C'est le faux départ le plus violent dans l'histoire de la Coupe du monde de ski alpin depuis bientôt 57 ans. Sur neuf courses masculines, seules deux ont pu avoir lieu cette saison: le géant de Val-d'Isère avec le vainqueur Marco Odermatt et le slalom de Gurgl avec un triplé autrichien. En revanche, pas moins de sept épreuves ont été annulées: après les courses de vitesse de Zermatt-Cervinia (2) et de Beaver Creek (3) et le slalom géant de Sölden, le slalom de Val-d'Isère a également été victime de la météo hier. De plus, Lake Louise avait déjà retiré ses courses cet été pour des raisons financières.
Contrairement aux annulations de la région du Cervin et du Colorado, le raté de la «Face de Bellevarde» à Val d'Isère n'est toutefois pas attribuée au mauvais temps. En effet, de nombreux athlètes et fonctionnaires remettent en cause la compétence de l'organisation. «Je suis sûr qu'on aurait pu sauver cette course si on n'avait pas commis des erreurs flagrantes lors de la préparation de la piste», estime le spécialiste du slalom, Daniel Yule (30 ans, 6 victoires en Coupe du monde). Le directeur de course Rainer Salzgeber (56 ans, vice-champion du monde de slalom géant en 1993) donne raison au Valaisan: «À l'époque où Hans Pieren, le magicien de la piste d'Adelboden, était directeur de course pour les courses techniques à la FIS, ce slalom n'aurait pas dû être annulé».
Les soupçons de Yule
Mais qu'est-ce qui a concrètement mal tourné lors de la classique en France? «Malgré les basses températures du début de semaine, on a omis de bien givrer la piste. Le fond de la piste était donc trop mince lorsque, dans la nuit de samedi à dimanche, on a voulu enlever la neige fraîche avec les lourdes dameuses», explique Salzgeber.
Dans ces conditions, la piste s'est complètement fissurée après l'intervention des machines! Et c'est ainsi que le deuxième slalom de cet hiver a dû être annulé dimanche à 8h20, bien que les conditions météorologiques étaient bonnes à ce moment-là, hormis quelques rafales de vent isolées. Et comme il n'y a pas de place dans le calendrier de la Coupe du monde, le slalom de Val-d'Isère ne sera pas rattrapé ailleurs.
Comme il est fort probable que deux des cinq courses de vitesse annulées soient également complètement supprimées, Daniel Yule nourrit un soupçon particulier: «Je pense que cette annulation n'est pas inopportune pour les fonctionnaires de la FIS. Après l'annulation des courses de vitesse, ils ne devraient pas être contre le fait que l'on puisse maintenant aussi annuler un slalom, afin de rétablir un équilibre entre les spécialistes de la vitesse et les spécialistes techniques dans la lutte pour le classement général de la Coupe du monde».
Le patron de la FIS se défend
L'hypothèse de Yule est encore alimentée par la première réaction du directeur de course de la FIS, Markus Waldner: «Markus a ri immédiatement après l'annulation et a dit qu'il y aurait quand même suffisamment de slaloms dans le calendrier de la Coupe du monde».
Lors d'un entretien téléphonique avec Blick, l'homme incriminé ne nie pas les soupçons de Yule. Mais il se défend aussi contre l'accusation selon laquelle ses hommes auraient détruit la piste en utilisant leurs machines: «Comme il a d'abord plu puis neigé samedi, la piste était déjà détruite avant que nous n'utilisions les machines».
Rien ne devrait aller de travers dans les prochains jours au Tyrol du Sud où le Cirque blanc va poursuivre sa route. Les prévisions météorologiques indiquent que les deux descentes (jeudi et samedi) et le Super-G (vendredi) pourront être lancés. Et aujourd'hui ou demain, Wengen confirmera en outre qu'une des descentes annulées de Beaver Creek sera reprogrammée au Lauberhorn.