Une descente à moitié nu
Les ouvreurs vivent dangereusement sur la Streif

Le métier d'ouvreur sur la Streif est l'un des plus dangereux du cirque blanc. Le plus téméraire d'entre eux s'est gravement blessé la semaine dernière. Son remplaçant a été désigné, mais il n'a pas été facile de le trouver.
Publié: 14:07 heures
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La semaine dernière, Nicolas Hofer s'est gravement blessé au genou.
Photo: Sven Thomann
Marcel W. Perren

C’est peut-être l’instant le plus extraordinaire vécu sur la Strefi. En mars 2021, le Tyrolien Nicolas Hofer se présente sans casque et torse nu au départ de la descente la plus célèbre du monde. Ce jour-là, le jeune homme alors âgé de 18 ans, qui avait fait ses débuts en tant qu’ouvreur quelques semaines plus tôt en tant qu’ouvreur, ne porte qu’un short, une écharpe et une casquette de baseball!

Descente à moitié nu

C’est dans cette tenue pour le moins loufoque que Nicolas Hofer s’élance sur la piste de Kitzbühel: «C’était une action spontanée», disait-il à Blick. «Ce matin, mon collègue et moi nous sommes d’abord entraînés très sérieusement. Comme les températures étaient très élevées, nous avons décidé de faire ce raid en short.»

Cette descente inhabituelle ne se sera révélée dangereuse qu’une seule fois: «La partie supérieure du parcours est toujours assez verglacée, et j’ai vraiment manqué de peu la sortie en pente raide. Mais à part ça, la descente a été un vrai plaisir», racontait l’Autrichien.

Nicolas Hoffer n'a pas eu froid aux yeux sur la piste autrichienne en 2021.
Photo: Instagram

Cette année encore, l’Autrichien voulait créer, en tant qu’ouvreur, la trajectoire optimale pour les stars du Super-G et de la descente. Mais il n’en sera rien. La semaine dernière, Nicolas Hofer a été victime d’une fracture du tibia et du péroné lors d’une course de Coupe d’Europe.

Casting d’ouvreurs

Peter Eder, qui est responsable du recrutement et de l’encadrement des ouvreurs à Kitzbühel depuis de nombreuses années, a donc dû chercher un remplaçant à court terme. Et trouver des ouvreurs appropriés pour la mythique descente est l’une des tâches les plus difficiles du circuit. La Fédération autrichienne de ski (ÖSV) ne met que rarement, voire jamais, de jeunes athlètes à disposition pour cette tâche, car le risque de blessure est jugé trop élevé. C’est pourquoi Peter Eder dépend de descendeurs compétents qui n’ont pas le statut de cadre.

Comme ces derniers sont extrêmement rares, l’ancien directeur de course de Kizbühel, Axel Naglich, a organisé il y a quelques années un casting d’ouvreurs. «Mais cela a été un échec total», avoue Peter Eder. «Il y a eu une femme qui a inscrit son mari de plus de 50 ans au casting parce qu’elle voulait lui offrir quelque chose de spécial pour son anniversaire de mariage.» Mais pour Peter Eder, être chef de piste à Kitzbühel n’a rien d’une attraction romantique. «J’ai une fois recruté un garçon qui travaillait à plein temps comme policier dans une unité spéciale. Malheureusement, il a fait une chute tellement grave lors d’une sortie en pente raide qu’il ne peut plus être engagé aujourd’hui. Il travaille maintenant pour le service de l’Intérieur.»

«Quand tu vois la pente, tu ne fais plus de grandes phrases»

À la fin des années 90, l’actuel président de la FIS, Johan Eliasch, voulait, lui aussi, passer sur la Streif. «Mais il était tellement dépassé par la pente raide que notre directeur de course de l’époque, Toni Sailer, a dû l’écarter», se souvient le chef des ouvreurs de Kitzbühel.

Heureusement, Peter Eder a trouvé en Kilian Boeck l’homme parfait pour cette tâche particulière. Ce dernier a un lien particulier avec la Suisse: «J’ai travaillé avec l’homme de service de Marco Odermatt et j’ai déjà effectué plusieurs journées d’essai pour Stöckli.» Le jeune homme de 22 ans a participé à des courses de FIS et de Coupe d’Europe jusqu’il y a deux ans. «Cela a toujours été mon grand rêve de remporter un jour la descente à Kitzbühel. Mais ensuite, j’ai dû constater que je n’avais pas de grandes perspectives en tant que coureur.»

Depuis, l’homme étudie le génie mécanique à Vienne. Mais la fascination pour la Streif ne l’a jamais quitté. C’est pourquoi il a immédiatement accepté de devenir ouvreur. «Je m’en suis réjoui tout l’été», confie-t-il.

Mais lors de la première reconnaissance du parcours, la joie a très vite fait place à la réalité. «Quand tu regardes pour la première fois la pente, tu ne fais plus de grandes phrases», avoue-t-il. Il était donc soulagé de passé la ligne d’arrivée pour la première fois. «Finalement, la reconnaissance du parcours a été pire que ma première course sur cette piste. C’était un vrai plaisir. Aussi parce que la Streif n’est actuellement pas aussi glacée que les autres années.»


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