L'Autriche est en deuil national depuis le dernier week-end de la Coupe du monde. Son équipe de descente, autrefois sa fierté absolue, est désormais enterrée par certains experts. Et très profondément. «Chez nous, c'est la chienlit, il n'y a plus rien à sauver. D'un point de vue purement sportif, les drapeaux sont en berne chez nous», se lamente l'ancien descendeur (4 victoires en Coupe du monde) Armin Assinger.
En effet, après quatre courses de vitesse masculines, le bilan de l'Autriche est plus que décevant. Aucune victoire, aucune deuxième place! La troisième place de Lukas Feurstein au super-G de Beaver Creek est jusqu'à présent le seul «podium» que cette (ancienne?) grande nation du ski a réussi à décrocher dans les disciplines de vitesse! Comme les techniciens n'ont eu que peu de succès lors du premier tiers de la saison (deux places sur le podium), les Autrichiens occupent la quatrième place du classement masculin des nations, derrière la Suisse, la Norvège et même... la France! Pour rappel, entre 1989 et 2019, les Autrichiens ont remporté toutes les éditions du classement es nations, sans aucune exception.
«Il nous manque l'esprit d'équipe que les Suisses ont grâce à Marco Odermatt»
L'empereur de la descente Franz Klammer (champion olympique en 1976, 26 victoires en Coupe du monde) a le cœur qui saigne en constatant la dégringolade de ses héritiers. Il y a surtout quelque chose qui l'énerve: «On s'entraîne à mon avis en trop petits groupes, il manque chez nous l'esprit d'équipe. Notre relève devrait avoir la possibilité de se mesurer à un Vincent Kriechmayr bien plus tôt». Franz Klammer jette un regard nostalgique au-delà des frontières nationales. «Vous, les Suisses, vous montrez actuellement de manière impressionnante que le ski est aussi un sport d'équipe. Marco Odermatt est un excellent équipier, il entraîne les jeunes coureurs avec lui».
Hans Knauss, qui a triomphé en 1999 sur la tristement célèbre descente du Hahnenkamm à Kitzbühel, est toujours très proche de l'équipe autrichienne en tant qu'expert de la télévision. Son jugement: «Je suis d'accord à 100% avec Franz Klammer, notre groupe d'entraînement pour la descente de la Coupe du monde est beaucoup trop petit. De plus, nous commettons l'erreur d'utiliser nos talents dans le domaine de la vitesse beaucoup trop longtemps en Coupe d'Europe. Cela ne sert à rien, car les pistes de descente à ce niveau ressemblent souvent à des autoroutes. C'est pourquoi il serait important que les jeunes garçons soient initiés le plus rapidement possible aux pistes techniquement difficiles de la Coupe du monde».
«Vincent Kriechmayr manque de décontraction»
Hans Knauss reconnaît toutefois un autre problème dans le domaine de la relève. «Le fait que le centre d'entraînement d'Innerkrems ait été fermé il y a quelques années nous fait du mal aujourd'hui. A l'époque où j'étais actif, nous pouvions très bien nous entraîner à la descente et au super-G ici. Des courses FIS y étaient également organisées. Mais comme Innerkrems n'existe plus, un talent autrichien âgé de 19 ans a aujourd'hui moitié moins de kilomètres de vitesse dans les jambes que moi au même âge». Mais pourquoi un coureur aussi expérimenté et génial que Vincent Kriechmayr ne parvient-il pas à mieux se lancer actuellement? Après avoir terminé 5e et 6e à Beaver Creek, le champion du monde de descente et de super-G de 2021 a vécu l'un des pires moments de sa carrière en terminant 55e de la descente de Saslong. Pour Franz Klammer, il est évident que «l'excellent technicien qu'est Vincent Kriechmayr manque actuellement de vitesse de base».
Hans Knauss fournit l'explication: «Il n'apporte actuellement pas la vitesse nécessaire sur les planches, car il veut tout faire avec trop de précision. Il veut pouvoir tout contrôler. Mais si tu veux maîtriser le Ciaslat à Gröden aussi rapidement que Marco Odermatt l'a fait, tu ne peux pas tout contrôler. Pour cela, tu dois être tranquille, décontracté. Et la décontraction manque complètement à Vincent Kriechmayr en ce moment».
Hans Knauss a tellement bu qu'il a vu double
Knauss donne donc un conseil extraordinaire à Vincent Kriechmayr et à ses coéquipiers: «Les gars se détendraient probablement s'ils se saoulaient vraiment une fois! Au début de la saison 1998/99, j'ai eu une phase où rien n'allait. Pendant la pause de Noël, j'ai tellement bu d'alcool lors d'une fête après-ski que j'ai vu le petit Jésus deux fois. Ensuite, je suis allé à Bormio, où j'ai manqué de peu le podium de la descente en me classant quatrième».
L'histoire ne dit pas si Vincent Kriechmayr et consorts ont bu sous le sapin et en quelle quantité. Mais ce qui est sûr, c'est que samedi (descente) et dimanche (super-G), les dernières courses de Coupe du monde de l'année sont au programme sur l'exigeante Pista Stelvio à Bormio.