Le torchon brûle chez les paysans suisses. Certes, leurs protestations sont plus discrètes et plus civilisées qu'en France. Mais ici aussi, les agriculteurs descendent dans la rue. «Sans paysans, pas de nourriture», écrivent-ils sur des banderoles. Avec des manifestations de tracteurs, des marches aux flambeaux et des feux de camp, ils exigent «une rémunération équitable».
Les paysans reçoivent des paiements directs provenant des impôts. Les parlementaires paysans ont touché, à eux seuls, près de 1,2 million de francs l'année dernière, comme le montrent les informations de Blick basées sur la loi sur la transparence.
Deux parlementaires veulent garder secret le montant de leurs revenus directs, à savoir les conseillers nationaux UDC Thomas Stettler et Didier Calame. C'est un de leurs amis de parti, le conseiller national UDC vaudois Sylvain Freymond, qui arrive en tête des bénéficiaires de ces paiements directs. Il touche près de 170'000 francs par an provenant des impôts. Sa ferme compte 230 bovins: 80 vaches laitières, 30 pour la viande et 120 veaux. Sylvain Freymond fait preuve d'une grande compréhension pour les protestations des agriculteurs: «La bureaucratie nous ronge. Il nous faut moins de directives, moins d'administration et des salaires équitables.»
L'Interprofession du lait (IP Lait) s'est engagée vendredi à payer 3 centimes de plus pour chaque litre de lait, mais seulement à partir de juillet. Les représentants des agriculteurs avaient exigé une augmentation immédiate du prix de 4 centimes. Sylvain Freymond met en garde contre une facture de carnet du lait: «En fait, nous ne recevons qu'un demi-centime de plus. Car l'année dernière, on nous a supprimé 2 centimes, et un demi-centime est dépensé pour le beurre. Bien sûr, un demi-centime de plus est mieux que rien, mais cela ne peut être qu'un début.» l'agriculteur souligne que les paiements directs ne sont pas un cadeau, mais une compensation pour la protection des eaux et le travail écologique. Il en est convaincu: les agriculteurs méritent plus d'estime et des salaires plus élevés.
Il manque une base légale pour des augmentations à court terme
Markus Ritter, président de l'Union suisse des paysans, demande aux agriculteurs de manifester de manière pacifique. Le conseiller national du Centre veut éviter l'assimilation aux manifestants pour le climat: avec des actions militantes, les activistes se sont mis à dos la population, bien que la majorité veuille protéger le climat.
En 2022, Markus Ritter a perçu 83'262 francs de paiements directs. Entre-temps, il a transmis la ferme à ses fils Adrian et Daniel, c'est pourquoi aucun chiffre n'est plus enregistré pour 2023. Le président en est convaincu: l'augmentation de 3 centimes n'est «qu'un premier pas pour mieux couvrir nos coûts supplémentaires dans le domaine du lait. D'autres étapes doivent suivre». Pour d'autres produits, Markus Ritter estime qu'il faut «des prix plus élevés de 5 à 10%. Les négociations à ce sujet doivent maintenant être menées de manière intensive».
L'interprofession BOM a appelé vendredi la Confédération à augmenter également le supplément pour le lait transformé en fromage de 3 centimes par kilo de lait, «afin d'améliorer la situation économique tendue des producteurs de lait». Face à Blick, le conseiller fédéral Guy Parmelin a rejeté cette demande. Il n'y a pas de base légale pour des augmentations à court terme. La loi fixe le supplément pour le lait transformé en fromage à 15 centimes.
«Tant que le Parlement n'aura pas décidé d'une adaptation correspondante de la loi sur l'agriculture, le supplément pour le lait transformé en fromage ne pourra pas être augmenté», explique Guy Parmelin. «Une augmentation de 3 centimes du supplément pour le lait transformé en fromage coûterait aux contribuables un montant supplémentaire estimé entre 50 et 60 millions de francs.» Le conseiller fédéral UDC en est convaincu: à moyen terme, une augmentation aurait des conséquences négatives sur l'équilibre entre la production de fromage et l'approvisionnement en beurre. «Une augmentation du supplément pour le lait transformé en fromage affaiblirait la production de beurre indigène. La sécurité d'approvisionnement en beurre indigène serait menacée à long terme.»