Ce Valaisan a survécu à un cancer du cœur quasi incurable
«Les médecins m'ont dit: 'Dans 2 semaines, vous aurez besoin d'un croque-mort'»

Un cancer du cœur rare a changé la vie d'Olivier Groen. Après trois opérations de la cage thoracique et une greffe de coeur, ce Valaisan de 54 ans est bien vivant, mais il doit se battre. Son histoire est un véritable plaidoyer pour le don d'organes et la persévérance.
Publié: 20.02.2025 à 11:25 heures
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Dernière mise à jour: 20.02.2025 à 11:35 heures
Aujourd'hui le corps d'Olivier Groen est marqué de toutes parts. Des cicatrices ornent son corps. Il a dû se faire ouvrir la cage thoracique à trois reprises.
Photo: zVg
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Martin Meul

Nous sommes à la mi-avril 2016. Olivier Groen, un Valaisan de 54 ans passionné de musculation, est en train de s'entraîner lorsqu'il se rend compte que quelque chose ne va pas. «Tout à coup, j'ai eu des douleurs dans la poitrine, je ne me sentais pas bien», confie à Blick cet habitant de Mörel-Filet, dans le Haut-Valais. A ce moment, ce chef de projet au sein d'une entreprise de plomberie ne sait pas encore qu'un véritable combat pour sa survie vient de commencer.

Neuf ans plus tard, Olivier Groen s'est fait ouvrir la cage thoracique à trois reprises. Et s'il est encore en vie, c'est parce que quelqu'un d'autre est mort.

Dans une vie antérieure, Olivier Groen faisait de la musculation quasi à plein temps. Il participait même à des compétitions.
Photo: zVg

Un cancer du cœur rarissime

Mais revenons en arrière. En 2016, Olivier Groen se rend chez son médecin de famille en raison de douleurs dans la poitrine. Celui-ci l'envoie immédiatement à l'Hôpital de l'Ile à Berne. Il passe alors une série d'examens. «Au lieu de rentrer chez moi, je suis monté au bloc», se souvient-il. Car le diagnostic posé des médecins est terrible: le Valaisan est atteint d'un myxome auriculaire, un cancer du cœur peu courant.

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«Les médecins m'ont dit: 'Dans deux semaines, vous n'aurez plus besoin d'un médecin, mais d'un croque-mort'»
Olivier Groen
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En effet, les tumeurs cardiaques sont extrêmement rares. «Parmi toutes les tumeurs, elles ne représentent que 0,02%», écrit l'hôpital universitaire de Zurich sur son site internet. Les spécialistes supposent cette rareté est due au fait que les cellules cardiaques se divisent plus rarement que les cellules d'autres tissus.

La tumeur détectée dans le cœur d'Olivier est rarissime.
Photo: zVg

L'un des principaux problèmes des tumeurs cardiaques est qu'elles peuvent très fortement au fonctionnement du cœur. «Je n'en avais jamais entendu parler», raconte Olivier Groen. Sa tumeur est située sur l'oreillette gauche et elle menace de bloquer le flux sanguin de son cœur.

5% de chances de réussite

Les médecins de l'Hôpital de l'Ile lui recommandent alors de se faire opérer d'urgence. «Mais je pensais que je pourrais encore profiter de la saison de moto à venir quitte à me faire opérer à l'automne.» Mais c'est ce féru de deux-roues se trompe lourdement. «Les médecins m'ont dit: 'Dans deux semaines, vous n'aurez plus besoin d'un médecin, mais d'un croque-mort'», se rappelle le Valaisan.

La même semaine, il est opéré par le célèbre chirurgien cardiaque Thierry Carrel. «Même pour ce médecin expérimenté, l'opération était plutôt rare», explique Olivier Groen. Le cœur est entièrement retiré de la cage thoracique et la tumeur est enlevée pendant que le patient est maintenu en vie par une machine cœur-poumon. «J'avais bon espoir, car on m'avait dit que tout irait bien», dit-il.

Le Valaisan est opéré en urgence une première fois.
Photo: zVg

Mais le scénario s'avère bien différent. Les médecins viennent parler à Alexandra Groen, la femme d'Olivier, en des termes extrêmement crus. «On m'a expliqué que les chances de survie d'Olivier étaient de 5%», raconte-t-elle Blick. Pour elle, les plus de dix heures durant lesquelles son mari est opéré sont parmi les plus pénibles de sa vie.

D'abord bien, puis mal, puis à nouveau bien

Mais, contre toute attente, l'intervention est un succès. Olivier Groen se remet rapidement de cette très lourde intervention. Sa convalescence ne dure que six mois. La période qui suit est même bonne: le Valaisan peut reprendre le travail. Mais cette accalmie ne vas pas durer.

