Il a déjà été plus facile de regarder dans la boule de cristal de l'économie. D'autant plus que les prévisions pour l'année 2022 sont motivées par un grand souhait de nombreuses personnes: que la pandémie se termine enfin. Mais la situation actuelle montre que le variant Omicron ne s'en tient pas aux vœux pieux.
«Des lockdowns menacent à nouveau. En Allemagne notamment, il n'est pas improbable que l'économie soit à nouveau nettement ralentie» et cela serait également un coup de frein pour la Suisse, explique Martin Neff, 61 ans, économiste en chef du groupe Raiffeisen.
Le plus pessimiste table sur un bond de 2,5%
Martin Neff est le plus prudent des économistes interrogés par Blick. Il met en garde contre toute une série d'autres risques, comme la situation en Ukraine, les jeux de pouvoir de la Chine ou encore le risque de hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis. Malgré tout, l'expert s'attend à une poursuite de la forte reprise de l'économie suisse. Selon Raiffeisen, elle devrait croître de 2,5% l'année prochaine.
Pour Caroline Hilb, 44 ans, la reprise sera encore plus forte. La responsable de la stratégie de placement à la Banque cantonale de Saint-Gall pronostique une croissance de 2,8%. L'économie est en plein essor, malgré des revers à court terme. «La percée dans le domaine des vaccins a permis de dissocier la pandémie de l'économie», explique-t-elle. Même les pénuries de livraison ne peuvent pas vraiment freiner l'économie, estime-t-elle: «Les entreprises terminent leurs produits du mieux qu'elles peuvent, elles retardent simplement un peu les livraisons.»
Les prestataires de services en profiteront
Une fois de plus, les entreprises helvétiques sont en mesure de s'adapter, au franc fort comme aux chaînes d'approvisionnement rouillées. C'est ce qu'affirme Daniel Kalt, 52 ans, économiste en chef pour la Suisse à l'UBS. Il s'attend même à une croissance de 2,9%. La raison de cet optimisme: «Consommation de vengeance! Après les restrictions Omicron et l'épargne forcée imposée, les consommateurs se vengeront du virus et consommeront d'autant plus.»
Les prestataires de services, durement touchés par la pandémie, en profiteraient à partir du deuxième trimestre 2022: «Nous comptons maintenant sur un boom dans les secteurs de la restauration, du tourisme, de la culture et de l'éducation. Car les biens de consommation durables, comme le nouveau canapé ou le salon chic pour le jardin retapé, ont déjà été achetés l'année dernière.»
Bonnes nouvelles pour les consommateurs
Ce qui aide: la situation détendue sur le marché du travail grâce au chômage partiel et à d'autres mesures d'aide. Mais ce n'est pas tout. «La masse salariale devrait augmenter d'environ 1,5%, le renchérissement se situe autour de 1%. Ce sont de bonnes nouvelles pour les consommateurs», ajoute Martin Neff. Au final, il restera donc plus d'argent pour la consommation.
Une économie prospère en 2022: tout le monde y croit. Même le franc fort est pour l'instant davantage une bénédiction qu'une malédiction. «Cela nous permet de nous approvisionner moins cher en biens et en matières premières sur le marché mondial», explique Caroline Hilb.
On n'entend pas pour l'instant les exportateurs se plaindre de la force du franc. «Cela pourrait indiquer que les entreprises ont de bonnes possibilités de répercuter les prix plus élevés», avance l'experte. En d'autres termes, les produits suisses semblent très demandés sur le marché mondial. Presque à n'importe quel prix.
(Adaptation par Yvan Mulone)