Que ce soit pour un mariage, un anniversaire ou une kermesse, les ballons à hélium font la joie des petits et des grands. Mais depuis quelque temps, les marchands de jouets et les organisateurs de bals ont du mal à se procurer le gaz qu'ils contiennent. Une enquête le confirme: l'hélium se fait de plus en plus rare.
L'entreprise familiale Ballon-Express, à Zurich, ne remplit actuellement plus d'hélium les ballons que les clients apportent eux-mêmes. «Nous avons besoin d'hélium pour nos propres produits et commandes», explique la patronne Evelyne Schacher à Blick. Elle a déjà dû augmenter les prix d'environ 10%.
Ballon-Express a donc élargi son assortiment en vendant davantage d'articles de fête et de cadeaux. «Dans le pire des cas, notre affaire familiale devra fermer», s'inquiète Evelyne Schacher.
«Nous ne recevons que très peu d'hélium, voire plus du tout», déclare également à Blick Stefan Kühne, directeur de Bonacker Ballonversand, entreprise basée dans le canton de Saint-Gall. Outre les articles de fête, l'enseigne s'est spécialisée dans le commerce des ballons et des bouteilles d'hélium.
«Nous avons déjà dû annuler de grosses commandes parce que nous n'avions pas assez d'hélium à disposition», poursuit le patron. L'entreprise de vente par correspondance a aussi déjà augmenté les prix des bouteilles d'hélium d'environ 15%.
Franz Carl Weber augmente ses prix
Outre les entreprises familiales, les grandes chaînes de magasins doivent pareillement serrer la vis. Chez le vendeur de jouets Franz Carl Weber (FCW), la «Balloon Machine», qui permet de remplir soi-même 30 ballons d'hélium à la maison pour l'anniversaire d'un enfant, coûte 10% de plus depuis octobre. Et chez le concurrent Spielkiste, basé principalement en Suisse alémanique, les prix des machines à hélium pour la maison ont également augmenté d'un cinquième.
Les deux distributeurs de jouets n'ont pas encore dû augmenter les prix des ballons en plastique qui sont gonflés sur place dans le magasin. Mais selon Patrick Lutz, chef et propriétaire de Spielkiste Schweiz, cela pourrait encore venir. «Nous n'avons encore jamais vu de telles fluctuations de prix, s'étonne-t-il. Nous devons régulièrement revoir nos prix.»
Franz Carl Weber n'a plus autant de bouteilles d'hélium en stock que d'habitude. «Si plusieurs bouteilles sont vides en même temps, il peut arriver que nous ne puissions pas gonfler de ballons dans une filiale pendant une à deux semaines», explique Roger Bühler, le directeur.
La raison de cette pénurie? La guerre en Ukraine. L'usine de traitement du gaz d'Amur, située à l'est de la Russie, pourrait couvrir environ un tiers des besoins mondiaux en hélium. Mais celle-ci était déjà à l'arrêt avant le début de la guerre - en raison d'une explosion. Jusqu'à présent, elle n'a pas été réparée. Et même si la Russie pouvait à nouveau produire de l'hélium, il ne pourrait guère être exporté vers l'Europe en raison des sanctions. L'Algérie, un autre pays exportateur important, expédie également moins ce gaz depuis le début de la guerre.
Les hôpitaux sont prioritaires
Pangas, un fournisseur de gaz techniques et médicaux en Suisse, doit donner la priorité à certaines de ses livraisons en raison de la pénurie. «Nous aussi, nous disposons de 20 à 30% d'hélium en moins», explique le directeur des ventes Marc Weidmann à Blick. À plus long terme, les marchands de jouets sont perdants, car les produits médicaux pour les hôpitaux sont prioritaires pour les gaz industriels comme l'hélium.
La société de conseil Kornbluth Helium Consulting, basée aux Etats-Unis, estime que la situation de pénurie devrait durer encore au moins six à neuf mois. Toutefois, il ne faut pas encore craindre l'absence des ballons lors des fêtes foraines, selon Peter Howald, président de l'Association suisse des forains. Si ses collègues allemands ont augmenté les prix des ballons, en Suisse, ce n'est pas encore le cas.