Bien que Justin Murisier enchaîne les bonnes performances cet hiver en Coupe du monde, le vainqueur de la descente de Beaver Creek est actuellement assez remonté. La raison? Les déclarations du responsable des courses de vitesse à la FIS, Hannes Trinkl (56 ans), qui ont mis le Valaisan de mauvaise humeur. Le champion du monde de descente 2001 a en effet plaidé cette semaine, sur la chaîne autrichienne Servus TV, pour un ultime désamorçage du ski.
L'Autrichien souhaite interdire complètement les attelles en carbone destinées à protéger les tibias et réclame des combinaisons de course uniformes et plus épaisses, une réduction du tuning des carres et une préparation des pistes avec moins d’eau. «C’est lorsque nous avons utilisé peu d’eau lors de la mise en place, comme à Val Gardena, que nous avons eu le moins de blessures cet hiver», justifie-t-il.
Murisier démonte les arguments de Trinkl
Le Valaisan ne tarde pas à réagir: «Comparée à Kitzbühel, Bormio ou Beaver Creek, la descente de Val Gardena est une piste de ski de fond. La faible liste de blessés n’a, selon moi, rien à voir avec la quantité d'eau utilisée. Il y a moins de chutes graves sur la Saslong, car cette piste est tout simplement moins exigeante que la Streif, la Bird of Prey ou la Stelvio».
Le Valaisan ne s’arrête pas là: «Les responsables de la FIS tentent de rejeter sur les autres les erreurs qu’ils ont eux-mêmes commises. La FIS doit enfin garantir une préparation uniforme des pistes en Coupe du monde. Cela réduirait les risques de blessures graves».
L’idée d’introduire des combinaisons de course plus épaisses et donc plus lentes ne convainc pas non plus Murisier, qui qualifie cette proposition de «pure absurdité»: «Avec de telles combinaisons, nous serions certes plus lents dans les parties de glisse, mais nous prendrions davantage de vitesse dans les virages».
La comparaison avec la Formule 1
Walter Reusser, qui partage le poste de CEO de Swiss Ski avec Diego Züger, donne raison à Murisier: «Cet hiver à Wengen, on a réduit la vitesse dans l'Alpweg. Mais comme les coureurs ont ainsi pu aborder le Brüggli-S de manière beaucoup plus directe, la vitesse de sortie était exactement la même que les années précédentes».
Reusser pousse la réflexion plus loin: «En Coupe du monde, nous courons sur des pistes qui, en grande partie, sont aussi utilisées par des touristes en hiver. C’est comme si l’on courait en Formule 1 sur des routes cantonales. Et si un pilote de F1 s’écrasait contre un arbre au bord de la route, celui-ci ne serait certainement plus là lors de la prochaine course. Il appartient maintenant à la FIS de transformer ces pistes touristiques en véritables pistes de course, pour que nos athlètes puissent attaquer sans compromis».
Une chose est sûre: le dernier mot est loin d’être dit dans ce débat.