Les députés fribourgeois ont entamé mardi les débats concernant le budget 2025 de l'Etat, bénéficiaire à hauteur de 650'400 francs. Malgré une entrée en matière votée, les échanges ont fait ressortir une insatisfaction générale à l'égard de la copie du Conseil d'Etat. Le budget 2025 a nécessité des arbitrages «rigoureux», sachant qu'au début du mois de juillet il présentait encore un découvert supérieur à 100 millions de francs. Avec son petit bénéfice, il respecte le principe constitutionnel de l’équilibre. Un programme d'assainissement est par ailleurs confirmé, à définir l'an prochain.
«Les indicateurs montrent que Fribourg devra affronter de gros défis», a indiqué le président du Conseil d'Etat Jean-Pierre Siggen. La copie pour 2025 «reflète une situation financière délicate», a ajouté le grand argentier cantonal, avec une priorisation des dépenses. «C'est un budget de transition et de responsabilité.» L'UDC, par la voix du député Stéphane Peiry, a dénoncé un manque d'anticipation, en relevant une croissance trop rapide du budget au fil des ans. Elle a tenté de renvoyer, demande rejetée par 78 voix contre 25, l'objet au gouvernement, en l'invitant à réévaluer des recettes fiscales jugées trop optimistes et à adapter les dépenses.
Le groupe des Vert-es et alliés a promis d'apporter ses idées au futur plan d'assainissement. Le PS a accepté également l'entrée en matière, en regrettant les atteintes aux prestations. «En tant que politiciens responsables, nous devons accepter ce budget même s'il n'est pas du tout satisfaisant», a constaté le député Armand Jaquier. Pour sa part, le député centriste Christian Clément a salué le maintien des investissements et l'absence de hausse fiscale. Président de la commission des finances et de gestion, le PLR Claude Brodard a appelé aussi au renvoi, en déplorant le manque d'efforts de l'exécutif, qui «pourrait revenir en décembre» avec sa copie.
4,33 milliards de francs de dépenses
Le budget comprend une hausse ciblée des nouveaux emplois, le renoncement à toute indexation des salaires, au grand dam de la gauche, et un étalement de mesures votées par le Grand Conseil. «Nous sommes conscients de l'effort demandé à la fonction publique, même si l'inflation a diminué», a complété Jean-Pierre Siggen. Le budget 2025 intègre encore une réévaluation des revenus fiscaux et une indexation de l’impôt sur les véhicules. Les députés fribourgeois ont d'ailleurs voté, mardi toujours, une hausse de 5,2% de ce dernier. La mesure rapportera près de 5 millions. Elle figure parmi celles devant ramener le budget à l'équilibre.
Les dépenses totales se montent à 4,33 milliards de francs, en hausse de 2,1%. Les charges de personnel sont en augmentation de 26,9 millions. L’évolution salariale ordinaire est maintenue (+1,1% de la masse salariale). Tout comme la création de 115 postes (en équivalent plein temps, EPT), dont plus de 70% dans l’enseignement.
Du côté des revenus, les recettes fiscales évoluent à la hausse, notamment pour l’impôt sur le bénéfice des personnes morales et celui sur le revenu des personnes physiques. Le programme d’allégement des finances fédérales voulu par la Confédération «impactera inévitablement» en outre les finances de l’Etat. Enfin, le gouvernement conserve une «importante» enveloppe d'investissements, avec 260,1 millions de francs. «Grâce à la politique prudente des dernières années», a précisé le grand argentier. Avec un taux de 51,9%, le degré d’autofinancement se situe nettement en dessous du niveau de 80% considéré comme «sain».