Depuis l’échec fracassant de la loi sur CO2 le 13 juin 2021, il ne s’est pas passé grand-chose en matière de politique climatique en Suisse. C’était sans compter sur les travaux de l’Association transports et environnement (ATE) qui a planché sur deux nouvelles initiatives populaires: deux textes que Blick a pu se procurer.
Le premier projet exige une taxe sur les billets d’avion, le second vise le trafic routier: «Les nouvelles voitures de tourisme et les véhicules utilitaires légers ne devront plus émettre de CO2 à partir de 2030. Les nouveaux véhicules utilitaires lourds ne devront plus émettre de CO2 à partir de 2035», peut-on lire dans le texte provisoire de l’initiative. Ainsi, la fin des moteurs à combustion serait pratiquement inscrite dans la Constitution fédérale.
Résoudre les blocages
Contacté par Blick, le directeur de l’ATE, Anders Gautschi, confirme ces projets en cours. «Depuis le rejet de la loi sur le CO2, les mesures urgentes de politique environnementale pour les transports sont gelées. Le Parlement et l’administration sont de fait bloqués.»
L’urgence d’agir est pourtant immense: le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) constate que l’objectif de l’accord de Paris, à savoir la limitation de la hausse des températures à un degré et demi, ne peut être atteint qu’au prix d’un effort déterminé. La science exige de la rapidité, mais depuis l’été dernier, cela ne semble pas du tout être le cas. «Il faut une initiative populaire pour débloquer la situation», assure le directeur de l’ATE.
Consensus pour taxer les billets d’avion
Mais quelles sont les perspectives de ces initiatives, alors que même une loi sur le CO2 modérée, incluant une taxe sur les billets d’avion, n’a pas obtenu l’assentiment de la population? La raison pour laquelle la loi a échoué l’été dernier restera sujet de spéculation, affirme le quinquagénaire: «Le projet était peut-être surchargé. Certainement que les initiatives agricoles, sur lesquelles on votait en même temps, ont fortement mobilisé les opposants.»
Selon lui, il s’agissait d’un alignement malheureux des étoiles; dans d’autres circonstances, le projet aurait probablement été accepté. Anders Gautschi est convaincu qu’une taxe sur les voyages en avion a de très bonnes chances de passer. «À l’exception de la base de l’UDC, les partis et même la population soutiennent en grande majorité une taxe sur les billets d’avion. Voler est aujourd’hui trop bon marché, c’est le consensus politique.»
«Voler pour polluer»
On ne sait pas encore quel sera le montant de la taxe. Elle devrait se situer dans des sphères similaires à celle qui était prévue dans le cadre de la loi sur le CO2, c’est-à-dire entre 30 et 120 francs maximum.
Pour l’utilisation des fonds, l’ATE propose deux pistes: la promotion des carburants synthétiques et le développement du trafic ferroviaire international. Il n’est pas possible, dit Gautschi, que le trajet Zurich-Paris soit le plus fréquenté par les avions alors qu’il existe une variante plus respectueuse de l’environnement avec le TGV. Celui qui dit non à la taxe sur les billets d’avion ne fait qu’admettre qu’il veut «voler pour polluer».
Un échec n’est pas envisageable
Le directeur de l’ATE compare le deuxième projet d’initiative à l’introduction des catalyseurs à la fin des années 1980. «La proposition prévoit qu’à partir de 2030, plus aucun véhicule émettant encore du CO2 en fonctionnement ne soit immatriculé, les véhicules plus anciens pourraient continuer à rouler.» Un gel des immatriculations serait en outre prévu pour «certaines voitures particulières surdimensionnées.»
Ce sont donc deux initiatives légères avec lesquelles l’ATE tente d’agir. Tout en essayant de surmonter une contradiction: il faut aller vite. Perdre ces votations n'est définitivement plus une option cette fois-ci.
(Adaptation par Louise Maksimovic)