Ça pourrait vous arriver
Ce Fribourgeois a passé des semaines en hiver sans eau chaude dans sa douche

Matthieu V. est resté de longues semaines avec une douche sans eau chaude, cet hiver. S'impatientant face à une gérance dont il dit qu'elle a laissé traîner son cas, il a fini par écrire à Blick, qui l'a rencontré. Sa mésaventure pourrait arriver à tout le monde.
Publié: 21.01.2022 à 18:30 heures
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Dernière mise à jour: 22.01.2022 à 09:58 heures
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C'est dans cet immeuble du Mouret (FR) que réside Matthieu V.
Photo: DR
18 - Alexandre Cudré - Journaliste Blick.jpeg
Alexandre Cudré

Matthieu V. a dû se passer d'eau chaude dans sa douche durant de longues semaines, cet hiver. Etabli au Mouret, dans le canton de Fribourg, le jeune homme de 29 ans s'est retrouvé dans une situation délicate avec sa gérance. Il estime que celle-ci a beaucoup trop tardé à faire réparer sa douche. Pendant plusieurs semaines, il a vécu dans le froid.

Le studio de Matthieu n'est pas du grand luxe. Tout se trouve dans une dizaine de mètres carrés: une grande armoire, un lit pliable se transformant en canapé la journée, une petite cuisine et une cabine de douche installée juste à côté de celle-ci, séparée du reste par un simple panneau.

Il appréciait les douches bien fraîches

En octobre, il veut prendre une douche chaude pour la première fois depuis son emménagement en mai. Ancien maître-chien dans l'armée française, Matthieu préfère prendre des douches bien fraîches. Mais à l'automne, le besoin de confort prend le pas sur la vie spartiate du jeune homme. À ce moment-là, c'est la surprise: il n'y a pas d'eau chaude.

Les dix jours réglementaires après l'état des lieux pour constater un problème sont dépassés depuis longtemps. Emprunté, il contacte sa gérance, qui réceptionne sa doléance et indique qu'un réparateur passera bientôt chez lui.

Il travaille dans un congélateur

D'autant plus que la situation professionnelle de Matthieu ne l'aide pas particulièrement à se réchauffer: spécialiste en logistique, il travaille pour une entreprise de confiserie bien connue dans la région, qui livre des produits congelés à l'international. Autrement dit: il bosse quasiment toute la journée dans un congélateur.

«Je dois coordonner l'envoi de palettes qui partent aux quatre coins du monde. Elles sont transférées directement des congélateurs, où il fait -20 degrés, aux camions. À la fin de la journée, je sors souvent du travail avec les sourcils et les cils givrés.»

«Ils n'ont pas pris ma demande au sérieux»

Mais les semaines défilent et aucun réparateur ne sonne à sa porte. Matthieu passe tout le mois de novembre avec une douche sans eau chaude. «La gérance n'a pas pris ma demande au sérieux», se désole-t-il. Un soir, il demande même à utiliser la douche d'une voisine tant il souffre du froid.

Au début du mois de décembre, l'homme s'impatiente. Il relance à nouveau la gérance et le réparateur arrive... pour repartir en n'ayant pu effectuer qu'un constat. Comme solution temporaire, on branche un tuyau de rallonge avec pommeau à un robinet tout proche. Matthieu peut à nouveau se doucher à l'eau chaude, mais la situation n'est pas optimale. «Ce n'est pas pratique, puisqu'on ne peut pas fermer la porte de la douche et qu'il faut en sortir pour ajuster la température», explique-t-il.

Douze degrés dans le studio

Les contacts s'enchaînent. «Ils me connaissent, tellement j'ai eu de coups de fil avec eux», assure Matthieu. Ce n'est pas tout. Le radiateur du studio tombe en panne. La nuit, la température tombe jusqu'à 12 degrés. Là encore, la réparation tarde à venir. En urgence, il achète un petit radiateur d'appoint, mais celui-ci ne chauffe pas beaucoup.

Entre l'atmosphère de son studio et la relation (bien que commerciale) qu'il entretient avec sa gérance, difficile de dire laquelle est la plus glaciale. Devant une situation qui semble bloquée, il contacte l'Asloca, l'association suisse des locataires. À sa grande surprise, celle-ci lui explique que sa gérance n'est pas en tort (voir encadré).

L'avis de l'Asloca

L'Association suisse des locataires (Asloca), jointe par téléphone, explique à Blick qu'une résiliation hors délai ne peut avoir lieu que pour un «juste motif» et si l'objet loué est «inhabitable». Cependant, l'absence d'eau chaude n'est pas considéré comme un motif suffisant.

La gérance peut alors indemniser le locataire, par exemple en diminuant son loyer. Tous les cas sont traités au cas par cas. L'Asloca recommande de faire une demande auprès de sa gérance avec un courrier recommandé.

Si le problème ne peut pas être réglé à l'amiable, il faut ensuite s'en référer au droit du bail et faire appel à un avocat.

L'Association suisse des locataires (Asloca), jointe par téléphone, explique à Blick qu'une résiliation hors délai ne peut avoir lieu que pour un «juste motif» et si l'objet loué est «inhabitable». Cependant, l'absence d'eau chaude n'est pas considéré comme un motif suffisant.

La gérance peut alors indemniser le locataire, par exemple en diminuant son loyer. Tous les cas sont traités au cas par cas. L'Asloca recommande de faire une demande auprès de sa gérance avec un courrier recommandé.

Si le problème ne peut pas être réglé à l'amiable, il faut ensuite s'en référer au droit du bail et faire appel à un avocat.

Tensions avec la gérance

Il finit par débarquer en personne dans le bureau de la gérance et assure qu'il ne repartira pas avant d'avoir rencontré un responsable. Il finit par être reçu et il écope d'un commentaire: comment n'a-t-il pas remarqué depuis six mois qu'il n'y avait pas d'eau chaude?

Il s'explique et demande un geste sur son loyer. Le responsable n'entre pas en matière et lui répond que s'il n'est pas satisfait, il peut toujours résilier son bail. Le jeune homme, préparé, sort la lettre de résiliation de sa poche. Mais la date demandée, au 1er février, n'est pas acceptée. La prochaine? Fin septembre.

Son chauffage est réparé, mais cela ne suffit pas à calmer le jeune homme qui attend toujours l'eau chaude dans sa douche. «Je leur ai dit que je ne paierais pas mon loyer», lâche Matthieu, déterminé. Lors de la période des fêtes, tout est bloqué. Perdant patience, le jeune homme décide de contacter Blick.

«La pièce nécessaire n'est pas arrivée à cause du Covid»

Du côté de la gérance, on se défend de toute mauvaise pratique. «Nous n'avons rien à nous reprocher, indique le responsable à Blick. Après avoir constaté le problème, nous avons trouvé une solution hybride. Quant à la douche, le problème est dû à une pièce dont l'approvisionnement n'était pas possible plus tôt à cause du Covid, et qui devrait être changée tout prochainement.»

Quant au fait de ne pas entrer en matière au niveau du loyer, les choses semblent s'être également décantées, puisqu'après l'appel de Blick, la gérance a accepté de céder un mois de loyer au jeune homme.

La relation entre Matthieu et sa gérance reste glaciale, malgré l'évolution de la situation. Il veut désormais quitter le studio et trouver un meilleur endroit où vivre. «Je ne veux plus habiter ici», souffle-t-il.

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