Biodiversité aquatique
L'UNIL classe les médicaments selon leur impact sur l’environnement

Une nouvelle recherche de l'UNIL classe les médicaments selon leur danger pour l'environnement aquatique. L'étude révèle que certains antidouleurs et antibiotiques largement utilisés peuvent gravement affecter la santé de la faune dans les lacs et rivières.
Publié: 01.04.2025 à 11:53 heures
L'UNIL a réalisé un classement inédit de médicaments largement utilisés en fonction de leur danger pour l'écosystème aquatique.
Photo: AFP
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ATS Agence télégraphique suisse

Des scientifiques lausannois ont classé 35 médicaments utilisés communément en Suisse en fonction de leur impact sur la biodiversité aquatique. Cette recherche vise à offrir au personnel médical un outil pour la prise en compte, lors des prescriptions, des risques environnementaux associés à certains produits thérapeutiques courants.

Évacuées via les urines, de nombreuses substances actives de médicaments se retrouvent dans les eaux usées. Elles ne sont que partiellement éliminées par les STEP et finissent dans les lacs, rivières et fleuves.

Une étude de l'UNIL

A l’Université de Lausanne (UNIL), des scientifiques de la Faculté de biologie et de médecine (FBM) et de la Faculté des géosciences et de l’environnement (FGSE) ont réalisé un classement inédit de médicaments largement utilisés en fonction de leur danger pour l’écosystème aquatique.

Publiée dans l'International Journal of Environmental Research and Public Health, cette étude révèle que des médicaments très communément prescrits en médecine générale - pour lutter contre les inflammations ou les infections par exemple - entraînent des conséquences importantes sur la santé des poissons, algues et bactéries, a indiqué l'UNIL mardi dans un communiqué.

Antidouleurs et antibiotiques

Pour cette recherche, les auteurs ont croisé trois informations: les 50 médicaments les plus vendus en Suisse (en poids), ceux pour lesquels il existe des seuils d'écotoxicité, et la concentration de ceux que l’on trouve dans les rivières vaudoises et le lac Léman sous forme de principe actif.

Parmi les médicaments les plus problématiques figurent des antidouleurs et anti-inflammatoires communs comme le diclofénac, qui est toxique pour le foie des poissons et peut entraîner leur mort. On retrouve aussi des antibiotiques comme la ciprofloxacine, qui peut éliminer des bactéries utiles à l’équilibre de l’écosystème, et favoriser l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques.

L’acide méfénamique ou le paracétamol se retrouvent pour leur part dans la catégorie où les risques pour l’environnement sont les plus faibles.

«Pas assez de données»

«Ce classement est loin d’être complet, faute de données suffisantes. Il donne cependant de premières indications pour les praticiens et praticiennes», commente Nathalie Chèvre, écotoxicologue à la FGSE et co-directrice de l’étude, citée dans le communiqué.

«Sur les quelque 2000 médicaments présents sur le marché européen, nous n’en avons classé que 35. C’est un bon début, mais il faudrait que davantage de seuils écotoxiques soient établis et acceptés pour nous permettre de poursuivre ce genre d’analyse», ajoute Tiphaine Charmillot, chercheuse à la FBM et à Unisanté et première auteure de l’article.

Du côté des STEP en Suisse, de nouveaux traitements sont en train d’être mis en place, avec des résultats prometteurs. «Ils sont cependant coûteux économiquement et écologiquement», rappelle Nathalie Chèvre. «Cela ne résout pas non plus la question des mauvais raccordements et des déversements en temps de pluie. La lutte à la source est donc toujours préférable», conclut la chercheuse.

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