La Suisse a posé très tôt les jalons pour l'accueil des réfugiés avec le statut de protection S et a impliqué très tôt les acteurs importants, a indiqué Karin Keller-Sutter dans une interview publiée samedi dans le Tages-Anzeiger. Et d'ajouter qu'avec le fédéralisme, la Suisse est «comme une machine de Tinguely»: il faut du temps pour qu'elle démarre, mais une fois qu'elle s'est mise en marche, elle fonctionne.
De nouvelles questions se posent toutefois chaque jour, à quoi s'ajoute le fait que l'on ne sait pas combien de personnes viendront encore, poursuit la ministre. La Russie détruit sciemment des structures civiles afin d'anéantir les bases de vie des gens. Poutine veut déstabiliser l'Europe avec les réfugiés, souligne-t-elle, en notant qu'il s'agit d'une guerre hybride.
Planification à long terme
Selon Karin Keller-Sutter, il faut également une planification à long terme. «Si les personnes en fuite ont besoin d'une protection plus longue chez nous, nous devrons certainement chercher d'autres hébergements pour une partie des personnes hébergées chez des privés», explique la conseillère fédérale. Elle précise que cela relève de la responsabilité des cantons et des communes.
La ministre de la justice veut nommer prochainement une personne chargée de développer des scénarios stratégiques à moyen et long terme.
Les réfugiées souhaitent rentrer dès que possible
Les personnes qui ont fui en Suisse, pour la plupart des femmes avec enfants qui ont dû laisser leur mari derrière elles, ne se considèrent toutefois pas comme des réfugiés qui veulent rester en Suisse. Elles souhaitent rentrer le plus rapidement possible, note la St-Galloise.
Un avis partagé par la directrice du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). «Le 30 mars, j'étais à Chiasso: toutes les Ukrainiennes rencontrées m'ont confié qu'elles ne voulaient pas être à la charge de la société et qu'elles désiraient rentrer chez elles le plus vite possible», indique Christine Schrener Burgener dans une interview au Temps.
En attendant, ces femmes, souvent très qualifiées doivent pouvoir travailler et pour cela il faut régler le problème des crèches, ajoute-t-elle. Interrogée si elle craignait, au vu du manque de places actuelles, que des parents suisses se sentent désavantagés, la fonctionnaire répond que c'est dans l'intérêt de tout le monde que les enfants soient pris en charge afin que les femmes qui sont venues seules puissent travailler.
Asile pour les opposants à Poutine
Christine Schraner Burgener rappelle que les opposants russes au régime de Vladimir Poutine peuvent également demander l'asile en Suisse. Cette année, la Suisse a reçu jusqu'à présent environ 40 demandes d'asile émanant de Russes, l'an passé 77, précise-t-elle.
Près de 22'000 réfugiés ukrainiens ont été enregistrés en Suisse jusqu'à présent. Les centres d'asile fédéraux atteignent leurs limites en matière d'hébergement. Des salles de gymnastique appartenant à l'armée seront ouvertes dans les prochains jours pour les seconder.
Actuellement, 9000 places sont disponibles dans les centres d'asile fédéraux, mais avec l'extension des possibilités, ce chiffre devrait passer à 12'000 dans les semaines à venir. Dans un premier temps, deux salles militaires seront ouvertes à Thoune (BE) et à Chamblon (VD).
(ATS)