Antonio Guidali aime faire visiter sa commune. Sa vieille ville. La magnifique coupole du sanctuaire de Santa Croce. La piazza et ses terrasses de café. Le Lido, au bord du lac de Lugano, qui rouvre ses portes en ces journées ensoleillés. Les plus anciens fonts baptismaux de Suisse encore en fonction.
Depuis jeudi dernier, Riva San Vitale TI s'est enrichie d'un superlatif. Un dont le président de la commune n'est pas fier. Le 5 mai a été publiée la statistique annuelle de la police cantonale tessinoise. Elle révèle qu'en 2021, aucune localité du Tessin n'a enregistré autant de délits que Riva San Vitale par rapport à sa population. D'un point de vue purement mathématique, le taux de criminalité a augmenté de 1313% par rapport à l'année précédente. «Quand j'ai lu ça dans Ticinonews, je suis tombé des nues», raconte Antonio Guidali.
Le seul sujet de conversation sur la piazza
791 délits à Riva San Vitale? La commune n'a pas même entendu parler d'un seul délit, assure Antonio Guidali à Blick. «Selon cette statistique, un bon tiers d'entre nous devrait avoir commis des délits», poursuit celui qui est aussi entrepreneur. «Quelle pensée absurde. Nous ne sommes quand même pas le Bronx du Tessin!»
Ses concitoyens ont également été choqués. «J'ai reçu des appels. Les gens m'ont abordé dans la rue. Dans le bistrot du village, après la messe du dimanche, tout tournait autour de ce seul sujet», explique le politicien du Centre. Antonio Guidali finit par se renseigner auprès de la police. «Les fonctionnaires n'ont pas voulu me dire de choses précises, poursuit-il, juste ceci: un garage automobile de Riva San Vitale aurait commis des fraudes à l'assurance dans plusieurs centaines de cas».
Une fraude à l'assurance à grande échelle
Selon les recherches de Blick, il s'agit de deux hommes qui avaient loué un atelier de réparation automobile dans la zone industrielle de la localité. De là, ils ont facturé à différentes assurances des dommages sur des centaines de pare-brises qui n'existaient en réalité pas. Ainsi, le nombre de pare-brise «remplacés» était bien supérieur à celui des pare-brise officiellement importés. La fraude en série a été découverte. En 2018, une enquête approfondie a été lancée. Les hommes ont disparu de Riva San Vitale. La procédure s'est terminée l'année dernière. Et voilà où l'anomalie statistique intervient: chaque cas d'escroquerie a été inscrit dans les statistiques de la police comme un délit individuel de cette année-là, inscrivant un record pour la commune.
«Nous n'avons pas eu connaissance de l'enquête dans la commune, explique Antonio Guidali, nous ne savons pas non plus qui sont ces hommes.» Le calme est désormais revenu à Riva San Vitale. «Notre village est chaleureux et paisible. Et cela vaut la peine d'y aller», fait valoir Antonio Guidali. Nul besoin d'un gilet pare-balles, ajoute le sindaco avec un clin d'œil.