La semaine dernière, le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) avait déjà dû transférer plusieurs patients Covid vers d’autres hôpitaux du canton, ayant atteint les limites de son unité de soins intensifs. À présent, son unité affiche de nouveau complet.
Le service sanitaire coordonné de la Confédération (SCC, rattaché à l’Armée) confirme que la situation est similaire dans plusieurs cantons; les lits dans les services de soins intensifs manquent. Rudolf Hauri, le médecin cantonal de Zoug, tire la sonnette d’alarme: «Il ne s’agit pas seulement de cas isolés».
L’hôpital universitaire de Bâle a déjà entamé des procédures de report des opérations pour faire de la place. A l’hôpital cantonal de Saint-Gall, les opérations non urgentes pourront toujours être effectuées, mais aucune nouvelle intervention ne sera planifiée pour le moment, a déclaré le directeur de la santé de Saint-Gall, Bruno Damann, dans une interview à Blick il y a quelques jours. Pour rappel, la pandémie a déjà contraint le report de quelque 30’000 opérations l’année dernière, dont beaucoup n’ont pas encore été reprogrammées.
30 fois plus d’hospitalisations depuis le début du mois de juillet
La quatrième vague est bel et bien arrivée en Suisse, elle met déjà les hôpitaux du pays sous pression. Selon les statistiques fédérales publiées lundi, 215 patients Covid sont traités dans des unités de soins intensifs suisses, c’est-à-dire que 77% des lits sont occupé. Et la tendance est à la hausse.
«La situation est tendue, l’évolution inquiétante», a déclaré mardi aux médias Patrick Mathys, de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Depuis le début du mois de juillet, le nombre d’hospitalisations de patients Covid a été multiplié par trente. «L’automne dernier, les hôpitaux étaient à leur limite», a ajouté Urs Karrer, vice-président de la Task Force scientifique de la Confédération pour le coronavirus. «Nous ne sommes pas si loin de cette situation – et l’automne est à nos portes», ajoute-t-il.
«Une épidémie des non vaccinées»
Cette évolution s’explique en partie par les retours des vacanciers en Suisse, qui ramènent le virus avec eux. Ils représentent environ 40% des patients hospitalisés, dont la plupart reviennent d’Europe du Sud-Est.
Une autre explication: neuf patients sur dix atteint par un covid grave ne sont pas vaccinées. «Cette situation est particulièrement frustrante pour le personnel hospitalier, qui est lourdement sollicité», commente Urs Karrer. «Nous assistons à une épidémie de personnes non vaccinées».
La situation est similaire à la celle d’il y a un an, à quelques exceptions près. «La vague a lieu deux mois plus tôt, et les patients sont beaucoup plus jeunes.» La majorité des patients sont dans la catégorie des 40 à 59 ans, suivies de près par ceux de la catégorie des 20 à 39 ans. «Cela devrait nous secouer», s’exclame Urs Karrer.
On pourrait atteindre un pic similaire à celui de la deuxième vague dans un mois à peine – ou pire, affirme Patrick Mathys.
De nouvelles mesures bientôt en discussion
Il ne reste plus beaucoup de temps, selon les experts de la Confédération, la Suisse doit se préparer dès maintenant pour éviter le pire des scénarios. Dès la fin du mois de septembre, les vacances d’automne commenceront dans de nombreux cantons. Des dizaines de milliers de personnes rentreront alors de leurs vacances, ramenant potentiellement le virus comme souvenirs.
L’OFSP a déjà indiqué que des mesures supplémentaires pourraient bientôt être en discussion. Lukas Engelberger, président de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé, a récemment demandé la réintroduction de la quarantaine d’entrée. Plusieurs cantons insistent également pour que la Confédération étende le champ d’application du certificat Covid.
Berset envisage l’extension du certificat
Les cantons demandent que des décisions claires soient prises au niveau fédéral pour éviter la confusion de l’automne dernier. Cela semble avoir été porté aux oreilles du Conseil fédéral. Selon les informations du Blick, il est prévu de mettre définitivement fin à la gratuité des tests à partir d’octobre. De plus, le ministre de la santé Alain Berset envisage de lancer une consultation sur l’extension du certificat dans les cantons.
Le président de Gastrosuisse, Casimir Platzer, a annoncé une conférence de presse aujourd’hui. Il oppose fermement l’obligation du certificat Covid dans les restaurants.