Les pépites du week-end de Coupe du monde

La magie de Wengen, un baiser sanglant et le hat-trick de Lara Gut-Behrami

Mathias Germann et Marcel W. Perren

Les hauts fonctionnaires du comité d'organisation du Lauberhorn et de Swiss Ski sont vraiment en colère après le premier entraînement de la plus longue descente du monde, car de nombreux athlètes se prononcent publiquement contre trois courses de vitesse en trois jours. Mais ce qui se passe ensuite donne entièrement raison aux critiques de ce programme monstre: avec Alexis Pinturault (France, 32 déchirure des ligaments croisés en Super-G) et Aleksander Aamodt Kilde (victime d'une profonde coupure dans la jambe et d'une luxation de l'épaule lors de la descente), deux stars de haut niveau font une chute si violente qu'elles sont forfaits pour le reste de la saison. Le Bernois de l'Oberland Marco Kohler, qui avait commencé cet hiver de descente de manière très prometteuse avec une 8e place à Val Gardena (Italie) et une 10e place à Bormio (Italie), s'est déchiré le ligament croisé lors de la descente raccourcie de jeudi. Le directeur de course de la FIS, Markus Waldner, a annoncé des conséquences après cette série de blessures: «Le programme des courses était manifestement surchargé ici, à l'avenir nous ne rattraperons plus jamais une course qui a été annulée comme dans ce cas à Beaver Creek. Du moins, pas tant que je serai directeur de course».

Les Autrichiennes profitent impitoyablement de l'avantage de skier à domicile à Zauchensee - elles se sont entraînées trois jours sur la piste - et décrochent des places de podium à la pelle. La conséquence? Elles transforment leur retard de 99 points sur la Suisse au classement des nations féminines en une avance de 10 points. Dimanche, Lara Gut-Behrami les surpasse et remporte le Super-G. Et notre pays voisin se montre généreux! Comme Lara Gut-Behrami a réalisé le temps total le plus faible sur les trois courses (4:15,42 minutes), elle reçoit un bon: «Une semaine de vacances d'été pour deux personnes à Sankt Anton am Arlberg». Est-ce qu'elle et son mari l'utiliseront en 2024? Elle a déjà gagné un bon en 2021 et 2022. Maintenant, elle remporte le triplé.

Le lendemain de sa chute dans le S d'arrivée, Kilde publie un selfie d'amour particulier pris à l'hôpital: alors que le Norvégien est allongé sur son lit, accroché à des tuyaux et le visage couvert de traces de sang, son amie Mikaela Shiffrin (28 ans) lui dépose un baiser sur le front. La championne a renoncé à sa participation aux courses de Coupe du monde de Zauchensee et s'est rendue à Berne, où son grand amour est stationné depuis samedi. «Je suis soignée ici par la seule vraie Mikaela Shiffrin. Et on m'a rafistolé», écrit Kilde sur son canal Instagram, en remerciant sa communauté de fans pour «tous les beaux mots d'encouragement». «Ce sport peut être si brutal, mais je l'aime quand même». En clair, cela signifie que le skieur de 31 ans repartira à l'assaut avec passion l'hiver prochain.

Sofia Goggia (31 ans) est et reste la reine incontestée de la descente. Elle s'impose avec brio samedi et se réconcilie avec la piste du Kälberloch, sur laquelle elle s'est déjà envolée à plusieurs reprises. Une raison de se réjouir? Bien sûr que oui! Mais environ une heure après son arrivée, la farouche Italienne pleure sans retenue. «Ce n'étaient pas des larmes de joie», dit-elle. Et: «Je n'ai pas le droit de dire certaines choses». Apparemment, Goggia a envoyé balader son entraîneur de condition physique il y a un peu plus d'une semaine - la séparation semble avoir laissé des traces.

Le génie de Marco Odermatt (26 ans) s'exprime tout particulièrement dans le fameux S du Brüggli. Alors qu'Aleksander Aamodt Kilde avait triomphé au Lauberhorn l'année dernière, bien qu'il ait pris le virage en épingle à cheveux à l'entrée du Brüggli, le Nidwaldien passe ce passage à fond. Et c'est pourquoi il n'y a actuellement qu'un seul athlète capable de tenir tête au double vainqueur du classement général de la Coupe du monde dans les disciplines de vitesse: le Français Cyprien Sarrazin (29 ans) a remporté le super-G du Lauberhorn devant Odermatt. Lors des deux descentes, le magicien du lac des Quatre-Cantons a relégué le sanglier du sud-est de la France aux places d'honneur. Notamment grâce à sa courbe magique dans le S du Brüggli.

Pour ses débuts au Lauberhorn, l'Obersimmentalois Franjo von Allmen (22 ans) reçoit un concentré de frustration et de bonheur. Lors de la descente raccourcie de jeudi, le jeune homme de 22 ans est éliminé avec le dixième meilleur temps intermédiaire, car son coéquipier Marco Kohler s'est méchamment crashé à l'entrée du Haneggschuss. Avant que le charpentier de formation ne soit ramené au départ par hélicoptère, Beat Feuz doute à la SRF d'une fin heureuse pour FvA: «Franjo sera certes content de ce court vol en hélicoptère, mais ce genre de chose fait complètement perdre le rythme à un jeune athlète. Et les carres de ses skis ne seront plus aussi bonnes lors du deuxième départ».

Mais dans ces conditions brutales, von Allmen fournit la preuve qu'il a un potentiel fou - il se classe 14e. 24 heures plus tard, Franjo ressent un pincement au genou après sa chute en super-G! Sa saison est-elle terminée prématurément? Au contraire! Von Allmen surmonte ce revers à une vitesse record et se classe à nouveau 14e samedi. Comme le village natal de von Allmen, Boltigen, n'est qu'à 53 kilomètres de Wengen, de nombreux amis et parents l'acclament depuis la tribune. Les fans de Franjo se font appeler les «Franatiker».

La ski-kiwi Alice Robinson (22 ans) est souvent qualifiée de skieuse kamikaze. Mais la Néo-Zélandaise n'a pas seulement un style de ski sauvage, elle a aussi de l'humour. Après avoir embrassé la neige lors d'une chute à l'entraînement de la descente de Zauchensee, elle poste une photo avec le nez en sang et la lèvre inférieure gonflée. «Botox naturel», écrit-elle en dessous. Les choses ne se passent ensuite pas mieux lors des courses: elle participe aux deux super-G et se classe 25e et 21e.