic de transit sur le Muldenweg.» Seuls les riverains, les livreurs et le bus scolaire pourraient encore passer, si cela ne tenait qu’à lui. Mais selon lui, «on ne peut pas négocier avec la ville.»

«80 km/h au lieu de 30 km/h»

L’entrepreneur indépendant explique les raisons de sa demande: «D’innombrables voitures passent devant ma maison. De plus, la vitesse est de 80 km/h alors que 30 km/h serait adéquat.» David A. estime que les vélos électriques qui passent à toute vitesse devant chez lui sont aussi un danger: «J’ai peur de ne pas en voir un en reculant, ou en sortant d’une place de parking.»

Comme si cela ne suffisait pas, les animaux dérangent également le riverain. «Des chevaux font leurs besoins devant ma maison, dit-il. Si un troupeau de vaches passe, il fait des dégâts sur ma propriété.» Les randonneurs seraient eux aussi un problème, selon le farouche propriétaire: «Ils regardent dans mon salon.»

Après le Pinzgauer, les barrières en bois

Depuis la veille de Noël 2022, David A. bloque donc la route. Il a d’abord placé son tout-terrain Pinzgauer en travers de la chaussée: «Mais je n’étais pas encore totalement tranquille face aux perturbateurs. Alors, début janvier, j’ai barricadé des deux côtés le tronçon devant ma maison avec une barrière en bois.»

Le fait que la route soit fermée depuis n’est pas du goût du conseil municipal de Maienfeld. Interrogé par Blick, le maire Heinz Dürler (UDC) déclare: «Nous voulons rétablir l’état qui prévalait depuis des décennies sur le Muldenweg, ce qui signifie un passage libre pour tous.»

Ce qui complique toutefois l’affaire? «La route appartient au propriétaire – et non à la ville», concède Heinz Dürler. Mais un chemin officiel pour piétons et randonneurs est inscrit sur la parcelle. C’est pourquoi le droit de passage s’applique aux passants, aux randonneurs et aux cyclistes, explique-t-il. «En ce qui concerne le droit de circulation, nous invoquons notamment le fait que la parcelle a été viabilisée pendant des décennies», précise l'élu.

«La ville m’a mis en colère»

C’est maintenant aux tribunaux de déterminer si David A. pourra effectivement fermer la route un jour. Mais pour le maire, il est clair que la situation actuelle n’est pas tenable. «Il n’a déposé qu’une demande auprès du Tribunal régional, ce qui est loin d’être une autorisation. Le tribunal doit encore se prononcer à ce sujet», précise Heinz Dürler. Aucune date n’est encore fixée.

En attendant, David A. exige pour l’avenir que la ville dévie la route devant sa maison: «Elle ne doit plus traverser ma parcelle. Ma patience envers la ville est à bout.»

*Nom connu de la rédaction

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