Les autres craquent, il assure
Voici pourquoi Loïc Meillard est toujours si fort en mars

La dernière ligne droite de la saison de ski est lancée! Mais alors que certaines stars semblent manquer de jus, Loïc Meillard, lui, continue de monter en puissance. Plusieurs experts décryptent le phénomène.
Publié: 10:58 heures
1/5
Le champion du monde Loïc Meillard enchaîne les virages de plus en plus rapides dans le dernier tiers de la saison!
Photo: AFP
RMS_Portrait_AUTOR_1182.JPG
Marcel W. Perren

C'est une question particulièrement agaçante que pose le journaliste de la télévision autrichienne à Loïc Meillard avant la deuxième manche du slalom d'Hafjell ce dimanche: «Vous avez déjà été quatre fois en tête d'un slalom de la Coupe du monde après la première manche, mais vous n'avez jamais gagné! Est-ce que cela joue un rôle dans votre tête aujourd'hui?»

Le Valaisan répond par une formule standard: «Au lieu de me prendre la tête, je vais essayer de skier le plus vite possible. Ensuite, nous verrons si c'était assez bien!»

Et puis, après environ 18 secondes de course, la plupart des experts sont sûrs que le génial technicien d'Hérémence va là encore craquer! Son bâton se retrouve en effet entre les skis, ce qui est mauvais signe. «C'est une énorme faute!», commente le pape du ski allemand Felix Neureuther. Pire encore: dans la partie plate qui arrive juste après, le champion du monde commet une autre erreur.

Son principal concurrent est en difficulté

Le point surprenant de toute cette histoire: A l'arrivée, le skieur de 28 ans devance tout de même de deux dixièmes le Norvégien Atle Lie McGrath et de près de cinq dixièmes le néo-brésilien Lucas Pinheiro, troisième. Plus important encore: grâce à son deuxième triomphe à Hafjell en vingt-quatre heures, Loïc Meillard gagne de gros points par rapport à Henrik Kristoffersen dans la lutte pour le petit globe de slalom. L'avance du Norvégien, qui a dû se contenter de la cinquième place à domicile, n'est plus que de 47 points avant la dernière épreuve à Sun Valley (Etats-Unis).

En clair, cela signifie que si Loïc Meillard remporte ce slalom final, Henrik Kristoffersen devrait au moins terminer troisième pour remporter le globe de cristal. Or, le Viking semble bien mal en point avant le dernier acte de ce thriller: «Je suis brutalement fatigué, j'ai été grippé toute la semaine». Loïc Meillard précise lui que son réservoir est loin d'être vide: «Je ne skie pas différemment en ce moment qu'en début de saison. Mais alors que certains concurrents sont de plus en plus fatigués, je continue à me sentir très bien».

Une blessure synonyme de bénédiction?

Le fait que le banquier de formation frappe fort dans le dernier tiers de la saison représente déjà presque une tradition: l'hiver dernier, Loïc Meillard s'est classé cinq fois dans le top 3 lors des six dernières courses. Mieux: il a remporté quatre de ses six victoires en Coupe du monde en mars. Le mérite en revient également à son entraîneur de condition physique Patrick Flaction, lequel dicte ses plans d'entraînement depuis dix ans. «Loïc est un perfectionniste absolu qui, à chaque séance d'entraînement, en fait toujours un peu plus que ce que son coach lui demande», raconte son manager Ralph Krieger.

Felix Neureuther (13 victoires en Coupe du monde) entrevoit toutefois d'autres raisons pour lesquelles le monde du ski applaudit actuellement «le meilleur Loïc Meillard de tous les temps». «Dans le passé, Loïc a souvent perdu des courses parce qu'il se mettait trop de pression. Mais après s'être blessé au dos à Sölden en début de saison, il s'est détendu. Au lieu de se mettre une pression gigantesque, il s'est concentré sur le fait de skier proprement, presque à l'économie».

«La victoire sur Marco Odermatt le rend encore plus fort»

Mais aux yeux de Felix Neureuther, Loïc Meillard a franchi le pas le plus important samedi, lorsqu'il a remporté le géant devant Marco Odermatt: «Lors de ses deux précédentes victoires en géant, il a dû vivre avec le fait que Marco Odermatt soit ne prenait pas le départ, soit était éliminé avec le meilleur temps intermédiaire.» Et donc que sa victoire pouvait être interprétée comme étant au rabais. Mais maintenant, à Hafjell, il a prouvé pour la première fois qu'il pouvait gagner un géant même sans la défaillance du «roi Odermatt». «Et cela le rend encore plus fort mentalement».

Et cette confiance pourrait être décisive dans le match pour le globe de slalom. «Henrik Kristoffersen a lui aussi une technique géniale. Mais lors des courses en Norvège, on a clairement vu qu'Henrik avait trop la tête dans le guidon, alors que Loïc Meillard s'est montré presque joueur», analyse Felix Neureuther. La question de savoir si Loïc Meillard sera le premier skieur à remporter le classement général de la Coupe du monde de slalom depuis Dumeng Giovanoli (saison 1967/68) sera tranchéee jeudi prochain. Mais Loïc Meillard, Marco Odermatt et Thomas Tumler ont déjà battu un ancien record suisse ce week-end en montant sur les podiums numéro 38, 39, 40 et 41. Le précédent record suisse de podiums (38) avait été établi par Pirmin Zurbriggen, Peter Müller et leurs collègues lors de la saison 1984/85.


Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la