Paul Accola est catégorique
«Beaucoup de skieurs se blessent, car ils s'entraînent mal!»

Comment expliquer les nombreuses blessures, parfois très graves, qui entachent les saisons de ski alpin, comme ce fut le cas en fin d'année à Bormio? Le Davosien Paul Accola répond catégoriquement: ce sont les méthodes d'entraînement qui sont en cause.
Publié: 12.01.2025 à 18:02 heures
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La légende du ski Paul Accola s'exprime sur les nombreuses blessures qui entachent son sport.
Photo: URS BUCHER
Marcel W. Perren

Le ski alpin est à la croisée des chemins. Depuis que quatre athlètes se sont gravement blessés à Bormio en l’espace de trois jours, à savoir Cyprien Sarrazin (Fr, 30 ans, hémorragie cérébrale), Gino Caviezel (Sui, 32 ans, lésion totale du genou droit), Josua Mettler (Sui, 26 ans, rupture des ligaments croisés des deux genoux) et Pietro Zazzi (It, 30 ans, fracture du tibia et du péroné), tout le monde s’accorde à dire que cela ne peut pas continuer ainsi. Les mesures d’amélioration ne font toutefois pas l’unanimité. Tandis qu’une grande partie des coureurs reconnaissent un grand potentiel d’amélioration dans la préparation de la piste, des consultants de la télévision comme l’Autrichien Hans Knauss demandent une amélioration du matériel. C’est maintenant au tour du Davosien Paul Accola de s’exprimer.

Le vainqueur du classement général de la Coupe du monde de la saison 1991/92 est convaincu «que de nombreux athlètes s’entraînent mal en été». Concrètement, le médaillé de bronze du combiné olympique 1988 explique: «Il y a un manque d’entraînement global. En salle de musculation, de nombreux coureurs attachent la plus grande importance à ce que les cuisses deviennent vraiment grosses. Mais cela n’épaissit pas les ligaments. Quand ils soulèvent leurs haltères, ils sont toujours dans la bonne position. Mais lorsqu’ils se retrouvent en position arrière sur les skis, d’autres forces agissent. Et c’est pourquoi, comme dans le cas de Marcel Hirscher, les ligaments croisés se déchirent si souvent dans ces situations précises.»

«C’est une bêtise complète!»

Paul Accola rappelle «qu’un Mike von Grünigen, Urs Kälin et moi-même n’avons jamais subi de blessure grave aux ligaments, bien que nous soyons, nous aussi, passés au ski carving, beaucoup plus agressif, à la fin des années 90». Mais alors, qu’est-ce que sa génération faisait de différent à l’époque? «Je montais très souvent une piste aussi raide que possible. Ce n’était pas seulement bon pour l’endurance, c’était aussi un très bon entraînement musculaire. Ensuite, je descendais en courant aussi vite que possible. Comme je devais ainsi réagir très vite parce qu’une pierre ou une racine se trouvait sur mon chemin, j’ai développé ma motricité fine», raconte l’ancien coureur.

Mais selon Paul Accola, la plus grande erreur réside dans le travail avec les jeunes: «Une grande partie des skieurs de compétition ne sait pas gérer correctement la neige, car dès le plus jeune âge, on s’entraîne presque exclusivement sur une piste parfaitement préparée dans les portes. C’est pourquoi les coureurs sont ensuite dépassés lorsqu’une piste de Coupe du monde présente soudain des bosses ou des trous. Si Marco Odermatt constitue également une grande exception à cet égard, c’est à mon avis parce qu’il a passé beaucoup de temps dans son enfance à skier dans la poudreuse ou sur les pistes bossues.»

Le père de trois enfants poursuit ses critiques envers les entraîneurs des jeunes: «C’est une bêtise complète que les enfants fassent autant de journées de ski sur glacier en été. D’une part, cela a pour conséquence que de nombreux jeunes talents n’ont plus vraiment envie de skier au début de l’hiver. Et comme ces camps sur glacier sont très chers, ce sont presque uniquement les enfants de parents riches qui peuvent se permettre de faire du ski de compétition. Un garçon de ferme comme moi n’a pratiquement plus aucune chance à l’heure actuelle!»

«Cyprien Sarrazin est responsable!»

Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle trop de talents du ski restent sur le carreau. «En 1988, à 21 ans, j’ai réussi à me hisser dans le premier groupe de départ en slalom grâce à un classement dans le top 10 en Coupe du monde et au meilleur temps du slalom combiné olympique. Aujourd’hui, il faut au moins 50 points de Coupe du monde pour se classer parmi les 30 premiers de la liste dans une discipline. Comme cela prend trop de temps pour de nombreux athlètes, ils abandonnent. Il est grand temps que ce système de points soit revu», poursuit l’ancien coureur.

Mais qu’est-ce qui a bien pu provoquer la chute à Bormio d’un athlète aussi expérimenté que Cyprien Sarrazin? Là encore, Paul Accola est catégorique: «Il est lui-même responsable, il a skié de manière beaucoup trop incontrôlée. En tant que descendeur, tu dois littéralement manger une telle arête.»

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