Malgré le triomphe sensationnel d’Alexis Monney en descente, le président de Swiss-Ski Urs Lehmann porte un regard inquiet sur le week-end de Coupe du monde à Bormio. «Nous ne pouvons pas continuer ainsi dans notre sport. Il ne faut pas qu’il y ait autant de blessés lors d’une manifestation», a déclaré le chef de la fédération, âgé de 55 ans.
Il faut dire que le bilan du week-end est en effet horrible d’un point de vue médical: après la grosse chute en descente du vainqueur de l’année dernière Cyprien Sarrazin, celle de Josua Mettler, ou de l’Italien Pietro Zazzi, Gino Caviezel a, lui aussi, été violemment touché dimanche lors du Super-G. Selon les informations de Blick, le Grison de 32 ans s’est déchiré les ligaments du genou droit. La saison est terminée pour lui.
Des mots clairs
Face à la série de blessures, des experts comme l’Autrichien Hans Knauss appellent à limiter l’évolution d’un matériel toujours plus axé sur la vitesse. Certains observateurs pointent notamment du doigt la chute de Cyprien Sarrazin, qu’ils attribuent à sa chaussette en carbone enveloppant la jambe inférieure. Ce dispositif lui aurait permis de choisir une trajectoire trop agressive et directe. Mais Helmut Krug, entraîneur en chef du slalom géant suisse, rejette cette théorie: «Josua Mettler et Lars Rösti sont passés exactement au même endroit que Sarrazin, sans utiliser de protège-tibia en carbone. Le véritable problème à Bormio, comme à Alta Badia et Val-d’Isère, était la qualité insuffisante de la préparation de la piste!»
Lars Rösti, qui s’en est sorti miraculeusement sans blessures graves lors de sa chute, déplore quant à lui les irrégularités de la «Pista Stelvio»: «A l’endroit où Cyprien, Josua et moi avons chuté, il y avait un passage glacé très agressif. Ce n'est tout simplement pas acceptable.»
Urs Lehmann, qui a été champion du monde de descente à Morioka en 1993, suggère aux responsables de la FIS de revoir le calendrier de la Coupe du monde: «A mon avis, Bormio n’est pas le bon endroit pour organiser des courses de vitesse en décembre, les courses y devraient être programmées dans le dernier tiers de la saison. En tant que coureur actif, j’ai pu constater en 1995 lors de la finale de la Coupe du monde que les conditions à Bormio étaient bien meilleures en février ou en mars. Les conditions de neige, mais surtout de lumière, étaient alors bien plus agréables qu’en décembre», se souvient-il.
Une descente éclairée?
Mais quelle station se prête mieux que Bormio à une descente pendant la semaine de la Saint-Sylvestre? Urs Lehmann plaide pour une course révolutionnaire en Autriche: «Dans la station de Saalbach-Hinterglemm, on pense organiser une descente de Coupe du monde à l’avenir, le soir et sous les projecteurs. Je trouve cette idée formidable!»
L’ancien descendeur de classe mondiale Bartl Gensbichler (68 ans, 1 victoire en Coupe du monde) confirme dans un entretien avec Blick l’intérêt pour l’organisation d’une course éclairée. «Je trouverais merveilleux que nous puissions organiser une descente en prime time à la télévision.» Mais dans la foulée, l’homme précise aussi «que nous ne serons pas encore prêts l’année prochaine pour une descente de Coupe du monde sous les projecteurs. Pour la réalisation de ce projet, nous avons besoin d’un peu plus de temps». La patience est donc de mise, en espérant que les graves blessures ne s’accumulent pas sur le circuit.