Au Palais fédéral, c'est l'effervescence. Un dernier rush avant Noël pour les 246 parlementaires, qui ont encore deux semaines de Session avant la trêve hivernale. Le président de la Confédération doit notamment être élu, mercredi.
C'est déjà la mi-temps de la législature pour les parlementaires. A cette occasion, Blick a décidé de s'intéresser en particulier aux 89 petits nouveaux qui n'en sont déjà plus. Il y a deux ans, 68 nouveaux conseillers nationaux et 21 nouveaux conseillers aux États découvraient Berne (ou redécouvraient pour quelques rares revenants). Parmi eux, 22 Romands.
Comment se sont-ils comportés depuis? Notre rédaction politique a examiné à la loupe les deux premières années de travail parlementaire des néophytes. Des assidus aux bavards en passant par les stars médiatiques, l'évaluation montre celles et ceux qui se sont distingués sous la Coupole. Ou justement pas.
Les surmotivés
D'abord, il y a ceux grâce à qui l'administration fédérale n'a pas chômé. En à peine deux ans, soit huit sessions ordinaires, personne n'a déposé autant d'interventions que Christophe Clivaz. «La plupart sont des interpellations pour que le Conseil fédéral se positionne», explique le Vert valaisan, auteur de 53 (!) textes.
Le politologue et professeur actif dans le tourisme défend son pré carré, quitte à entrer dans des détails: il s'est par exemple inquiété de l'effet des souffleurs de feuilles sur la biodiversité.
Les Verts romands sont omniprésents dans les élus les plus actifs. Un constat qui a surpris notre équipe alémanique à Berne. Christophe Clivaz, en bon politologue, a une explication: en tant que parti non représenté au Conseil fédéral, ils dépendent davantage des outils à disposition (pour rappel, il existe les motions, les postulats, les interpellations et les questions).
Les invisibles
Pas tous les parlementaires peuvent se targuer d'être aussi actifs. L'Argovien Benjamin Giezendanner (UDC) et le Saint-Gallois Thomas Brunner (Vert'libéraux) n'ont déposé... qu'un objet en deux ans. Le second se défend en expliquant qu'il n'utilise les instruments qu'avec parcimonie. «Quelques interventions sont utilisées juste pour se montrer, alors que parfois des discussions constructives avec et un mail ciblé peuvent avoir davantage d'effets», explique le Saint-Gallois de 61 ans.
Benjamin Giezendanner assure de son côté également qu'il ne participe qu'aux objets parlementaires qui ont un vrai effet. Ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il ne le fait que lorsqu'il est concerné. Ainsi, le seul postulat que cet entrepreneur dans le domaine des transports a déposé concerne... la politique des transports.
Les moulins à parole
Les Verts romands n'ont pas seulement suroccupé les Services du Parlement — ils adorent également parler. Personne n'a passé davantage de temps au pupitre durant ces deux premières années de mandat que Léonore Porchet. Exportations d'armes, AVS, promotion de la culture: la Vaudoise de 32 ans s'est exprimée sur de nombreux sujets. Pas étonnant qu'elle soit spécialiste en communication dans le privé.
Le podium est 100% écologiste: le Neuchâtelois Fabien Fivaz et le Genevois Nicolas Walder suivent leur camarade vaudoise. A l'autre extrême du classement, il y a le seul député de l'Union démocratique fédérale, le Bernois Andreas Gafner. Il n'a pris la parole qu'à cinq reprises en deux ans, comme le centriste uranais Simon Stadler.
Les assidus
Mustafa Atici (PS) est l'élève-modèle au Parlement. Sur les 3000 votations qui ont eu lieu durant ces deux premières années de législatures, le Bâlois de 52 ans n'en a raté qu'une douzaine.
Chez les Romands, l'exemple est Damien Cottier. «L'assiduité est une part importante du mandat», relève le libéral-radical neuchâtelois. Il est rejoint dans son constat par Mustafa Atici. «Il est important d'écouter les autres. Pour la formation de ma propre opinion, c'est même capital.»
Les absents
Oui, non, absention? Sur les 3000 objets, la Verte Meret Schneider n'a pas pu voter à 400 reprises. La jeune Zurichoise (29 ans) n'a pas «séché» mais a rencontré des problèmes de santé, se justifie-t-elle auprès de nos collègues à Berne. «J'ai été forcée à faire l'impasse sur quelques jours de session. Mais entre-temps, je suis de nouveau sur pieds et je peux être assidue.»
Il faut relever que Meret Schneider a raté des journées où de très nombreux objets ont été débattus, ce qui a alourdi sa «facture». Elle est suivie dans ce classement peu envié par un Romand: le centriste genevois Vincent Maitre (264). L'avocat justifie ses absences par des engagements professionnels qui l'ont fait manquer deux jours de Session. Tous les autres «bleus» au Parlement ont moins de 200 absences injustifiées — cela équivaut à un taux de présence de plus de 90% lors des votes.
Les stars médiatiques
Les médias n'en ont que pour Andri Silberschmidt, relèvent nos collègues alémaniques. Le nom du Zurichois, devenu récemment vice-président du PLR Suisse, est apparu 2700 fois dans la base de données des médias (en ligne et écrits) en deux ans. Pas une surprise, puisque le politicien de 27 ans est un professionnel des médias et qu'il est déjà bien connu en politique de par sa présidence des jeunes PLR ces dernières années.
Juste derrière lui, une autre star médiatique: Tamara Funiciello, ancienne présidente de la «JuSo», la Jeunesse socialiste. Les deux politiciens en herbe sont rejoints sur le podium par Marianne Binder-Keller, présidente du Centre argovien.
Et les Romands? Pour se mettre d'accord sur le classement, il faut d'abord décider: est-ce que les revenants sont des néophytes? Si oui, alors il n'y a pas de concurrence à Pierre-Yves Maillard. Le Vaudois, de par sa présidence de l'Union syndicale suisse, est omniprésent — plus de 4000 mentions dans les médias en deux ans. La Vaudoise Jacqueline de Quattro profite aussi de sa notoriété longuement acquise (1960 mentions).
Parmi les «vrais» néophytes, on retrouve Léonore Porchet (1202), devant le centriste jurassien Charles Juillard (989) et un trio de Verts: Nicolas Walder (696), Céline Vara (664) et Sophie Michaud Gigon (637).
A l'autre extrême du classement, le Vaudois François Pointet (245 mentions) et la Genevoise Stefanie Prezioso n'ont que peu réussi à se mettre en vitrine.
Et au Conseil des États?
Traditionnellement, les sénatrices et sénateurs sont plus précautionneux avant de lancer des objets. A fortiori s'ils n'ont que peu d'expérience au «Stöckli», le surnom du Conseil des États. Pas de tour de chauffe pour Carlo Sommaruga: fort de son expérience au National (où il était déjà champion du nombre d'interventions), le Genevois a fait feu de tout bois: 23 objets en deux ans et surtout 89 débats où il a pris la parole. C'est de loin le «meilleur» score en la matière dans la Chambre des cantons, devant l'ancien conseiller d'État saint-gallois Benedikt Würth (Centre).
À l'inverse, son collègue de parti schwyzois Othmar Reichmuth a pris le mot d'ordre des États («Chambre de réflexion») un peu trop au premier degré, notent nos collègues alémaniques. Le centriste n'a pris la parole que huit fois au cours des deux dernières années et n'a déposé que deux interventions.