Le 28 novembre 2010, Wendy Holdener remportait ses premiers points en Coupe du monde à Aspen (USA) en se classant 18e. Âgée de 17 ans, elle était, déjà, la leader de l’équipe de Suisse. La raison de cette propulsion au premier plan était assez simple: l’équipe était au point mort. Wendy Holdener lui a ainsi redonné vie, mais elle a dû porter beaucoup de poids sur ses épaules lors des années qui ont suivi. Rétrospectivement, elle ne souhaite pas s’en plaindre: «Ce parcours m’a endurcie et rendue plus forte. Je suis contente de ce qui s’est passé», assure la Schwytzoise.
Aujourd’hui, Wendy Holdener est toujours la meilleure Suissesse, du moins à Kranjska Gora. En Solvénie, elle a terminé deuxième derrière la talentueuse croate Zrinka Ljutic. Seule différence par rapport au passé, et pas des moindres: Wendy Holdener n’est plus seule. Certes Camille Rast a perdu son statut de leader de slalom en Coupe du monde avec sa 4e place, mais elle a malgré tout réalisé une belle performance, tout comme Mélanie Meillard (5e). Plus loin, on retrouve Eliane Christen (15e), Elena Stoffel (18e), Janine Mächler (21e) et Michelle Gisin (28e).
Cela ne fait donc pas moins de sept Suisses dans les points! Wendy Holdener n’avait encore jamais connu cela. Cette statistique a même une valeur historique: la dernière fois que l’on avait vu autant de drapeaux helvétiques dans un classement de slalom, c’était en 1993 à Maribor (Slovénie).
La persévérance porte ses fruits
«Même si à l’époque, ça m’allait d’être quasiment seule, c’est aussi bien d’avoir une certaine masse dans l’équipe. Ainsi, on est presque sûr de ne pas avoir à répondre à des questions sur d’éventuelles crises lorsque les choses ne vont pas elles-mêmes», explique la Schwytzoise.
Pour le moment, le mot crise n’est pas prêt d’être prononcé: Swiss-Ski présente la meilleure équipe de slalom actuellement. La force de l’équipe réside dans un subtil mélange entre de jeunes espoirs et des athlètes plus expérimentées.
Eliane Christen en est un bon exemple. La jeune femme de 25 ans a subi deux blessures au tibia et au péroné. Elle a été opérée dix fois et a perdu presque cinq ans dans sa carrière. Après avoir terminé 12e à Semmering, elle a donc pris une excellente 15e place ce week-end: «Les attentes et la pression augmentent. En même temps, j’ai montré ce dont j’étais capable, cela permet aussi de se détendre», analyse-t-elle.
L’entraîneur en chef des femmes, Beat Tschuor, explique: «Le travail conséquent de toute la fédération porte de plus en plus ses fruits. Nous avons fait preuve de persévérance quand ça n’allait pas. Une belle dynamique s’est créée, non seulement en Coupe du monde, mais aussi en Coupe d’Europe et même plus bas. Les athlètes voient ce qui est possible et veulent atteindre leurs objectifs.»
Gérer son énergie
De quoi espérer encore de beaux résultats? Il s’agit tout d’abord de profiter du moment présent. Wendy Holdener explique indirectement qu’il est possible de faire encore mieux. «Je ne me sentais pas très bien aujourd’hui. Ces week-ends de course sont épuisants, je ne récupère pas très bien et je dors mal.»
Il faut dire que la skieuse a récemment souffert d’un rhume tenace. Mais elle a surtout perdu son frère Kevin en février dernier, qui a succombé à un cancer à seulement 34 ans. «C’est dommage que lors d’une telle journée de slalom, je doive gérer mon énergie. Mais je me suis battue et j’ai pris des risques, je ne regrette rien», assure la Suissesse.
Ce résultat permet quoi qu’il en soit à Wendy Holdener d’aborder plus sereinement ses prochaines échéances. «Je continue à travailler.» Nul doute que ses coéquipières en feront de même.