300 personnes se recueillent en Valais
Tout le village de Vex pleure «ses enfants» emportés par la montagne

Près de 300 habitants de Vex (VS) se sont réunis lundi 11 mars au soir pour pleurer les «enfants du village», disparus en montagne lors du drame de Tête-Blanche. L'après-midi, la localité était comme plongé dans la torpeur. Reportage.
Publié: 11.03.2024 à 23:43 heures
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Dernière mise à jour: 12.03.2024 à 08:13 heures
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Sur le parvis de l'église, la fanfare, dont trois des disparus étaient membres, a encore joué, tandis qu'un coeur de chandelles s'embrasait.
Photo: KEYSTONE
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

«Une petite cérémonie informelle», annonce sobrement l’invitation qui circule sur les réseaux sociaux. Afin de «rendre hommage à nos amis envolés beaucoup trop tôt dans la montagne», les sociétés dont la famille endeuillée était membre, ainsi que des proches et des habitants du village de Vex (VS) ont relayé cet appel, dans la journée du lundi 11 mars.

Pour mémoire, le drame a frappé cette communauté située à un jet de pierre de Sion, samedi en fin de journée déjà. Cinq membres d’une même famille, originaire du Val d’Hérens, ainsi qu’une habitante de Fribourg, sont partis pour une randonnée à ski reliant Zermatt à Arolla. Ils n’en sont jamais revenus.

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La tempête qui les a immobilisés à 3500 mètres d’altitude a rendu veine toute tentative de sauvetage. Avant la funeste découverte de dimanche soir: cinq corps, que les sauveteurs ont découverts non loin de la Dent Blanche. La sixième personne n’a toujours pas été retrouvée, lundi à 21h30.

«L’incarnation de l’altruisme»

«La petite cérémonie informelle» a finalement réuni près de 300 personnes, selon les observations de Blick. La tristesse a drapé tout le village, plongé dans la torpeur. Sur place, un constat s'impose immédiatement: la famille était connue et aimée de tous. Les randonneurs, âgés de 21 à 58 ans, étaient des férus de montagne, apprend-on au fil de nos questions. Trois frères, natifs de Vex, faisaient partie de l’expédition, aux côtés de leur oncle, d’un cousin et d’une amie.

Les trois frangins étaient «l’incarnation de l’altruisme», écrit en ligne un proche. L’un d’entre eux venait d’être élu au Conseil communal (exécutif) de sa commune d’origine, en remplacement d’une démissionnaire. Le président de la commune, Sébastien Menoud, avait du mal à contenir son émotion lors du point presse organisé lundi matin par les forces de l’ordre, le Ministère public et les sauveteurs valaisans.

Un autre frère avait juste passé son brevet d’avocat. Leurs parents vivent au village. Leur cousin était capitaine de la police valaisanne, selon les recherches de Blick.

Quelques locaux au café

C’est bien toute une vallée qui pleure ses disparus. Lundi après-midi, les rues de Vex sont endormies. Comme si toute la localité avait besoin d’un moment à elle, à l’abri des regards. Des bouquets ont été déposés le matin devant l’église.

Au café de l’Aigle, qui fermera ses portes exceptionnellement à 18h30 ce lundi-là, quelques locaux boivent des cafés ou des mousses. Chaque nouvelle personne qui passe la porte est accueillie sur le même air: «Bonjour! Tu as entendu? Ah oui…» Et les yeux se baissent, désolés.

Une seule cruciverbiste semble échapper totalement à la lourdeur ambiante. «Je ne lis pas les journaux!» confie-t-elle. Visiblement, elle ne tend pas l’oreille non plus.

Hommage vibrant d’émotion

Retour dans les rues endeuillées. Les habitants se pressent au centre du village dès 18h30. À l’image de trois femmes qui se dirigent vers la société de musique l’Écho des glaciers, tout le monde évoque un immense chagrin. Les doutes concernant la sixième personne, toujours disparue. Et la dernière fille de la famille, «qui reste». Dans un bistrot, des habitants de la génération des trois frères sont réunis.

La formation Brass Band a perdu trois de ses membres dans le drame qui s’est joué durant le week-end. Fondée en 1914, elle compte 52 musiciens. À 19h30, c’est devant leur local de répétition qu’a démarré l’hommage rendu par la communauté.

Un moment d’une émotion rare. Ce bourg, qui témoigne de son soutien à une famille vivant une tragédie indicible, n’est pas venu les mains vides. Tous les Bacounis, du gentilé de Vex, tiennent des bougies. En cire pour les plus grands, électriques pour les enfants. La fanfare entame plusieurs morceaux émouvants. Les larmes coulent sur les visages silencieux.

Recueillement à l’église

Sur le parvis de la maison où est peint le nom de la société de musique, un policier municipal veille. Il empêche les journalistes d’approcher. Les habitants ont besoin d’être entre eux. Le choc est trop grand.

Blick assiste de loin à l’hommage avant de tourner les talons. Les habitants, eux, marchent en silence avant de se retrouver à l’église. À 19h50, la musique retentit à nouveau. Depuis l’intérieur du lieu de culte, cette fois. La nuit est tombée, mais les lueurs des chandelles accompagnent encore le deuil impossible des «enfants du village», disparus bien trop tôt.


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