En 2020, Olivier Groen se rend compte que quelque chose ne va de nouveau pas avec son cœur. «Je me sentais mal et abattu.» Une baisse de forme rapidement suivie de mauvaises nouvelles: son cœur ne suit plus, il lui en faut un autre... Mais cela s'avère compliqué. D'une part, il n'y a que très peu de cœurs de donneurs disponibles. D'autre part, le groupe sanguin d'Olivier Groen complique la tâche puisqu'il est O positif. Par conséquent – il ne peut recevoir que du sang O positif ou O négatif.

Un appel qui change tout

Mais en 2021, le cœur d'Olivier Groen est définitivement à bout. On lui ouvre alors une nouvelle fois la cage thoracique afin d'y introduire un dispositif d'assistance ventriculaire gauche (DAVG). En d'autres termes: on lui pose un cœur artificiel. Une nouvelle fois, il passe des heures dans la salle d'opération, et sa femme Alexandra craint à nouveau pour sa vie. «Je pense que pour ceux qui sont hors de la salle, c'est encore pire», déclare-t-elle.

Alexandra Groen a passé des heures interminables à attendre des nouvelles de son mari.
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Son mari acquiesce. «On ne remarque rien pendant l'opération: on se réveille ou on ne se réveille pas.» Une fois encore, Olivier Groen s'en sort... et se remet. Il tolère bien son cœur artificiel. «Il faut juste faire attention à ne pas avoir de panne de courant», dit-il en riant. Mais cela reste une solution temporaire.

Huit ans presque jour pour jour après l'ablation de sa tumeur, Olivier Groen reçoit l'appel le plus important de sa vie. Un cœur est disponible. «J'avais presque perdu tout espoir», se souvient-il. Il a maintenant 90 minutes pour se rendre à l'Hôpital de l'Ile. Pour y parvenir depuis la Valais, il doit être transporté en hélicoptère.

Le don d'organe à la peine

A peine a-t-il atterri à Berne, qu'il est tout de suite envoyé en salle d'opération. Sa cage thoracique est ouverte pour la troisième fois. Et c'est sans doute la plus importe, puisqu'il s'agit de lui apposer le cœur du donneur d'organe. L'opération est un succès.

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Je suis vivant parce que cette personne est morte
Olivier Groen, à propos de son donneur
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Olivier Groen est très reconnaissant envers son donneur. «Je suis vivant parce que cette personne est morte», déclare-t-il, non sans émotion. Pour autant, il ne se questionne pas trop sur l'identité du donneur ou de la donneuse: «J'ai accepté ce cœur, c'est tout pour moi.»

Le Valaisan peut s'estimer chanceux, car d'une façon générale, le don d'organes est à la peine. Et il le sait. D'ailleurs, il peine à comprendre les personnes qui ne souhaitent pas donner leurs organes. «Pensez-vous que Dieu ne vous laissera pas entrer au paradis parce que vous avez donné un rein?», demande-t-il.

Le combat continue

Pour ce qui est d'Olivier Groen, le combat est loin d'être terminé. Bien que la greffe de coeur se soit soldée par un succès, l'état du Valaisan s'est soudainement détérioré au printemps dernier. «Je n'ai pas reconnu mon 'guerrier du cœur', qui était jusqu'à présent toujours positif», raconte sa femme Alexandra. Et pour cause: Olivier est souvent agressif, il a des absences mentales, et il se comporte de manière étrange.

Alexandra Groen est fière de «son guerrier du coeur».
Photo: Martin Meul

Aux origines de ce changement de personnalité, un champignon dans le cerveau, connu dans le milieu médical sous le nom d'aspergillose cérébrale. Il s'agit en fait d'un effet secondaire des immunosuppresseurs que le Valaisan doit prendre en raison de son nouveau cœur. Une biopsie du cerveau est alors effectuée, et Olivier Groen se fait prescrire de puissants médicaments. «Le problème, c'est qu'ils ne doivent pas être trop forts. Sinon, mon nouveau cœur pourrait être endommagé», explique-t-il.

Aujourd'hui, Olivier Groen va mieux, même si la bataille continue.
Photo: Martin Meul

Depuis, l'infection fongique a quelque peu diminué, mais elle n'a pas disparu pour autant. «Ma devise, c'est le temps et la patience», dit Olivier Groen. Ce «guerrier du cœur», comme l'appelle sa femme, n'abandonnera pas. Aussi parce qu'il veut aider les autres. Il est enregistré à l'Hôpital de l'Ile à Berne comme personne de contact pour les patients ayant connu un sort similaire.

Olivier Groen ne manque de rien.... sauf peut-être d'une chose: la musculation.
Photo: Martin Meul
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