Le pape du ski allemand Felix Neureuther l'a affirmé sans ambages avant l'événement par équipes: «Ce que nous allons vivre lors de l'ouverture des championnats du monde n'a rien à voir avec le ski.» Il a ainsi taclé une épreuve qui sera sans doute organisée pour la toute dernière fois lors d'un grand événement.
Mais le fait est que tous les participants souhaitent une médaille lors de l'épreuve par équipe. Pareil pour les chefs de fédération de toutes les nations. Leur objectif: effacer d'emblée le zéro du tableau des médailles, évacuer la plus grande pression et sabrer le premier champagne. C'est exactement ce que fait l'équipe suisse. Wendy Holdener, Delphine Darbellay, Luca Aerni et Thomas Tumler décrochent l'argent.
Le quatuor de ski suisse n'a pas à s'excuser pour cela. Bien au contraire. Il saisit sa première chance. Dans le cas de Delphine Darbellay, c'est aussi la seule – elle ne participera pas à d'autres courses de Championnats du monde. Sans avoir jamais remporté de point en Coupe du monde, la jeune skieuse de La Fouly (VS) se réjouit de cette médaille d'argent. «J'ai déjà ressenti une certaine pression, mais je me suis concentrée sur le travail. Nous avons eu une super ambiance dans l'équipe.»
Mais reprenons les choses dans l'ordre. Après que le président de la FIS Johan Eliasch a officiellement ouvert les Championnats du monde, Lena Dürr (Allemagne) et Nika Tomsic (Slovénie) sont les premières à s'extirper des starting-blocks à 15h15. Les huitièmes de finale commencent. Sans la Suisse et l'Autriche – elles bénéficient d'un laissez-passer. Pourquoi? Seules 14 équipes se sont inscrites.
Coup de gueule en Autriche
Même sans les deux grands noms du ski, le premier tour se déroule comme tout le monde l'attendait: il est ennuyeux à mourir. Pourquoi? Parce que les Argentins, les Ukrainiens et les Polonais et Britanniques sont dépassés par la pente raide. La plus grande émotion pour le public est la chute du Britannique Owen Vinter – le jeune homme de 22 ans a effacé trois panneaux publicitaires et le sac à dos d'un assistant lors de sa chute.
Toujours est-il que les choses deviennent plus intéressantes en quart de finale. Bien sûr, la Suisse se mêle à l'action. Mais le duel avec l'Allemagne tourne presque au fiasco. Finalement, Thomas Tumler sauve l'équipe avec son super temps de 24"06 – il bat le très fort Linus Strasser. La demi-finale est atteinte. C'est quelque chose que l'Autriche n'arrive pas à faire – un casseur d'ambiance pour le pays hôte.
La recette du succès à haute teneur en alcool
En demi-finale, la Suisse élimine ensuite les États-Unis, tenants du titre – Thomas Tumler brille à nouveau. Comment y est-il parvenu? Il y a trois raisons particulières qui ont contribué à sa transformation étonnante d'homme aux nerfs fragiles en coureur de haut niveau. Son amour pour la Glaronnaise Svenja Hefti, qu'il a épousée l'été dernier, lui a donné des ailes. Thomas Tumler a réussi à maîtriser ses nerfs grâce à une recette à haute teneur en alcool. «Il m'est arrivé d'être tellement nerveux la nuit avant une course que j'avais du mal à dormir. Mais depuis que je bois un petit shot de whisky la veille de la compétition, je dors vraiment bien.»
Mais le pas que ce fan passionné du Bayern Munich a franchi en 2020 a également été déterminant – Thomas Tumler est alors passé des skis Fischer à ceux de Stöckli. Avec Marco Odermatt, il y a trouvé le parfait compagnon de marque. «Sans le soutien de Marco et de Stöckli, je n'aurais très certainement plus réussi à atteindre le sommet», estime Thomas Tumler, qui donne un exemple: «Avant, je me fixais une semaine avant la course sur un setup de matériel, jusqu'à ce que je remarque qu'Odi changeait souvent de skis cinq minutes avant le départ. À un moment donné, j'ai compris que je devais faire de même.»
Mais en finale contre l'Italie, Thomas Tumler et ses coéquipiers se font coiffer au poteau. Wendy Holdener se réjouit néanmoins de l'argent. C'est sa septième médaille aux championnats du monde: «J'avais besoin de l'équipe, car je ne me sentais pas toujours à l'aise et j'avais quelques problèmes de timing.» Elle était particulièrement motivée parce qu'elle avait entendu à la radio que les Suisses avaient une équipe B au départ: «Il ne faut pas se voiler la face.»
Thomas Tumler va-t-il aussi frapper en géant?
Revenons à Thomas Tumler. Il remporte une médaille aux championnats du monde. Mais il ne fait aucun doute que le métal précieux du géant de vendredi prochain serait encore plus important pour lui. L'exemple de Daniel Yule prouve qu'en ski alpin, une distinction obtenue lors d'une compétition par équipe n'a pas du tout la même valeur qu'une médaille individuelle.
Le Valaisan a offert sa médaille d'or par équipe aux Championnats du monde 2019 à son entraîneur Matteo Joris. «J'ai certes gardé la médaille d'or olympique que j'ai remportée en 2018 avec l'équipe. Mais cette distinction ne signifie pas autant pour moi que mes deux victoires à Kitzbühel», constate Daniel Yule.