Tout est prêt sur le Corviglia, au-dessus de St-Moritz. Du soleil, 5000 fans, une piste parfaite. Et la reine du ski suisse au départ: Lara Gut-Behrami. Après sa victoire en Super-G la veille, elle est à nouveau la grande favorite.
Mais 39 secondes après le départ, l'inconcevable se produit. Elle aborde un virage à gauche trop directement, glisse, et reste d'abord sur ses skis. Mais la chute est inévitable. Elle perd l'équilibre à près de 100 km/h, traverse deux filets B et s'immobilise quelques mètres plus loin.
Les médecins l'examinent de près
«Tout à coup, il y a eu un grand silence dans l'aire d'arrivée», raconte Michelle Gisin (10e), partie juste avant Lara Gut-Behrami. «Dans ces moments-là, je préfère ne pas regarder. J'ai trop été marquée par de mauvaises chutes et par l'incertitude autour d'elles», témoigne-t-elle.
La crainte est palpable dans l'air. Quelle est la gravité de la blessure de la Tessinoise? De mauvais souvenirs remontent de février 2017, lorsqu'elle s'était déchirée le ligament croisé lors de l'entrée en piste pour le slalom combiné des championnats du monde.
Mais peu après, on la voit s'asseoir, alors que le traîneau de sauvetage est déjà là, tout comme l'entraîneur en chef de l'équipe féminine, Beat Tschuor. Cinq minutes plus tard, c'est le soulagement. La double championne du monde enfile la veste d'un secouriste et franchit la ligne d'arrivée.
Si la descendeuse souffre de violentes contusions, notamment au buste et à l'épaule, ses os et ses tendons semblent saufs. «Elle est rentrée à l'hôtel, et les médecins l'ont examiné de près», explique le directeur du ski alpin suisse Walter Reusser.
Dimanche en fin d'après-midi, des nouvelles plutôt rassurantes tombent: la Tessinoise a subi un coup violent à l'épaule et un choc. Des examens sont encore en cours en vue d'un diagnostic plus précis.
Un tracé trop rapide?
Même si Lara Gut-Behrami a eu de la chance dans son malheur, rien ne laissait présager un tel crash de la meilleure skieuse suisse. Depuis son accident il y a quatre ans, elle n'a pratiquement plus chuté. Au cours des 67 dernières courses, elle n'a pas eu d'accident, et ce malgré le fait qu'elle ait la ligne la plus étroite et la position accroupie la plus basse du circuit de ski. Michelle Gisin cherche une explication: «Quand on a autant de confiance que Lara, on essaie de tout donner. Et dans ces conditions, cela comporte des dangers.»
Ce qui interpelle la skieuse d'Engelberg, c'est que le vent arrière était fort sur le Corviglia. Si fort qu'il a été décidé de décaler vers le bas pour le départ de réserve. Même avec ces mesures, il soufflait encore violemment. À cela s'ajoute la neige. Et surtout: le dessin du tracé. L'experte de la SRF Tina Weirather a analysé la situation à l'antenne. «Le tracé est trop rapide, dit-elle. Ces vagues, la neige, le vent arrière. Le jury doit intervenir.»
Trop rapide pour les skieuses de slalom?
Wendy Holdener abonde également dans ce sens: «Je trouve aussi que ça allait trop vite. Pour moi, c'était déjà rapide hier. Mais je suis une skieuse de slalom, d'autres pensent différemment.» Par exemple Michelle Gisin, qui parle d'un «tracé cool». Ou la star américaine Mikaela Shiffrin, qui a trouvé que la veille, c'était «plus effrayant» en raison de la lumière plus plate.
Quoi qu'il en soit, c'est l'italienne Federica Brignone qui s'est imposée (Gut-Behrami était à égalité avec elle au dernier temps intermédiaire). Avec cinq skieuses dans le top 16, la Suisse n'est pas en reste.
(Adaptation par Alexandre Cudré et Daniella Gorbunova)