Alois Zwinggi sur le WEF 2022
«Il est encore trop tôt pour parler de paix en Ukraine»

À un jour du début du World Economic Forum (WEF) de Davos, Alois Zwinggi, son directeur exécutif, revient sur cette édition extraordinaire et sur l'annulation des invitations aux personnalités russes. Interview.
Publié: 21.05.2022 à 08:01 heures
La réunion annuelle du World Economic Forum démarre dimanche 22 mai à Davos (GR), comme toujours sous haute protection.
Photo: keystone-sda.ch
Christian Kolbe

Blick: Un WEF en mai, c’est particulier. Y a-t-il eu des résistances à Davos contre cette date inhabituelle?
Alois Zwinggi:
Non, la date a été bien accueillie. Le tourisme de congrès a beaucoup souffert du Covid, c’est pourquoi les Davosiens sont très heureux que nous soyons de retour. Nous sentons un grand soutien de la part de l’hôtellerie, de la parahôtellerie, de la gastronomie, ainsi que de la commune.

Le WEF se déroule pour la première fois au début de l’été, qu’est-ce que cela change?
Nous allons nous laisser surprendre par ce qui sera différent. Nous n’aurons certainement pas à faire face à des chutes de neige, mais peut-être à un sol trempé. Les constructions temporaires mises en place pour cette édition se trouvent sur un terrain qui a dégelé au printemps. Nous espérons que le temps sera clément pour que la rencontre annuelle ne s’enlise pas dans la boue.

94’000 francs pour un appartement de vacances: la semaine du WEF à Davos est également connue pour ses prix excessifs. La situation s’est-elle améliorée?
Les prix qui nous sont proposés se situent désormais dans une fourchette plus raisonnable. Nous avons trouvé un bon terrain de négociation avec les propriétaires d’hôtels et d’appartements de vacances. La question était plutôt de savoir si nous aurions suffisamment de chambres, étant donné que de nombreux hôtels sont normalement fermés pendant l’intersaison.

Et la réponse est…?
… Oui! Certains hôtels ont ouvert spécialement pour la semaine du congrès. C’est un effort important, car ils doivent recruter du personnel supplémentaire pour pouvoir accueillir tous les clients. D’un autre côté, cette semaine est, pour eux, une source de revenus supplémentaires bienvenue.

La pandémie de Covid-19 est presque de l’histoire ancienne. Quelles sont les mesures sanitaires prévues pour la période du WEF?
Nous avons un concept de protection très strict: tous les participants doivent être vaccinés et se faire tester avant leur départ et à leur arrivée. En outre, nous recommandons à tous de porter un masque. Le variant Omicron continue de se propager dans le monde entier. Nous avons pratiquement repris tel quel le concept de protection prévu pour l’édition annulée de janvier dernier.

Que se passera-t-il en cas d’une nouvelle augmentation des cas – le WEF pourrait-il être interrompu?
Non, nous respectons les règles en vigueur en Suisse. Grâce au concept de protection, nous ne nous attendons pas à devenir un foyer d’infection de grande ampleur. Lors de tests, les cas positifs devront s’isoler. Ceux-ci n’auront pas le droit de pénétrer dans le centre de congrès.

De nos jours, il est facile de communiquer par écrans interposés. Est-il encore utile de se retrouver en chair et en os à Davos?
De nombreux participants ont exprimé le souhait explicite de se rencontrer à nouveau en personne. Les vidéoconférences sont utiles pour l’échange d’informations, mais elles ne permettent pas de nouer des relations ou de les entretenir.

Le forum a désinvité toutes les personnalités russes. Cette décision a-t-elle été controversée?
Non, cela s’est décidé très vite. Nous sommes confrontés à une guerre d’agression en Europe, c’est un tournant important. Pour nous, cela a tout de suite été clair: nous sommes solidaires de l’Ukraine. Avec des bureaux en Suisse et aux États-Unis, le WEF doit se conformer aux sanctions internationales. C’est pourquoi nous avons rompu toutes nos relations avec nos contacts russes, qu’ils soient économiques ou politiques.

Le forum se présente pourtant comme une plate-forme de dialogue. Pourquoi pas dans ce cas?
Nous devons être réalistes. La Russie est un agresseur. Il est malheureusement trop tôt pour parler de reconstruction et de paix.

La guerre en Ukraine est-elle un des principaux thèmes de cette édition?
Le conflit est certainement au centre des préoccupations. Il a une influence sur de nombreux domaines, comme l’approvisionnement en énergie ou en denrées alimentaires. Le renchérissement s’accélère déjà depuis que la pandémie s’est calmée, la guerre fait flamber les prix. Les chaînes d’approvisionnement sont interrompues, les matières premières ne sont plus disponibles. Nous allons également nous concentrer sur la façon dont l’aide humanitaire peut être apportée.

Le changement climatique n’est plus d’actualité?
Nous devons remettre ce thème à l’ordre du jour. Quelque 50 gouvernements et 800 entreprises internationales sont présents à Davos. De plus, il y a de nombreux représentants des organisations non gouvernementales. Nous devons tout simplement saisir cette chance de faire avancer la lutte contre le changement climatique.

Combien de visiteurs attendez-vous en comparaison aux éditions précédentes?
Avec plus de 2000 inscriptions, nous avons environ 20 à 25% de participants en moins que les années précédentes. Il y a plusieurs explications à cela. En raison des mesures de lutte contre le Covid-19 en Chine, aucun manager chinois ne fait le déplacement. De plus, la concurrence avec d’autres manifestations est plus forte en mai. De nombreuses entreprises souhaitent à nouveau organiser leurs assemblées générales en personne.

La prochaine édition du WEF aura-t-elle à nouveau lieu en janvier?
Oui, nous la planifions déjà pour janvier 2023. C’est un choix stratégique, car il s’agit de discuter des thèmes de l’année à venir. De plus, le décor de Davos est d’une beauté inégalable en hiver avec la neige.


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