Un panneau en bois est accroché sur l'un des murs qui entoure la réception de l'hôtel Alpin Juwel, au centre de Hinterglemm, en Autriche. «Hakuna Matata», peut-on lire. En Swahili, cele signifie: «Il n'y a pas de problème.» Cette devise décrit parfaitement l'humeur de Pauli Gut, père de Lara Gut-Behrami, lorsqu'il se présente pour un entretien avec Blick à la veille du Super-G des championnats du monde de Saalbach. «Je profite des Championnats du monde: le temps est parfait, la piste est parfaite, Lara est en bonne santé, nous sommes tous en bonne santé. Que voulez-vous de plus?», demande-t-il avec enthousiasme.
Pauli Gut, Lara est la grande favorite du Super-G aux yeux de beaucoup d'observateurs. A quel point serez-vous nerveux lorsqu'elle prendra le départ?
Un peu tendu. Mais après toutes ces années, je sais ce qui est le plus important, c'est qu'elle soit saine et sauve à l'arrivée.
Si possible, qu'elle soit rapide...
Nous travaillons toute l'année pour gagner. Mais les autres coureuses le font aussi: elles ne sont pas là pour finir dixièmes. Elles veulent toutes être devant.
Lara a passé 17 ans en Coupe du monde et vous avez toujours été à ses côtés...
A l'exception d'une semaine, sinon toujours (il sourit).
Pensiez-vous déjà au début que vous seriez toujours là en 2025?
Jamais. Nous avons simplement pris hiver après hiver. Et maintenant, nous sommes toujours là. C'est incroyable d'avoir pu passer autant de temps aux côtés de ma fille. D'autres enfants partent à 18 ans et ne voient plus leurs parents qu'occasionnellement dans l'année. Pour ma femme Gabriella et moi, cela a été différent et nous en sommes très reconnaissants.
Lara a déclaré une fois: «Quand je suis arrivée en Coupe du monde à 16 ans, j'étais une enfant et parfois perdue.» L'a-t-on trop peu protégée à l'époque?
Très certainement. Elle est devenue très vite célèbre, tout le monde voulait quelque chose d'elle, surtout les médias et les sponsors. Au final, c'était trop.
Lara s'est isolée, et elle a aussi réagi avec agacement aux questions...
Nous aussi, nous avons fait des erreurs.
Lesquelles?
Difficile à dire, mais il y a certainement eu des erreurs. C'était tout nouveau. Tout à coup, une jeune fille de 15 ans arrive avec son père comme entraîneur. Nous avions nos petites habitudes, et d'un coup beaucoup de choses nouvelles arrivaient. Avec Mikaela Shiffrin et Petra Vlhova, on voit que les choses auraient pu être gérées différemment. Toute la fédération est derrière elles. Mais je tiens aussi à dire quelque chose... Depuis de nombreuses années, tout se passe très bien, Lara peut se concentrer sur le ski.
Lors des championnats du monde en 2011, des journalistes Blick, «Kronen Zeitung» et «Bild» ont élu Lara «garce numéro 1 du ski»...
Il y avait déjà eu des problèmes avec les médias au Tessin. Pourtant ça, on ne s'y attendait pas. Mais oui, cette histoire aux championnats du monde a aussi changé beaucoup de choses.
Votre fille a tout remporté en ski. D'où lui vient cette mentalité de gagnante?
Je ne sais pas. Déjà à l'école, elle a toujours donné le meilleur d'elle-même. Tout a peut-être commencé au Grand Prix Caran d'Ache, le prédécesseur du Grand Prix Migros. Nous sommes allés à Haute-Nendaz, Lara avait environ huit ans et elle s'est classée septième. Toutes les filles portaient des combinaisons de course, mais elle, elle skiait avec un gros pull. Et avec mon casque, qui était beaucoup trop grand pour elle (rires). Ensuite, je lui ai demandé: «Tu veux faire plus de courses? Est-ce qu'on doit s'entraîner un peu plus?»
Qu'a-t-elle répondu?
Lara a répondu: «Oui, pourquoi pas?» C'est comme ça que ça a commencé.
Dans quelle mesure Lara a-t-elle encore besoin de vous aujourd'hui?
De moins en moins en tant qu'entraîneur. Elle sait exactement ce dont elle a besoin. Lors de mes visites, je reste toujours un peu en dehors de la piste. Parfois, elle vient me demander quelque chose, quatre yeux voient souvent mieux que deux.
Lara s'arrêtera après les Jeux olympiques de 2026. Que lui souhaitez-vous pour l'avenir?
Une bonne santé, qu'elle soit satisfaite et qu'elle ait un jour une grande famille.
Et que lui direz-vous si elle remporte l'or jeudi?
Qu'elle n'aurait pas pu faire mieux.
Et quels mots choisirez-vous s'il n'y a pas de médaille?
Cela dépendra de la situation. Dans tous les cas, je suis fier d'elle. Pour tout ce qu'elle a fait sur et en dehors de la piste. Et aussi reconnaissant.