3 accusés toujours en fuite
Un braquage à 40 millions d'un fourgon à Nyon jugé à Lyon

Le procès d'un braquage de convoi de fonds à Nyon (VD) en 2017, qui avait amassé un butin record de 40 millions de francs, a débuté lundi à Lyon. Il se déroule en l'absence de trois des six accusés, en fuite.
Publié: 22.01.2024 à 21:30 heures
Sous la menace de fusil d'assaut, les convoyeurs avaient été ligotés, puis emmenés dans les coffres de deux voitures (image symbolique).
Photo: Copies d'écran TF1

Les six hommes, âgés de 39 à 54 ans et originaires pour la plupart de la banlieue lyonnaise, sont jugés par la cour d'assises du Rhône pour «vol en bande organisée avec arme» et «enlèvement et séquestration».

Cinq, qui sont récidivistes, encourent la perpétuité, le sixième entre 20 et 30 ans de réclusion criminelle. Deux ont notamment été condamnés à Genève en 2013 pour «brigandage».

Ils avaient été interpellés le 24 mai 2017 dans une villa de Haute-Savoie en possession de billets de banque de différentes devises entassés dans des sacs, de quatre lingots d'or, ainsi que plusieurs milliers de pierres précieuses, pour une valeur totale évaluée à plus de 40 millions de francs.

Quatre heures plus tôt, des hommes se faisant passer pour des policiers, équipés de brassards, avaient attaqué un transport de fonds sur une bretelle d'autoroute à Eysins, près de Nyon. Sous la menace de fusil d'assaut, les convoyeurs avaient été ligotés, puis emmenés dans les coffres de deux voitures.

Lors de leur arrestation, ils étaient en compagnie d'un septième homme, propriétaire de la villa, qui s'est suicidé en prison à l'été 2018.

Accusés taiseux

Au fil de l'audience, face à des accusés taiseux, des expertes en enquête de personnalité et le président de la Cour Eric Chalbos ont déroulé de longues listes de condamnations, notamment pour détention d'armes et des faits liés au trafic de stupéfiants.

Mais les trois absents, soupçonnés d'avoir coordonné leur fuite après leur remise en liberté sous contrôle judiciaire, sont les seuls à avoir été condamnés pour des faits similaires à ceux qui vont être jugés.

Deux des accusés présents reconnaissent avoir participé au braquage et à sa préparation. L'un d'eux n'a qu'une condamnation à son casier, pour le port d'un cutter à 18 ans. L'enjeu du procès est qu'il soit «condamné à la juste hauteur de ce qu'il a fait, c'est-à-dire pas grand-chose par rapport aux autres», a défendu devant la presse son avocat, Me Cédric Trabal.

Le troisième homme présent à Lyon lundi, lui, minimise son rôle. Arrêté au volant d'une fourgonnette avec une grande part du butin au sortir de la villa qui servait de base arrière au groupe, il nie sa participation à l'attaque elle-même. Condamné à de nombreuses reprises depuis 1991, notamment pour des affaires de stupéfiants, il n'a «jamais été condamné pour braquage», a souligné son avocat Me Laurent Bizien devant la cour.

Deux reports

Leur procès a été reporté à deux reprises: en 2021 parce qu'un accusé avait contracté le Covid et il y a un an à cause de l'absence de la moitié d'entre eux, qui avaient profité de leur remise en liberté sous contrôle judiciaire pour s'enfuir. La Cour avait alors estimé «nécessaire de juger les six accusés ensemble».

Malgré l'émission d'un mandat d'arrêt, ils n'ont pas été localisés et leur procès a finalement débuté sans eux.

Cette affaire s'inscrit dans une série de spectaculaires attaques de convoyeurs de transport de fonds imputées au banditisme lyonnais et perpétrées en terres vaudoises entre 2017 et 2019. Outre Nyon, des braquages ont eu lieu au Mont-sur-Lausanne, à Daillens, La Sarraz ou encore Chavornay.

Vendredi, un homme qui avait participé en 2018 au braquage de Chavornay avec prise d'otage de la fille d'un des convoyeurs a été condamné à 12 ans de prison à Lyon.

Verdict attendu vendredi

Pour le braquage de Nyon jugé cette semaine, un renseignement sur les projets d'un malfaiteur de la région lyonnaise avait conduit à l'ouverture d'une enquête préliminaire dès l'été 2016. Celle-ci avait permis de collecter des informations, qui se sont avérées utiles une fois les faits commis pour remonter rapidement à la planque.

La réquisition de l'avocat général est attendue jeudi et une décision de la Cour vendredi.

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