L'hiver dernier, les Autrichiens dominaient le monde du slalom. Lors de cinq des dix courses, l'un d'entre eux est monté sur la plus haute marche du podium (quatre fois Manuel Feller, une fois Marco Schwarz). Au total, ils sont montés sur neuf podiums et ont même triomphé à Gurgl (Autriche) avec un triplé. Pendant tout l'hiver, un Autrichien a été en tête du classement par discipline, et c'est finalement Manuel Feller qui a soulevé le petit globe de cristal.
Cette saison, les Autrichiens n'ont pas réussi à reproduire ces performances. Alors que des nations comme la Bulgarie, le Brésil, la Croatie ou l'Italie se sont réjouies de victoires et de places sur le podium, les Autrichiens sont toujours repartis bredouilles. Symbole de cette crise: Manuel Feller. Il s'est certes classé quatre fois dans le top 9, mais a tout aussi souvent été éliminé, notamment en tant que leader à mi-parcours à Adelboden.
Il n'a pas non plus terminé à Madonna di Campiglio (Italie). Alors qu'il s'apprêtait à battre le meilleur temps du futur vainqueur Albert Popov, il a été éliminé. Et a ensuite écrit sur Instagram: «Une course formidable pour notre sport, mais une fois de plus une claque pour mes coéquipiers et moi». Le meilleur Autrichien ce jour-là a été Fabio Gstrein, dixième.
«Le plus beau sentiment depuis longtemps»
Trois semaines plus tard, l’atmosphère a totalement changé pour ce duo. À Schladming, lors de la neuvième course de la saison, ils ont enfin soulagé toute une nation. Manuel Feller s’offre une superbe deuxième place, tandis que Fabio Gstrein, troisième, goûte pour la première fois aux joies du podium. Pourtant, au début de la seconde manche, le scénario semble se répéter : Marco Schwarz et Johannes Strolz, premiers Autrichiens en piste, sortent prématurément. Depuis la cabane des entraîneurs, ils assistent alors, impuissants, à la rédemption de leurs coéquipiers.
«Quand j’ai vu le chrono virer au vert, c’était une sensation indescriptible, la plus belle depuis longtemps», savoure Manuel Feller au micro de la SRF, avant de lâcher, sourire en coin: «Vous, les Suisses, êtes tellement habitués à gagner que vous ne ressentez même plus ça.» Il ne cache pas l’influence du public, dont l’énergie a porté les siens vers ce résultat.
Face aux caméras de l’ORF, Manuel Feller savoure, mais tempère. «Il était temps de retrouver le podium, mais on sait qu’on ne peut jamais forcer ce genre de choses.» Si ce succès tombe à point nommé, juste avant les Mondiaux (début le 4 février à Saalbach), il rappelle qu’en ski, rien n’est jamais acquis. «C’est une délivrance, bien sûr, mais chaque course est un nouveau départ.» Reste à voir si cet élan les mènera jusqu’au sommet. Verdict le 16 février, avec le slalom en point d’orgue des Championnats du monde.