Beaucoup de chauffages à mazout et au gaz
Pour les citadins suisses, l'hiver sera vraiment cher

Les villes suisses ont un problème. Nulle part ailleurs, la part des chauffages au mazout et au gaz n'est aussi élevée que dans les centre-villes. Cet hiver, le climat ainsi que le portemonnaie souffriront.
Publié: 08.10.2022 à 12:41 heures
Les habitants des villes suisses vont devoir mettre la main au porte-monnaie cet hiver.
Photo: Keystone
Dorothea Vollenweider

Près de 60% des 1,8 million de bâtiments d’habitation en Suisse sont chauffés au gaz ou au mazout. Dans un contexte de pénurie d’énergie, c’est un pourcentage élevé qui risque de faire de nombreux dégâts. La concentration est la plus élevée dans les centres. Dans 71% des immeubles habités, de Saint-Gall à Genève en passant par Zurich et Berne, ce sont les combustibles fossiles qui tiennent les habitants au chaud.

Une analyse exclusive de la Banque cantonale de Zurich pour Blick montre quelles sont les villes les plus mal loties.

Les vieux bâtiments sont le problème des villes

Genève arrive en tête du top dix des pollueurs: 93% de tous les bâtiments d’habitation du canton romand ont un chauffage au mazout ou au gaz. Bienne arrive en deuxième position avec 91%. Berne et Lucerne arrivent en troisième position avec 86%.

Top 10 des villes avec la plus grande part de chauffage au gaz et mazout

VilleProportionNombre
Genève93%6872
Bienne91%6285
Berne86%13'580
Lucerne86%7138
Lausanne76%8546
Winterthur74%15'348
Zurich74%34'313
Saint-Gall73%8896
Lugano68%10'055
Bâle54%18'434

«Les villes ont un problème», explique Ursina Kubli, experte immobilière en chef à la Banque cantonale zurichoise. Les chauffages au mazout se trouvent souvent dans des bâtiments anciens. «Et c’est justement dans les villes qu’il y en a beaucoup.»

Si Genève est en tête du classement des dix villes les plus néfastes pour le climat, il y a une raison. Une nouvelle loi vise à empêcher les loyers d’augmenter encore plus. Il est également exclu de répercuter les coûts d’entretien, d’assainissement et de rénovation sur les locataires.

Mais cette réglementation a pour conséquence que les propriétaires n’investissent pratiquement plus dans les rénovations. La qualité des bâtiments en est la première victime.

Bâle est exemplaire

Bâle est la ville la mieux placée avec une part de 54% de chauffages au gaz et au mazout. En effet, la ville dispose d’un réseau de chauffage urbain bien développé.

Zurich, Bâle et Berne sont les villes suisses où les ménages se chauffent le plus au gaz. «En ce qui concerne les chauffages au gaz, il faut être juste et dire que jusqu’en 2016 au moins, le gaz était un mode de chauffage bon marché», explique Ursina Kubli. Les régions fortement peuplées se prêtaient justement bien à un réseau de gaz.

L’approvisionnement en gaz est menacé

Mais il n’y a plus de doute, les deux combustibles fossiles nuisent considérablement au climat. Et depuis le début de la guerre en Ukraine, ils sont également devenus hors de prix. Le coût du gaz a grimpé en flèche, et celui du pétrole fluctue fortement à un niveau élevé.

Et pour ceux qui se chauffent actuellement au gaz, il faut craindre, pour cet hiver, non seulement une hausse des coûts, mais aussi une pénurie. Le président russe Vladimir Poutine ne cesse de mettre à l’ordre du jour l’arrêt de livraison de gaz.

Les bas salaires les plus touchés

Ceux qui vivent modestement paient désormais le prix fort. «L’augmentation des frais annexes pour le chauffage touche particulièrement le segment locatif inférieur», explique Ursina Kubli. En effet, les chauffages fossiles atteignent une part de 81% pour les 25% de logements les moins chers.

De plus, ces logements sont généralement moins bien isolés. Cela signifie qu’il y a beaucoup de pertes de chaleur. Il faut donc chauffer d’autant plus.

Qui est touché par les coûts élevés de l’électricité?

Les pompes à chaleur sont une bonne alternative écologique. Toutefois, ce mode de chauffage coûtera lui aussi plus cher cet hiver, puisque l'augmentation du prix de l'électricité se fera sentir à partir de 2023. L’ampleur de la hausse varie d’une commune à l’autre.

Dans les villes, les pompes à chaleur sont surtout présentes dans les nouveaux bâtiments et dans le segment locatif onéreux. C’est dans les 25% de logements locatifs les plus chers que la part des pompes à chaleur est la plus élevée (20%). Dans les villes, la hausse du prix de l’électricité touche essentiellement les habitants des appartements de luxe.

Les citadins zurichois équipés de pompes à chaleur ont néanmoins de la chance. Pour eux, le kilowattheure d’électricité coûte 22,39 centimes – c’est à peine plus qu’avant. La situation est différente à Berne, Bienne et Bâle. Dans ces villes, le kilowattheure d’électricité coûtera plus de 30 centimes à partir de 2023, ce qui est supérieur à la moyenne suisse de 27 centimes.

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