Après la première manche du slalom des championnats du monde, les Français sont plutôt sûrs de leur victoire, même si leur champion olympique Clément Noël n'a que deux dixièmes d'avance sur Loïc Meillard. «La deuxième manche conviendra encore mieux à Clément, car c'est un entraîneur français, Kevin Page, qui va la tracer», assurait Sébastien Amiez, qui a remporté l'argent en slalom pour la France aux Jeux olympiques de 2002.
Mais le légendaire entraîneur norvégien Marius Arnesen précise que ce n'est pas une garantie de succès: «J'ai été tiré au sort trois fois pour tracer le parcours du super-G lors de Mondiaux et des Jeux olympiques. Mais dans aucune des manches que j'ai piquetées, un Norvégien n'a remporté de médaille».
Et les Bleus ne sont pas mieux lotis ce dimanche: alors que Loïc Meillard parvient à faire mieux en deuxième manche, Clément Noël est éliminé. Ainsi, 75 ans après le Neuchâtelois Georges Schneider, la Suisse a enfin un nouveau champion du monde de slalom. Avec sa deuxième médaille d'or, le Valaisan est également couronné athlète le plus titré de ces Mondiaux, après le titre en combiné par équipes et le bronze en slalom géant. Pirmin Zurbriggen est le seul Suisse à avoir remporté encore plus de métaux précieux que Loïc Meillard lors d'un championnat du monde (deux médailles d'or et deux médailles d'argent en 1987). «C'est absolument fantastique ce que j'ai pu vivre cette semaine lors de ces championnats du monde», déclare le skieur de 28 ans, rayonnant de joie.
«Loïc n'a fait que la moitié de ce qu'il a fait à l'entraînement»
Mais Loïc Meillard avoue aussi qu'il n'était pas de si bonne humeur 48 heures avant la course finale de ces Mondiaux. «Immédiatement après ma troisième place au géant, je n'étais pas très content de moi, je savais que j'aurais pu faire mieux. Mais après une heure, j'ai fait abstraction de cela, à partir de ce moment-là, je me suis réjoui du bronze. Et puis j'ai réalisé que j'avais encore une chance de remporter l'or en slalom». Et cette chance, il l'a saisie de manière grandiose, même si son coéquipier Daniel Yule (out lors de la deuxième manche) affirme que «Loïc n'a fait que la moitié de ce qu'il a fait lors des entraînements lors de ce slalom des championnats du monde. Le garçon a des capacités qui sont presque surnaturelles».
Pourtant, il était tout sauf évident que ce technicien de génie allait s'asseoir un jour sur le trône du slalom. L'ancien entraîneur de Swiss-Ski Osi Inglin rappelle qu'il y a un peu plus de dix ans, Swiss-Ski voulait orienter Loïc Meillard dans une autre direction. «J'étais l'entraîneur de Loïc dans le cadre C. A l'époque, certains messieurs de la fédération étaient d'avis qu'il fallait absolument faire participer Loïc à la Coupe d'Europe en descente et en super-G. Mais je m'y suis opposé, car j'ai compris qu'en plus de sa discipline phare de l'époque, le géant, il avait aussi un énorme potentiel en slalom».
Le secret de son succès
Au sein du staff de Swiss Ski, le co-entraîneur Julien Vuignier est l'homme qui connaît Loïc Meillard depuis le plus longtemps. «En tant que coach de la base valaisanne, j'ai entraîné Loïc pour la première fois alors qu'il n'avait que dix ans», se souvient Julien Vuignier. «Bien qu'à cette époque, Loïc était beaucoup plus petit que ses camarades de classe, il s'est très tôt distingué sur le plan de la technique de ski. A cette époque, son père Jacques a mis un point d'honneur à ce qu'il skie davantage dans la poudreuse qu'entre les portes. Je suis convaincu que c'est pour cette raison que Loïc est aussi à l'aise avec la neige».
En dehors de l'élément neige, Loïc Meillard, qui est en couple depuis 2021 avec la responsable des médias de Swiss-Ski Zoé Chastan, n'appuie que rarement sur l'accélérateur. Contrairement à Marco Odermatt, Franjo von Allmen, Daniel Yule ou Justin Muriser, le photographe amateur d'Hérémence n'est pas connu comme une bête de nuit. «On ne trouvera probablement jamais de vidéo de moi sur les réseaux sociaux, où je danse sur une table à quatre heures du matin, une boisson alcoolisée à la main», déclare-t-il avec un clin d'œil. En tant qu'ambassadeur d'une cave valaisanne, il a toutefois un lien particulier avec le vin. «J'aime pouvoir boire un bon vin avec des amis pour accompagner un bon repas. J'aime aussi boire un verre de vin après un podium. Mais pendant la saison de compétition, il est impossible que je sois ivre». Mais peut-être que Loïc Meillard s'offrira au moins un deuxième verre de vin après sa première médaille d'or individuelle aux Mondiaux...