Longtemps snobé
Thomas Tumler peut enfin être pris au sérieux chez nos voisins autrichiens!

Thomas Tumler a longtemps dû faire face à l'indifférence des Autrichiens sur le circuit comme en dehors. Mais l'époque où l'on se moquait du Grison est révolue après sa médaille d'argent à Saalbach.
Publié: 16.02.2025 à 20:46 heures
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Dernière mise à jour: 16.02.2025 à 23:28 heures
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Thomas Tumler fait sauter les bouchons après sa médaille d'argent aux Championnats du monde.
Photo: Sven Thomann
Marcel W. Perren

Si on se place quelques minutes du côté de nos voisins autrichiens, la manière dont a été traité Thomas Tumler au cours des deux dernières semaines frise le manque de respect. Des exemples à l’appui? Le jour de l’ouverture des Championnats du monde, lorsque le Grison a été sélectionné pour la compétition par équipe avec Wendy Holdener, Delphine Darbellay et Luca Aerni, une station de radio autrichienne a parlé d’une équipe de suisse «B».

Bien que Thomas Tumler ait assuré la médaille d’argent dans cette course grâce à ses victoires contre le slalomeur allemand Linus Strasser (quart de finale) et le puissant Américain River Radamus (demi-finale), le skieur de 35 ans n’a pas gagné la faveur des experts alpins autrichiens. Jeudi soir, dans sa chronique pour le journal «Kronenzeitung», Stephan Eberharter a cité dix autres athlètes comme candidats à une médaille au slalom géant des Championnats du monde, en plus des grands favoris Marco Odermatt, Alexander Steen Olsen et Loïc Meillard. Le nom de Tumler ne figurait pas sur la liste du champion olympique de slalom géant de 2002.

Une stratégie risquée

Pourtant, le Grison avait déjà montré, avec sa troisième place lors de la dernière finale de la Coupe du monde, qu’il se sentait vraiment à l’aise sur la pente de la station autrichienne. De plus, il a remporté sa première victoire en Coupe du monde début décembre à Beaver Creek (USA). Comment se fait-il donc qu’un expert comme Stephan Eberharter n’ait rien vu venir?

Mais reprenons les choses dans l’ordre. Après la première manche ce vendredi, Thomas Tumler se trouve en sixième position, avec un retard de six dixièmes sur le Norvégien Timon Haugan. Ses coéquipiers Loïc Meillard (deux centièmes de retard) et Marco Odermatt (24 centièmes de retard) occupent les deuxième et troisième places. Peu avant la manche décisive, Tumler met au point une tactique plutôt risquée. En gros, il a deux options: terminer en tête, ou dans les barrières de sécurité. Malgré quelques violents déhanchements, cette stratégie fonctionne. Le Grison doit certes laisser passer le sensationnel autrichien Raphael Haaser devant lui, mais il dépasse Odermatt, Haugan et Meillard.

Pour Thomas Tumler, cette médaille d’argent vaut de l’or. «Il y a trois ans, lors des championnats suisses à Saint-Moritz, j’ai dû me mettre à genoux devant l’entraîneur en chef Tom Stauffer pour qu’il ne m’exclue pas du cadre malgré des résultats médiocres. Je n’aurais pas pu me permettre de continuer à mes propres frais. Mais Tom m’a donné cette dernière chance, et je me retrouve maintenant avec une médaille aux Championnats du monde. C’est comme un rêve!», confie le skieur.

Une discussion décisive

Sandro Viletta, qui a remporté l’or olympique en combiné il y a onze ans à Sotchi (Russie), a aussi eu un rôle important dans ce conte de fées bien réel. Le Grison s’est occupé de Tumler après sa retraite en tant qu’entraîneur et l’a sauvé d’une fin de carrière prématurée. «En novembre 2021, Tommy m’a annoncé qu’il mettait définitivement un terme à sa carrière de skieur. Mais après d’une longue discussion, j’ai réussi à le convaincre de tenter sa chance une dernière fois lors de courses de coupe continentale en Amérique du Nord. Je savais que la neige d’outre-mer lui convenait particulièrement bien», se souvient-il.

Et en effet: Thomas Tumler a remporté une victoire et une deuxième place lors de deux courses en Amérique de nord. C’est à partir de ce moment-là que ce combattant sensible a repris confiance en lui. D’autant plus qu’il a aussi commencé à maîtriser ses problèmes de dos. «Je dois énormément à Sandro. Bien qu’il ne soit plus mon entraîneur depuis quelques années, il continue à me donner de nombreux conseils importants.»

Snobé par une star autrichienne

Au printemps 2014, Sandro Viletta et Thomas Tumler ont d’ailleurs dû faire l’expérience ensemble qu’ils n’étaient pas pris au sérieux par les Autrichiens. Alors qu’ils assistaient à Munich à un match de leur club de cœur, le Bayern, ces deux passionnés de football ont rencontré dans la zone VIP, peu avant le coup d’envoi, Armin Assinger, quadruple vainqueur de la descente de la Coupe du monde et star de la chaîne ORF. «Lorsque nous lui avons parlé, Assinger est passé devant nous sans dire un mot», raconte Viletta. «Nous sommes ensuite revenus vers lui à la mi-temps, car nous voulions le remercier pour la manière dont il commente nos courses de ski à la télévision. Mais il était visiblement agacé et a demandé: 'Mais qu’est-ce que vous faites comme courses de ski? Qui êtes-vous? Vous venez peut-être du Tyrol du Sud?'»

Pour Thomas Tumler, c’est donc une grande satisfaction d’avoir remporté ses médailles des Mondiaux chez nos voisins.


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