Ce bilan intermédiaire est un véritable coup de tonnerre: lors des 14 premières courses de Coupe du monde de cet hiver, les hommes suisses ont décroché 15 podiums (sept victoires). Malgré cela, l'équipe de l'entraîneur en chef Tom Stauffer compte actuellement deux skieurs un peu plus en retrait.
Ces deux «canards boîteux» s'appellent Ramon Zenhäusern et Marc Rochat. Le Haut-Valaisan, qui avec six victoires en Coupe du monde est le deuxième slalomeur le plus titré de l'histoire de Swiss Ski après Daniel Yule, n'a jamais fait mieux que 20e cette saison (Levi). Lors des derniers slaloms de Val-d'Isère et d'Alta Badia, le géant (il mesure plus de deux mètres) a manqué la qualification pour la deuxième manche. Les statistiques du Vaudois Marc Rochat sont encore pires, puisqu'il a été éliminé quatre fois en quatre slaloms. Néanmoins, «la Roche» reçoit plus de crédit que Ramon Zenhäusern de la part du champion du slalom Didier Plaschy (51 ans, deux victoires en Coupe du monde). «Chez Marc, j'ai le sentiment que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne termine deux bonnes manches. Mais Ramon est actuellement trop loin pour moi».
«Il se tient trop raide sur les skis»
Il y a quinze ans, Didier Plaschy était l'entraîneur de Ramon Zenhäusern dans le groupe Future de Swiss Ski et il est encore aujourd'hui ami avec le père de Ramon, Peter. L'analyse de Didier Plaschy sur les récentes performances du médaillé d'argent olympique de 2018 est toutefois impitoyable: «Ramon est à la recherche de son virage rapide, je ne l'ai pas encore vu prendre un virage correct cet hiver. Il se tient beaucoup trop raide sur les skis, il n'est pas équilibré.»
Didier Plaschy estime que les chances que le prochain slalom à Madonna di Campiglo (Italie) représente un tournant positif pour le skieur de 32 ans sont faibles: «Ramon ne s'est jamais classé dans le top 10 sur la pente de Madonna, même dans la meilleure phase de sa carrière». Dans sa condition actuelle, il aurait besoin de poudreuse et d'une piste plutôt plate pour retrouver un bon rythme. «Mais il ne trouvera pas de telles conditions lors de cette classique de slalom en Italie».
Un peu plus d'espoir pour Marc Rochat
Marc Rochat ne s'est jamais classé parmi les dix premiers sur cette pente raide et souvent verglacée. Cependant, le Lausannois bénéficie du soutien de Manfred Mölgg, chef de course chez son équipementier Nordica, qui a réussi à se hisser sept fois dans le top 9 sur cette piste exigeante.
Le Tyrolien du Sud a eu un long entretien avec Marc Rochat juste avant Noël. Il comprend parfaitement pourquoi le Vaudois, qui avait impressionné l'an dernier avec quatre classements dans le top 6, rencontre actuellement des difficultés: «Après les échecs à Levi et Gurgl, Marc voulait absolument obtenir un résultat lors des deux dernières courses et a donc été trop prudent. Or, en slalom, la prudence entraîne souvent un manque de timing, ce qui conduit à des fautes techniques.»
Manfred Mölgg, vice-champion du monde de slalom en 2007, a connu une situation similaire à celle de Marc Rochat: «Je suis sorti deux fois du top 30 de la liste de départ de la Coupe du monde. En 2007, j'ai abordé le slalom d'Adelboden en partant 58e. C'est là que j'ai compris qu'il n'y avait plus qu'une chose à faire: attaquer sans compromis.»
Avec ce numéro de départ élevé, Manfred s'est classé sixième au Chuenisbärgli. «Quelques semaines plus tard, j'ai remporté l'argent aux championnats du monde à Are.» Il est convaincu que Marc Rochat peut suivre le même chemin: «S'il se concentre sur une technique propre, s'il ne cogite pas trop et pousse ses limites, Marc peut très vite retrouver l'élite mondiale.»
La première manche du slalom nocturne de Madonna di Campiglio se déroulera mercredi à 17h45.