Alors que l'Allemagne veut interdire «l'espion de Pékin»
La Suisse n'a pas encore peur de Huawei

Après les États-Unis et le Canada, c'est au tour de l'Allemagne de vouloir interdire Huawei. L'Occident soupçonne le géant chinois des télécommunications d'être un espion de Pékin. Mais la Suisse mise entièrement sur Huawei.
Publié: 09.03.2023 à 15:45 heures
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Dernière mise à jour: 10.03.2023 à 12:08 heures
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Le chinois Huawei est sous le feu des critiques.
Photo: Getty Images
Nicola Imfeld

Huawei est l'espion de Pékin! C'est la conviction des États-Unis. Ils ont banni le géant chinois des télécommunications du pays il y a plusieurs années déjà. Depuis, les Américains font pression sur leurs partenaires occidentaux pour qu'ils fassent de même. Le Canada a suivi au printemps 2022, tandis que l'Europe s'est montrée ferme et a accordé plus d'importance aux intérêts économiques qu'à la protection des informations – jusqu'à présent.

Car le gouvernement allemand prévoit de limiter l'utilisation de la technologie chinoise dans les réseaux de téléphonie mobile du pays, comme l'a annoncé cette semaine le «Handelsblatt». Cela signifie que Deutsche Telekom, Vodafone et Telefónica devront retirer les composants Huawei déjà installés de leurs équipements qui font partie de l'infrastructure critique.

Ces derniers sont nombreux: on estime que 60% des composants installés dans le réseau allemand proviennent de l'entreprise chinoise. Les firmes de télécommunication devront supporter elles-mêmes les coûts, qui se chiffrent en milliards.

La Suisse mise sur Huawei

En Suisse aussi, Huawei joue un rôle important en tant que fournisseur dans le développement des réseaux 5G. L'entreprise chinoise est à la pointe de la technologie 5G. Aussi bien Sunrise que Salt et Swisscom utilisent donc des composants de Huawei. Les opérateurs télécoms le confirment à Blick.

«Sunrise partage l'évaluation faite jusqu'à présent par les autorités fédérales, selon laquelle Huawei ne doit pas être exclu de la mise en place de l'infrastructure 5G, car le sujet fait en premier lieu partie de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, fait savoir un porte-parole. La loi suisse sur les télécommunications oblige les opérateurs de télécommunications à sécuriser leurs réseaux. Il va de soi que Sunrise respecte toutes les dispositions légales.»

Le renseignement suisse ne se mouille pas

En fait, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) évalue la situation encore différemment des États-Unis. Les Américains n'auraient jamais présenté de preuves de leurs allégations d'espionnage, dit-on à Berne.

Dans ses rapports annuels de situation, le SRC thématise régulièrement depuis des années la rivalité entre les États-Unis et la Chine, parle d'un «fossé grandissant» entre l'Occident libéral et le capitalisme d'État autoritaire. Son constat: «La Suisse pourrait être contrainte à l'avenir de se limiter à l'un de ces espaces normatifs.»

«L'horizon temporel exact de ce scénario potentiel est difficile à évaluer, raison pour laquelle le SRC ne donne pas d'indications plus précises», indique la porte-parole du SRC Sonja Margelist, interrogée par Blick. Le service de renseignement de la Confédération ne veut pas non plus s'exprimer sur un éventuel danger émanant de Huawei.

La Confédération ne peut pas interdire Huawei

Pour l'instant, le Conseil fédéral n'aurait pas grand-chose à dire sur la question. Contrairement à l'Allemagne, la Confédération n'a pas de compétences juridiques lui permettant d'influencer les achats d'équipement des opérateurs de réseau.

En d'autres termes, si une entreprise privée comme Sunrise souhaite utiliser des composants 5G de Huawei, la Confédération ne peut – par principe – pas l'interdire.

Les efforts politiques pour changer cela sont restés sans résultat jusqu'à présent. Notamment ceux du PS, qui demandait il y a un an au Conseil fédéral de s'abstenir d'utiliser les technologies de l'information et de la communication d'entreprises contrôlées par des États autoritaires.

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