L'armée devrait atteindre un budget correspondant à 1% du PIB d'ici 2030. Le Groupement pour une Suisse sans armée (GSsA) est horrifié par cette décision de la commission de politique de sécurité du Conseil des Etats. Il critique vendredi l'alliance centre-gauche qui préfère faire des compromis plutôt qu'œuvrer pour la paix. A l'inverse, l'Association des sociétés militaires suisses (ASM) a exprimé sa satisfaction.
La commission s'est prononcée jeudi en faveur d'une augmentation massive des finances de l'armée. Mais l'utilisation «intelligente» de cet argent n'est toujours pas claire, rappelle le GSsA.
Celui-ci prend également à partie les partis bourgeois: «Il n'y a pas d'argent pour la protection du climat ou pour une 13e rente AVS, mais donner 10,1 milliards à l'armée n'est pas un problème», souligne le secrétaire du GSsA Jonas Heeb, cité dans le communiqué. Malgré les derniers problèmes autour des finances de l'armée, une augmentation du budget est avalisée sans autre.
Un deal cynique
L'alliance centre-gauche a réussi à faire passer la création d'un fonds pour la sécurité de la Suisse et la paix en Europe, dans le contexte de la guerre en Ukraine. Celui-ci couvrira la mise à niveau de l'armement de l'armée jusqu'en 2030 (10,1 milliards) et la contribution suisse de cinq milliards de francs pour le soutien à la reconstruction et la remise en état des infrastructures en Ukraine.
Les budgets seront considérés comme extraordinaires et ne sont pas soumis au frein à l'endettement. La motion doit encore être votée par les deux Chambres.
Le fait que le paquet soit vendu comme un «compromis de guerre et de paix» est cynique. «Le Parlement ferait mieux de s'efforcer sérieusement et solidairement de trouver une perspective de paix pour l'Ukraine, au lieu d'alimenter sans planification son propre réarmement avec des milliards supplémentaires par le biais de compromis boiteux. La paix et notre sécurité seraient ainsi mieux servies et l'argent mieux utilisé», déclare la secrétaire du GSsA Roxane Steiger.
«Légitime», selon les sociétés militaires
De son côté, l'Association des sociétés militaires suisses (ASM) salue la décision prise jeudi par la Commission de la politique de sécurité des Etats. Elle se dit «consciente que le financement du fonds doit être comptabilisé en tant que dépenses extraordinaires, ce qui fait sauter le frein à l'endettement». Mais, ajoute-t-elle, une comptabilisation extraordinaire est autorisée et légitime en cas de crise grave.
«La sécurité de la Suisse et de sa population doit être la priorité absolue sur le plan politique. Pour cela, il est urgent de renforcer rapidement la capacité de défense de l'armée», argumente l'ASM dans un communiqué. «Pour garantir notre sécurité, nous devons être prêts à nous endetter».