Les Internationaux de France seront-ils le tournoi qui confirmera le changement de génération déjà amorcé au sommet de la hiérarchie mondiale? Ou bien Novak Djokovic (37 ans), qui a récemment perdu sa forme, va-t-il revenir à temps?
Cette année, le tableau parisien est plus ouvert que jamais. Il y a également trop de points d'interrogation derrière les jeunes talents Carlos Alcaraz (21 ans) ou Jannik Sinner (22 ans), qui ont connu une ascension fulgurante ces dernières années. Tous deux ont été blessés avant Roland-Garros et ne savent pas où ils en sont.
Mais tous deux ne comptent pas seulement parmi les grands favoris à Paris, mais aussi parmi les joueurs les plus populaires à Paris. En termes d'affluence et d'attention, ils n'ont presque plus rien à envier aux superstars plus âgées comme Djokovic ou Rafael Nadal (37 ans). Mais ont-ils l'étoffe pour devenir eux aussi des icônes de ce sport?
L'ex-professionnel Marc Rosset (53 ans) reste pour l'instant sceptique. «A mon avis, il manque aux jeunes stars l'aura qui entoure un Roger Federer ou un Rafael Nadal», déclare le champion olympique de 1992, lorsque Blick le rencontre pour un entretien au Gonet Geneva Open, juste avant les Internationaux de France.
Le Genevois trouve «difficiles» les comparaisons avec les «Big 3» ou les «Big 4», si l'on y ajoute Andy Murray (37 ans). D'une part, il est encore trop tôt et d'autre part, la domination absolue fait défaut: «On a constaté une incroyable constance chez les anciennes superstars. Les jeunes d'aujourd'hui ne peuvent tout simplement pas encore en faire preuve. Pour moi, le niveau des matches est actuellement un peu plus bas qu'il y a quelques années».
Cela s'explique aussi par le fait qu'il manque à certains joueurs un «plan B». Rosset met aussi la «génération intermédiaire» face à ses responsabilités: «Prenons Andrey Rublev (26 ans). Il joue vraiment très bien, mais il ne peut pas beaucoup varier. Il n'a pas de défense».
«Il suffit d'un seul bon contrat»
Marc Rosset pense que les sommes d'argent toujours plus importantes dans le tennis pourraient avoir joué leur rôle: «Je ne sais pas s'il y a encore beaucoup de joueurs qui ont vraiment envie de gagner cinq ou six Grands Chelems». Il fait référence à des primes de départ plus élevées ou à de lucratives exhibitions qui permettent de gagner rapidement des sommes à six ou sept chiffres. «Autrefois, il fallait encore gagner des tournois pour avoir de l'argent, mais dans le sport actuel, c'est différent. Il suffit d'un seul bon contrat».
Et que pense-t-il de la relève en Suisse? Il trouve Dominic Stricker (21 ans) et Leandro Riedi (22 ans) «passionnants»: «Dominic peut tout faire avec la balle - et la façon dont Riedi frappe en retour est incroyable. Ils ont du potentiel. Mais il est difficile d'estimer où leur chemin les mènera. Cela dépend de beaucoup de choses. De leur environnement, de leur attitude et de leur capacité à ne pas se laisser trop distraire par l'argent».
La Suisse a-t-elle un double problème?
Et puis Marc Rosset dit: «Il y a aussi des choses dans le tennis suisse que je ne comprends pas. Pourquoi, par exemple, n'y a-t-il pas de véritable équipe de double depuis des années? Nous avons quelques joueurs qui évoluent toujours entre la 200e et la 400e place du classement mondial. Pourquoi personne ne se spécialise-t-il uniquement dans le double? Je préférerais être vraiment bon en double et éventuellement pouvoir jouer les grands tournois du Masters, plutôt que de passer des éternités dans les tournois Challenger».
Marc Rosset explique qu'il ne sait pas «à qui la faute». Il hausse les épaules et rit: «Peut-être que je suis tout simplement trop vieux pour comprendre le monde du tennis actuel».