«C'est absolument scandaleux»
Le monde du ski furieux contre la FIS à cause de la wildcard de Hirscher

La FIS facilite énormément le retour à la compétition de Marcel Hirscher (35 ans) en lui offrant notamment une Wild Card fraîchement créée. Cette nouveauté suscite de vives réactions.
Publié: 03.08.2024 à 15:05 heures
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Avant même la première course, le retour de Marcel Hirscher suscite de nombreuses discussions.
Photo: Sven Thomann
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Marcel W. Perren

Il ne reste plus que douze semaines avant le lancement de la prochaine saison de Coupe du monde avec les slaloms géants sur glacier à Sölden (Autriche). Pourtant, l'ambiance est déjà très tendue.

Le facteur déterminant est une modification des règles que la FIS a manifestement effectuée pour le retour de Marcel Hirscher. Les athlètes qui, comme le néo-Hollandais, ont remporté par le passé le classement général de la Coupe du monde, la Coupe du monde par discipline, l'or aux Championnats du monde ou aux Jeux olympiques, peuvent prétendre à une wildcard lors de leur retour en Coupe du monde après une pause de deux à dix ans.

Nouveauté qui rend de nombreux athlètes et dirigeants furieux, notamment car cette wildcard permet de réaliser un grand saut dans la liste de départ. Comme Hirscher a été éjecté du top 300 des classements mondiaux de géant et de slalom depuis sa retraite en 2019, il devrait, selon le règlement initial de la FIS prendre le départ avec un numéro autour de 60. Mais après la révision du règlement lors du dernier congrès de la Fédération internationale de ski, l'octuple vainqueur du classement général de la Coupe du monde pourra prendre le départ des courses de l'hiver prochain avec le numéro 31.

Les athlètes et les entraîneurs montent au front

«C'est absolument scandaleux», s'insurge l'Autrichien Christian Leitner (59 ans), qui a été l'entraîneur du Finlandais Kalle Palander, devenu champion du monde. Leitner, qui dirige aujourd'hui une Race Academy à Kitzbühel, motive son avis: «Cette nouvelle règle est une gifle pour chaque jeune athlète qui doit se battre dur pour obtenir sa place dans le premier tiers de la liste de départ. Hirscher a tout gagné. Il n'a pas besoin de la charité, surtout qu'il souligne constamment qu'il ne revient pas à la compétition avec de grandes ambitions sportives, mais par pur plaisir seulement. J'aurais pu vivre avec s'il avait bénéficié de cette autorisation spéciale pour une seule course. Mais certainement pas pour une saison entière».

Le Valaisan Justin Murisier, qui a obtenu l'hiver dernier ses premiers résultats dans le top 4 des disciplines de vitesse, a, lui aussi, des mots très clairs sur cette affaire. «Personnellement, j'aime beaucoup Marcel Hirscher et comme je suis passé ces dernières années du statut de spécialiste du slalom géant à celui de skieur de descente et de super-G, cette nouvelle règle ne me concerne que marginalement. Je suis tout de même en colère», confie le skieur de 32 ans. «Les représentants de la Fédération internationale de ski soulignent toujours que le fair-play doit être au centre de chaque règle. C'est pourquoi les pistes sont verglacées, afin que le plus grand nombre possible de coureurs puisse bénéficier de conditions identiques lors des courses. Mais pour Marcel Hirscher, on ajoute une règle qui n'est définitivement pas équitable», poursuit le Valaisan.

«La FIS ne dit pas la vérité»

Dans cette affaire, la communication de la FIS met également les athlètes en colère. Selon un communiqué officiel, ce changement de règle aurait été discuté avec les athlètes. «Personne ne m'a parlé de cela avant le congrès de la FIS, partage Daniel Yule (31 ans, 7 victoires en Coupe du monde). Et si on m'avait demandé mon avis, j'aurais plutôt dit non à cette wildcard pour les anciens champions, même si un Marcel Hirscher représente incontestablement une valeur ajoutée pour notre sport».

Le vice-champion du monde de slalom grec AJ Ginnis (29 ans) secoue également la tête: «Si la FIS dit que cela a été discuté avec les athlètes, ce n'est pas la vérité. Dans le groupe Whatsapp, sur lequel se trouvent tous les spécialistes techniques de la Coupe du monde, personne n'était au courant. Cela me rappelle l'année dernière, lorsque la FIS voulait introduire le combiné par équipe. À l'époque aussi, la fédération internationale avait fait savoir qu'elle avait parlé aux athlètes, alors qu'en réalité, cela ne s'était pas produit». Pour Yule et Ginnis, il est clair qu'avec la wildcard d'Hirscher, outre l'équité, un élément supplémentaire très excitant est tué: «Il aurait été très intéressant pour tous les observateurs de voir comment un aussi grand champion que Hirscher se débrouille avec un numéro élevé sur une piste abîmée. Mais cela n'arrivera pas».

Le patron de Swiss Ski défend la nouvelle règle

Néanmoins, on trouve aussi chez Swiss Ski une personnalité de haut rang qui comprend le traitement spécial accordé à Hirscher et il s'agit du président de la Fédération Urs Lehmann (55 ans). «D'un point de vue purement sportif, je peux comprendre que les athlètes froncent les sourcils à cause de cette décision. Mais d'un point de vue économique, la wildcard d'Hirscher représente une opportunité pour tous les coureurs. Je suis sûr que quelques millions de personnes supplémentaires regarderont la télévision dans le monde entier lorsqu'un grand champion comme Hirscher fera son retour à Sölden. Et avec de meilleures audiences télévisées, la valeur marchande de tous les skieurs augmente». Justin Murisier reste toutefois sceptique: «Je ne pense pas que je gagnerai plus d'argent si Marcel Hirscher prend le départ avec le numéro 31 au lieu du 55».

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