En un an, Clint Capela a vécu plusieurs vies. Comme beaucoup de monde, évidemment. Depuis février 2020, le pivot genevois, deuxième joueur suisse à évoluer en NBA, a été transféré à Atlanta et a donc dû quitter Houston après sept ans. Passé le choc de ce changement d'environnement, la pandémie s'est invitée et il a été contraint de vivre loin des siens durant douze mois, les voyages entre la Suisse et les Etats-Unis étant compliqués. Bien loin de se plaindre, Clint Capela l'a pris comme un challenge. Un test de sa force de caractère.
Sportivement, le Romand a participé à la reconstruction express des Atlanta Hawks, l'une des pires équipes de la ligue la saison dernière. La franchise est désormais qualifiée pour le deuxième tour des play-off après avoir facilement battu les New York Knicks 4-1 lors d'un premier tour à l'ambiance bouillante. Dès dimanche soir (19h, heure suisse), Atlanta se frottera à Philadelphie, meilleure équipe de la Conférence Est. Interview au lendemain de la victoire décisive en quart de finale de Conférence Est.
Une saison en pleine pandémie
Clint Capela: «Ce n'était pas facile comme situation par rapport à ce que nous avions l'habitude de vivre. Chaque matin, une période de 30 minutes était réservée aux tests. Tout le monde devait y passer. Lorsque tu as une routine, c'est vraiment une adaptation qu'il faut être capable d'effectuer. Lorsque nous voyagions, nous devions rester dans notre chambre d'hôtel. J'aime en général bien me promener, mais là rien n'était possible. Nous savions que cela ne serait que temporaire, donc ça allait encore. D'un point de vue plus personnel, je n'ai pas revu ma famille depuis un an. Mon frère a enfin obtenu l'autorisation de voyager aux États-Unis. Je me réjouis de pouvoir l'accueillir à Atlanta. Mais jusqu'ici j'étais assez seul.»
Déménagement et changement d'équipe
Clint Capela: «En cours de saison dernière, j'ai été échangé par Houston à Atlanta. Si l'on fait abstraction de la pandémie, le changement en lui-même était déjà assez compliqué. J'avais passé sept ans à Houston. J'avais tellement d'affaires là-bas (rires). Il a fallu tout déménager. J'ai dû me remettre en place tout seul. Et je ne parle pas de matériel, mais humainement. J'ai dû trouver un nouvel équilibre. Atlanta, c'est sûr que ce n'est pas Houston... Comment dire. J'ai passé tellement de temps à Houston que c'est ma maison. Mais par contre je commence doucement à trouver mes repères grâce notamment à la réouverture des restaurants. Sinon je connais tout de même deux ou trois parcs proche de chez moi où j'aime bien aller me promener. Je peux avoir quelques contacts avec les fans. C'est précieux, surtout lors d'une saison quasi complète sans eux.»
«Niveau basket, c'était également un joli challenge. Au début, on ne va pas se mentir, j'étais surtout choqué de partir de Houston. Pas d'un point de vue sportif, car je savais que ce serait une belle opportunité pour moi de me rendre à Atlanta dans une équipe où tout était à reconstruire. Mais ce fut surtout difficile humainement de tout changer du jour au lendemain. Avec les Hawks, nous avons un noyau de joueurs européens avec Bogdan Bogdanovic (ndlr Serbe) et Danilo Gallinari (ndlr Italie). Je pense que nous participons à l'équilibre de cette équipe.
Un nouveau rôle dans le vestiaire
Clint Capela: «En arrivant à Atlanta, je savais que je devais devenir un des leaders de cette équipe. J'ai moi aussi dû apprendre ce nouveau rôle. Est-ce que je suis plus vocal que par le passé à Houston où j'étais encore le petit jeune? Possible oui. Mais dans le même temps, j'apprécie que les jeunes puissent également apprendre. Fassent leurs erreurs et trouvent les solutions par eux-mêmes. Je parlais tout à l'heure de nouvel équilibre. C'en est également un à trouver ici. J'essaie de ne pas trop faire et de trouver le juste milieu entre être trop présent et trop passif.»
Parmi les meilleurs défenseurs de la ligue
Clint Capela: «Si je dois analyser mon jeu cette saison, je suis plutôt satisfait. J'ai fait mon job en dominant dans la raquette défensivement et offensivement. J'ai pris les rebonds. Mais pour être élu meilleur défenseur de l'année, c'est tout de même compliqué. Avec Utah, Rudy Gobert est tout de même très très fort et son équipe a plus gagné de matches que nous. Ce que je vise, c'est de faire partie des dix meilleurs joueurs de la ligue.»
Victoire contre New York et demi-finale de conférence contre Philadelphie
Clint Capela: «Je suis content de la manière dont nous avons dominé cette série contre New York. Sur le parquet, c'était chaud. Surtout là-bas. Il y a une rivalité entre mon coéquipier Trae Young et les fans. Il se faisait huer. C'était vraiment fun d'être sur le terrain. Et lorsqu'on a gagné, il a fait une révérence comme à la fin d'un show sur Broadway. On s'est bien amusés».
«C'est maintenant que ma présence en tant que vétéran peut s'avérer importante. J'ai déjà gagné quelques séries de play-off avec Houston. C'est capital d'être capable de passer à autre chose. Nous avons eu un jour de congé pour récupérer. C'est important de prendre ce temps pour apprécier le chemin parcouru. A chaque fois que nous sommes en play-off, il faut avoir conscience que ce sera peut-être la dernière fois. J'ai essayé de l'expliquer aux plus jeunes. Philadelphie, ce sera autre chose que New York. C'était la meilleure équipe dans notre Conférence. Il va falloir hausser le niveau de notre jeu. Je ferai face à Joel Embiid avec qui je joue des fois à FIFA en ligne. Mais pendant les play-off, il n'y a plus d'amitié. C'est une belle rivalité sur le parquet entre nous. On coupe totalement les ponts. C'est normal, je pense. Il faut un temps pour tout. Et là, fini de rigoler.»
Le camp à Genève... et Zurich
Clint Capela: «Après 2019, je me réjouis d'organiser la deuxième édition de mon camp pour les jeunes. Cela se passera à Genève (ndlr 19 au 23 juillet et 26 au 30 juillet) mais également à Zurich (ndlr 2 au 6 août), pour la première fois. C'est très important pour moi de parler aux jeunes de ma ville. Mais j'ai vraiment envie de faire passer mon message et transmettre mon expérience au plus de monde possible. Après Genève, Zurich est l'autre ville importante dans le pays et j'avais à coeur de coacher des jeunes Suisses allemands.»