La Valaisanne Camille Rast
«Je ne m'amusais plus, je n'avais plus envie»

À 23 ans, Camille Rast est l'un des plus grands espoirs du ski suisse. Mais la carrière de la Valaisanne aurait pu tourner court: elle a souffert d'une grave dépression, provoquée par la contraction d'une mononucléose.
Publié: 17.10.2022 à 11:45 heures
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Dernière mise à jour: 17.10.2022 à 11:46 heures
Après avoir bien profité de l'été, Camille Rast est prête pour le lancement de la saison, ce week-end à Sölden.
Photo: instagram/camille_rast
Mathias Germann

Camille Rast est en plein paradoxe. D'un côté, elle préférerait oublier le chapitre le plus sombre de sa vie. Mais, d'un autre, la Valaisanne de 23 ans pense qu'il est primordial de parler de la dépression dont elle a souffert, voici cinq ans, et qui aurait bien pu ruiner sa carrière.

Un jour, après une course de Coupe d'Europe, elle s'est assise, seule, dans sa chambre. «Pourquoi est-ce que je vis? Qu'est-ce que je fais dans ce monde? A-t-on vraiment besoin de moi?»: la jeune femme a raconté à «Sportlerin», un magazine alémanique consacré au sport féminin, les questions qui fusaient dans sa tête à l'époque.

La skieuse née en 1999 à Vétroz avait contracté une mononucléose infectieuse, la maladie de Pfeiffer. Elle s'en est certes remise physiquement, mais pas dans sa tête. «Lorsqu'on s'informe sur cette maladie, on lit toujours qu'il faut du temps pour retrouver la forme physique. Mais personne n'évoque les problèmes mentaux, les dépressions qui peuvent subvenir», regrette aujourd'hui Camille Rast.

«Are you okay?»

Quelques mois se sont écoulés depuis l'interview au magazine alémanique, mais le propos de la Valaisanne n'a pas changé. «Il est dommage que l'on ne parle pas davantage de santé mentale», explique aujourd'hui la jeune femme à Blick. Chez les skieurs, tout ce qui importe, c'est la performance. Qu'est-ce qui se passe dans la tête des athlètes? Personne ne le sait.»

L'espoir du ski suisse a trouvé d'autant plus pertinent un message dans les toilettes du village olympique de Pékin. «Are you okay?», interpellait-il. Lorsqu'elle était adolescente, personne ne lui a jamais posé cette question, se souvient Camille Rast. Il suffisait que ses résultats soient bons pour que tout le monde suppose que tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Tout le monde se soucie des performances, mais moins de ce qui se passe dans la tête des athlètes, estime la Valaisanne.
Photo: Keystone

Pourtant, sous le casque de la Valaisanne, cela bouillonnait. «Je ne m'amusais pas. Je n'avais tout simplement pas envie de faire ce que je faisais. Je me demandais constamment s'il ne valait pas mieux que j'arrête», se souvient Camille Rast. Elle ne l'a finalement pas fait.

Même lorsqu'une grave blessure (déchirure des ligaments croisés) a entravé sa progression, la Valaisanne s'est accrochée. «Aujourd'hui, mon corps a davantage de réserves qu'avant», se félicite-t-elle même. Cette passionnée de VTT bénéficie d'un environnement sain qui la soutient. «Je suis sur une voie stable.»

Changer de skis, un déclic

Et cela se reflète dans les performances. Camille Rast reste sur une belle saison, ponctuée par une 20e place à la Coupe du monde de géant et 16e à celle de slalom. «Je veux entrer dans le Top 15 dans les deux disciplines», annonce la jeune femme.

Ses soucis de genoux en fin de saison dernière? Oubliés. «Il y avait un peu de chaos, mais ça a été réglé», se réjouit la skieuse. C'est, entre autres, un changement de lattes qui a permis le déclic, avec un passage de Head à Salomon. «Il y a encore beaucoup de travail, mais j'ai du plaisir. Cela m'a donné un coup de fouet.»

«Je veux entrer dans le Top 15 en géant et en slalom», annonce la skieuse de Vétroz.
Photo: Keystone

Voilà qui est positif, à quelques jours du lancement de la saison de ski alpin sur le glacier de Rettenbach, à Sölden (Autriche). Avec une Camille Rast aux avants-postes? «Je suis généralement lente à démarrer l'hiver», tempère la Valaisanne avec un sourire. Il est vrai qu'en trois tentatives (2016, 2020 et 2021), elle n'a jamais atteint la deuxième manche du géant d'ouverture. «Je ne peux donc que surprendre en bien», glisse avec malice la skieuse, débarrassée de ses soucis.

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