À Berne et peut-être ailleurs
Les paquets devant la porte, c'est fini

Si les plans de la ville de Berne se concrétisent, les colis devant la porte, ce sera fini. Les habitants de la capitale seront contraints de se rendre à l'office de poste s'ils veulent recevoir leurs paquets, même en télétravail. Les autres villes suivront-elles?
Publié: 16.11.2022 à 10:20 heures
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Dernière mise à jour: 16.11.2022 à 10:21 heures
La Ville de Berne aimerait stopper les livraisons à domicile, a appris Blick.
Photo: imago images/Geisser
Pascal Tischhauser

Avec la pandémie et le télétravail, les livraisons à domicile ont explosé. En 2019, la ville de Berne comptait environ 20'000 colis par jour. Il pourrait y en avoir trois fois plus d'ici à 2040, selon les prévisions. De quoi mettre sous pression les autorités communales.

Régulièrement, celles-ci organisent des tables rondes avec les parties prenantes sur le «transport de marchandises». C'est dans ce cadre-là que, selon des documents que Blick a pu se procurer, la fin de la livraison des paquets à domicile est évoquée.

Le gouvernement rose-vert de la capitale est irrité par le trafic que génère l'afflux de colis. Le ballet incessant des camionnettes de DPD, DHL ou de la Poste pourrait à terme provoquer des bouchons dans la ville de Berne, entre la fameuse Zytglogge et la fosse aux Ours.

La pandémie a dopé le commerce de la livraison.
Photo: Keystone

Bien, mais comment faire désormais? La capitale envisage d'installer plusieurs stations de réception de colis, répartis dans la ville. C'est là que la Poste et consorts seraient invités à l'avenir à décharger leur colis. Monsieur Meier ou Madame Berger devraient alors se déplacer pour aller réceptionner leur livraison de Zalando ou de Nespresso.

Un aller-retour en voiture pour aller à la station de distribution des colis? En plus de ne pas vraiment résoudre les soucis d'embouteillages, ce n'est pas vraiment le nirvana écologique... Même si, en ville de Berne, nombreux sont ceux qui ont troqué le véhicule à moteur contre le vélo, difficile d'aller chercher un paquet encombrant sur sa petite reine...

«Améliorer la qualité de vie»

Interrogée par Blick, la Ville de Berne confirme les discussions. «Desservir des points centraux serait plus économique et plus écologique, surtout dans des quartiers urbains assez denses, plutôt que d'aller livrer chez chaque personne individuellement», explique le porte-parole, Michael Sahli.

Les stations de distribution de colis permettraient de réduire le trafic et de «renforcer la qualité de vie des habitants», de même que leur sentiment de sécurité. C'est aussi intéressant pour les entreprises de logistique, car elles n'auraient plus à faire de livraisons individuelles.

Dans le centre historique de Berne, les camionnettes de livraison gênent les piétons.
Photo: Zamir Loshi

Mais le dossier dépasse largement la seule commune de Berne. Car la suppression de la distribution à domicile constituerait une atteinte au mandat de service universel de la Poste, qui est inscrit dans la loi. Les autorités municipales sont tout à fait conscientes qu'un tel changement nécessitera une adaptation du cadre légal.

Un dossier pour le Parlement

Dans ce contexte, il est délicat que le géant jaune soit assis autour de la table à l'étape des négociations. Mais l'évolution de la loi ne se décidera ni au niveau de la commune de Berne, ni avec la Poste: c'est une loi fédérale, et il faut donc se tourner vers... le Palais fédéral.

Qu'en pense la Poste, d'ailleurs? Interrogée, l'entreprise souligne qu'elle «apprécie beaucoup le contact direct avec les clients et ne veut pas supprimer l'obligation de livraison à domicile». Le constat est aussi valable pour les facteurs et factrices. Mais le géant jaune admet que des «discussions sur l'avenir» sont en cours à plusieurs niveaux.

Les colis ont remplacé les lettres: désormais, les factrices et facteurs sont de plus en plus des livreurs.
Photo: Keystone

Car ce qui est une réalité à Berne l'est aussi à Zurich. Des médias alémaniques comme le «Tages-Anzeiger» ou la «NZZ» ont récemment beaucoup parlé des «Salü-Boxes», un projet-pilote de stations de livraison. Tiens, tiens. Mais, à Zurich, personne n'avait parlé de dire adieu à la livraison à domicile, pas remplacé par ces boîtes communes.

Une interdiction de circuler?

A Berne, l'introduction des stations de distribution de colis pourrait coïncider avec des mesures encore plus drastiques. Selon les documents que Blick a pu consulter, il est même question d'une «interdiction de circuler dans certains quartiers». De quoi irriter potentiellement les riverains: non seulement ils devront aller chercher leurs paquets à une station de livraison, mais ils devraient également trouver des solutions pour leur voiture.

Toutes ces négociations autour du démantèlement du service public coûtent près de 100'000 francs aux contribuables de la ville de Berne. S'ils ont tout à coup moins d'argent pour leurs commandes en ligne, peut-être que le souci des colis se résoudra de lui-même?

Un centre historique sans voiture: le rêve de la majorité rose-verte à Berne.
Photo: Suisse Tourisme
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