Le comité du oui à l'initiative sur le tabac n'aura pas résisté à se moquer de leurs opposants politiques: dans leur «stamm», d'où ils ont suivi les votations de ce dimanche, ils ont servi du cervelas, en référence aux affiches des opposants. Celles-ci suggéraient que l'interdiction de la publicité pour le tabac, objectif principal de l'initiative, mènerait à d'autres interdictions qui pourraient viser l'industrie de la viande. Exemple proéminent et visuel: la fameuse saucisse suisse.
L'argument de la tactique du salami (et non du cervelas) n'aura pas convaincu. Quinze cantons et 56% de la population ont plébiscité l'interdiction de la publicité pour le tabac lorsqu'elle touche les jeunes.
Si les vendeurs de saucisses et de sucreries peuvent à priori dormir sur leurs deux oreilles, l'industrie du tabac ne pourra sommeiller que d'un œil: les lobbies anti-tabac préparent une nouvelle salve. Prochain objectif: s'attaquer aux cigarettes électroniques.
Des prix de cigarettes plus élevés sont demandés
«Nous allons profiter de la discussion pour thématiser une augmentation générale de l'impôt sur le tabac», annonce Bruno Meili, président de l'Association suisse pour la prévention du tabagisme pour la consultation en cours. L'argument est que la protection de la jeunesse la plus forte passe par le porte-monnaie. La Croix-Bleue a lancé la même demande dimanche.
«Il faut trouver un système qui taxe la nocivité et le risque de dépendance», déclare encore Bruno Meili. Le prix des produits électroniques doit être légèrement inférieur à celui des cigarettes normales, mais ne sera possible, selon lui, que si ces dernières deviennent plus chères.
Les e-cigs doivent entraîner une dépendance à la nicotine
La conseillère nationale PS Flavia Wasserfallen se montre ouverte à cette idée. «Les e-cigarettes sont devenues depuis longtemps un produit d'initiation à la dépendance à la nicotine», affirme-t-elle. Ils devraient donc être taxés de la même manière que les cigarettes normales. «C'est dans ce cadre qu'une discussion fondamentale sur l'imposition des cigarettes est de mise.»
Aucune proposition concrète n'a encore été faite sur le prix des cigarettes. De plus, la revendication n'a pas vraiment pris parmi les parlementaires qui ont rejoint le comité d'initiative, ni parmi les organisations impliquées. «Les prix des cigarettes et des e-cigarettes ne peuvent pas être contrôlés uniquement par le biais de taxes», fait remarquer Philippe Luchsinger, président des médecins de famille. «L'industrie du tabac adaptera ses marges en conséquence». Selon lui, l'accent doit d'abord être mis sur la mise en œuvre de l'initiative.
Une exigence à laquelle souscrit également Flavia Wasserfallen. Car c'est justement sur Internet que la limitation de la publicité de manière à ce qu'elle n'atteigne pas les jeunes devrait constituer un défi. La mise en place d'un monitoring efficace s'impose, «afin de pouvoir contrôler si l'industrie du tabac respecte les directives».
(Adaptation par Jocelyn Daloz)