Au lieu d'économiser
La SSR a dépensé 50 millions de trop en 2021

La SSR voulait économiser 50 millions de francs d'ici 2024, mais elle a dépensé 50 millions en trop rien que pour 2021, comme le révèlent les comptes. Le service public explique ce surcoût par le report d'événements sportifs et l'augmentation des coûts de production.
Publié: 22.04.2022 à 06:33 heures
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Dernière mise à jour: 22.04.2022 à 10:58 heures
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Le chroniqueur de la «Weltwoche» Kurt W. Zimmermann s'en prend à la SSR dans le dernier numéro.
Photo: Keystone
Peter Padrutt, Jean-Claude Galli, Gianna Blum

En septembre 2020, la SSR a annoncé une série d’économies massives de 50 millions de francs, après avoir vu ses recettes commerciales baisser de près de 100 millions depuis 2017. Entre 2018 et 2020, l’entreprise de médias publique a réussi à s’amincir de 100 millions de francs, mais un nouvel ajustement s’imposait. Le directeur de la SSR Gilles Marchand a annoncé que près de 250 postes à temps plein devaient être supprimés. Le paquet de réduction des coûts devrait être terminé d’ici 2024 et permettre d’économiser 50 millions de plus.

Or, un extrait du rapport annuel de la SSR montre que les dépenses ont explosé. Les coûts d’exploitation ont augmenté de 50 millions l’année dernière, passant de 1,46 à 1,51 milliard de francs. Les économies sur le personnel n’ont été que modérées: 13 millions de francs, soit une baisse d’exactement 1,6%. Ces informations sont révélées par la «Weltwoche». Le journal hebdomadaire tenu par le conseiller national UDC Roger Köppel dénonce le manque de zèle des tronçonneurs du budget de la SSR. «La fluctuation normale à la SSR est d’un peu plus de 6% La direction n’a donc rien fait d’autre que de ne pas repourvoir un poste sur quatre devenu vacant en interne», écrit l’auteur du texte, Kurt W. Zimmermann. Dans un tel contexte, il est d’autant plus maladroit que les cadres de la SSR se fassent désormais verser leur bonus de performance variable sous forme de salaire fixe.

La SSR affirme à Blick que le programme de réduction des coûts, qui a été lancé comme prévu en 2020, continue d’être mis en œuvre. «Les charges totales déclarées en 2021 ont toutefois augmenté par rapport à 2020, notamment en raison de l’organisation de grands événements sportifs et de restrictions liées au Covid dans la production d’émissions», explique la porte-parole de la SSR Lauranne Peman. Concrètement, elle fait surtout référence aux Jeux olympiques et au championnat d’Europe de football.

La SSR argumente avec des événements sportifs et davantage de productions

En outre, les dépenses pour les coûts de production ont augmenté de plus de 40 millions de francs. Enfin, des émissions de divertissement suspendues auraient également été reprises l’an dernier.

Les dépenses souvent évoquées pour remédier aux problèmes techniques – on parle de 400'000 francs par mois – ne sont pas des coûts supplémentaires selon la SSR. «Il s’agit de frais de personnel des collaborateurs permanents de la SRF. Des moyens supplémentaires ne sont donc pas nécessaires, mais d’autres projets sont mis de côté».

La SSR réfute catégoriquement l’idée que les coûts «crèvent le plafond» malgré les annonces d’économies, comme l’écrit la «Weltwoche».

D’une manière générale, on invoque le fait que 2021 a été une année absolument exceptionnelle du point de vue comptable et que l’on a encore jusqu’en 2024 pour mettre en œuvre l’objectif d’économie.

Le comité d’initiative se sent confirmé

Sur le plan politique, la SSR a tout intérêt à faire attention. La collecte de signatures pour une initiative qui vise à plafonner la redevance SSR à 200 francs est dans les starting-blocks. Le comité d’initiative bourgeois se sent désormais confirmé. «Il ne faut pas s’étonner que la SSR épuise les moyens disponibles», déclare Gregor Rutz, conseiller national UDC et coprésident du comité d’initiative. Il perçoit des signaux contradictoires de la part des politiques. Il s’agirait à présent de «limiter d’urgence le mandat de la SSR afin qu’elle ne se concentre que sur le service public». Même son de cloche chez le président de l’Union des arts et métiers Hans-Ulrich Bigler, également membre du comité d’initiative: «Je m’interroge sur le fait que la SSR tienne ses promesses».

Gregor Rutz ne croit guère à la justification des coûts plus élevés par l’année exceptionnelle 2021. «Un programme d’économies implique que les dépenses plus élevées dans un domaine soient compensées par des restrictions dans un autre, dit-il. Le fait que cela n’ait manifestement pas été fait est préoccupant du point de vue de la gestion d’entreprise».

Roger De Weck vs. Gilles Marchand

L’expert en médias de la «Weltwoche» Kurt Zimmermann abonde dans le même sens. «Même un étudiant en économie de première année remarque qu’il n’est pas optimal de devoir économiser 50 millions sur quatre ans et de dépenser 50 millions de plus dès la première année», dit-il à Blick. Il estime à propos de Gilles Marchand, qui est responsable du budget de la SSR: «On a depuis longtemps l’impression que son prédécesseur Roger de Weck a été un gestionnaire des coûts plus efficace que lui».

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