«Il a prouvé qu'il était sans aucun doute le meilleur joueur au monde. Il est capable de jouer un tennis fantastique sur différentes surfaces et il mérite d'être là où il est», reconnait sans se faire prier Novak Djokovic malgré sa défaite dimanche. Et pourtant, le Serbe de 36 ans aurait de quoi être particulièrement déçu puisqu'il a été privé d'un 24e titre record en Grand Chelem et d'un huitième titre également record sur le gazon londonien.
Alcaraz a aussi mis un terme à sa quête du Grand Chelem calendaire, puisque Djokovic était le grand favori à Londres après ses victoires déjà obtenues à l'Open d'Australie et à Roland-Garros. Mais l'Espagnol a été irrésistible, lui qui n'avait pas démontré avant cette année de qualités particulières sur gazon, contrairement au dur (il a remporté l'US Open l'an dernier) et à la terre battue, la surface sur laquelle il a été élevé.
Djokovic surpris
«Il a surpris tout le monde par la façon dont il s'est adapté (...) Ses slices, ses retours chippés, son jeu au filet, sont impressionnants. Je ne m'attendais pas à ce qu'il joue si bien sur gazon», avoue Djokovic. Au point que lui, le seul joueur à avoir remporté au moins trois fois chacun des quatre tournois du Grand Chelem, ose la comparaison ultime, avec les trois membres du «Big 3» qui règnent depuis vingt ans sur le tennis mondial: Roger Federer, Rafael Nadal et lui.
«Il a le meilleur de ces trois mondes, affirme le Djoker. La résilience mentale et une maturité impressionnantes pour son âge, la mentalité de compétition d'un taureau espagnol et cette incroyable capacité à défendre qu'on a vues chez Rafa. Et il a un revers qui peut ressembler au mien et qui a fait ma force pendant des années.» À ce stade, la comparaison parait si incongrue à Alcaraz qu'il en rigole d'abord et ajoute: «que Novak ait dit ça, c'est fou».
Puis il l'analyse: «Je pense être un joueur vraiment complet. J'ai les coups, la force physique et mentale. Alors, je ne sais pas, il a peut-être raison. Mais je ne veux pas y penser. Disons que je veux être complètement Carlos Alcaraz et que je possède certaines des grandes qualités de chacun de ces joueurs», estime-t-il.
Doute levé
En tout cas, une chose est sûre désormais dans sa tête, que la défaite en demi-finales à Roland-Garros en juin avait pu remettre un peu en question: il peut battre Djokovic à son meilleur. «Avant cette finale, je n'étais pas certain d'être capable de battre Novak en cinq sets dans un match épique comme celui-là, souffle-t-il. De rester bon physiquement et mentalement pendant cinq heures contre une légende. Je m'en souviendrai maintenant pour les autres tournois». Grâce à ce succès, l'Espagnol a ainsi conservé sa place de No 1 menacée par Djokovic en cas de défaite à Wimbledon.
Alors, après la retraite de Federer en 2022 et la semi-retraite de Nadal en 2023, le succès tonitruant d'Alcaraz dimanche va-t-il diriger Djokovic lui aussi vers la sortie? Le Serbe ne voit pas encore tout à fait les choses de cette façon, même si la claque psychologique risque de laisser des traces. Et il répond un franc «j'espère!», quand on lui demande si une grande rivalité est désormais née entre eux.
«Lui va être sur le circuit un bon moment. Moi? Je ne sais pas. Nous verrons. Nous n'avons joué que trois matches l'un contre l'autre. Trois matches très serrés. Deux d'entre eux cette année dans les derniers tours de Grand Chelem», relève le Serbe qui dit «espérer rejouer contre Alcaraz à l'US Open» en septembre. Ce serait vraisemblablement de nouveau en finale.
(AFP)