«L'entraîneur m'a fracassé!»
Le jour où Daniel Albrecht a privé Didier Cuche du globe du super-G

Perdre le globe du super-G alors qu'il compte 99 points d'avance avant la dernière course? Telle est la mésaventure survenue à Didier Cuche en 2008. Le plus fou: un compatriote aurait pu empêcher le drame d'arriver. Daniel Albrecht s'en souvient particulièrement bien...
Publié: 01:09 heures
|
Dernière mise à jour: 06:54 heures
1/7
Les héros du ski suisse Daniel Albrecht (à gauche) et Didier Cuche (à droite, 2008) sont liés par une histoire très particulière.
Photo: Blicksport
RMS_Portrait_AUTOR_1182 (1).JPG
Marcel W. Perren

À la veille de la dernière descente de la saison, Franjo von Allmen se retrouve devant un défi de taille. Avec 83 points de retard sur son coéquipier Marco Odermatt au classement de la discipline, le jeune talent de l’Oberland bernois semble condamné à l’exploit.

Même s’il s’imposait sur la nouvelle piste de la station huppée de l’Idaho, une simple 14e place suffirait à Marco Odermatt pour s’adjuger le petit globe. Or, il faut remonter au 15 mars 2023, à Soldeu, pour retrouver la dernière fois où le Nidwaldien a fait moins bien – il avait terminé 15e.

Un scénario que Didier Cuche connaît trop bien

Mais Marco Odermatt le sait: rien n’est jamais joué d’avance. Didier Cuche en a fait l’amère expérience lors du dernier super-G de la saison 2007-2008 à Bormio. Avec 99 points d’avance sur l’Autrichien Hannes Reichelt, le Neuchâtelois n’avait besoin que d’une 15e place pour sécuriser le globe. Pourtant, ce jour-là, l’impensable s’est produit.

Parti avec le dossard 16, Hannes Reichelt a signé le meilleur temps, devançant Didier Défago d’un centième. De son côté, Didier Cuche, sur la retenue, s’est retrouvé en 15e position, juste à la limite des points. Restait encore un concurrent dangereux au portillon: Daniel Albrecht.

Les signaux brouillés du staff suisse

Au départ, l’encadrement de Swiss-Ski s’affole. L’entraîneur en chef Martin Rufener tente de donner des consignes par radio pour que son coureur fasse exprès de terminer derrière Didier Cuche. Mais la communication est chaotique. «Dix secondes avant de m’élancer, mon physio Philippe Pellet m’a dit de freiner pour que Didier reste dans les points. Mais un autre membre du staff n’était pas du tout du même avis», se souvient Daniel Albrecht. «J’ai donc suivi mon plan initial et tout donné pour la victoire.»

Jusqu’à l’avant-dernier temps intermédiaire, la stratégie semble fonctionner: Daniel Albrecht est en passe de déloger Reichelt. Puis vient une grosse faute. «J’ai compris que je ne pouvais plus gagner. Alors, j’ai relâché jusqu’à l’arrivée, convaincu que Didier resterait dans le top 15.»

Mais même en ralentissant, le Haut-Valaisan termine… 11e. Résultat: Didier Cuche chute à la 16e place et voit le globe lui échapper.

Les regrets d’un camp, les convictions de l’autre

Dans l’aire d’arrivée, l’ambiance est électrique. «Martin Rufener était furieux, il m’a fracassé!», se remémore Daniel Albrecht. «Didier était aussi en colère, mais uniquement contre lui-même. Il ne m’a jamais reproché quoi que ce soit.»

Dix mois plus tard, un terrible crash à Kitzbühel mettra un terme à la carrière prometteuse du Haut-Valaisan. Mais aujourd’hui, à 41 ans et après avoir gagné quatre courses, il n’a aucun regret en se retournant sur ce jour tragique de 2008. «En ski, ce ne sont pas les fédérations qui nous paient, mais les équipementiers et les sponsors. Mon job, c’était de foncer pour gagner.»

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la