Blick rend visite au gymnase sportif de Davos
Rencontre avec les futures stars du sport suisse

Leur programme est si dense qu'il ne leur reste guère de temps pour s'ennuyer de leurs proches. Elena Stucki (16 ans), Andrina Gansner (15 ans) et Elyssa Kuster (16 ans) racontent leur quotidien au gymnase sportif de Davos, dans les Grisons.
Publié: 04.04.2022 à 15:32 heures
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Elyssa Kuster (à gauche) et sa colocataire Romina dans leur chambre à Davos.
Photo: BENJAMIN SOLAND
Mathias Germann (texte) et Benjamin Soland (photos)

Ils sont au total 148 à suivre des cours au gymnase sportif de Davos (GR). Ces sportifs et sportives sont jeunes, remplis d’espoir et de passion. Pourtant, le rêve du sport de haut niveau ne se réalisera que pour quelques-uns. «Je pense qu’entre 2 et 5% d’entre eux parviendront au sommet», déclare Urs Imboden.

Cet ancien slalomeur de classe mondiale est entraîneur au gymnase sportif de Davos, où il forme jour après jour les futures pépites du ski suisse. «Même si beaucoup de mes élèves ne pourront pas devenir professionnels, ils suivent ici une école de vie que personne ne pourra leur enlever», assure-t-il.

Blick donne rendez-vous à trois skieuses de talent pour en savoir plus sur leur quotidien de sportif d’élite. La journée commence à 7h50 avec des cours classiques: mathématiques, chimie, allemand – jusqu’à midi, c’est surtout le cerveau qui doit travailler. Elena Stucki, 16 ans, est en deuxième année de formation à Davos. Elle est originaire d’Obersaxen dans les Grisons, mais elle vit à l’internat et rentre chez elle le week-end, du moins lorsqu’il n’y a pas de course.

L'ex-crack du slalom Urs Imboden est l'un des entraîneurs de ski. Il forme ses élèves pendant des années.
Photo: BENJAMIN SOLAND

«Mon père est conducteur de travaux, ma mère est concierge. Parfois, j’aimerais bien être avec eux. Mais cela me convient bien ici, mon but est d'arriver au sommet», explique-t-elle. Son modèle? L'Américaine Mikaela Shiffrin, peut-être la meilleure skieuse de tous les temps. La discipline reine pour Elena Stucki est le slalom. Les cours de sciences ou d'allemand, très peu pour elle. «Mais il faut passer par là. Je ne suis pas une exception», affirme-t-elle, lucide.

Quatre élèves sur cinq obtiennent leur diplôme

Le lycée sportif n’est pas uniquement destiné aux futurs skieurs professionnels. Il y a aussi des hockeyeurs, des skieurs de fond, des snowboardeurs et même des golfeurs. Mais le ski alpin reste la principale discipline. Pas moins de 80% des athlètes du NLZ Ost, l’un des trois centres nationaux de performance, vont à l’école à Davos.

Certains arrivent ici à 14 ans, beaucoup à 15 ou 16 ans. Si tout se passe comme prévu, ils auront leur maturité en poche à l’âge de 20 ans à peine. Il est également possible d’obtenir un diplôme de commerce. «La charge de travail globale est élevée, car en règle générale, une demi-journée est consacrée à l’entraînement et l’autre demi-journée est réservée à l’école», explique le recteur Urs Winkler. Malgré les difficultés, quatre élèves sur cinq obtiennent leur diplôme.

Elena Stucki pose dans la salle de classe. Elle est originaire d'Obersaxen, mais vit à l'internat.
Photo: BENJAMIN SOLAND

Pour Andrina Gansner, 15 ans, le chemin est encore long. Après un entraînement de prophylaxie dans la salle d’athlétisme du gymnase, elle raconte: «Contrairement à beaucoup d’autres, je n’habite pas à l’internat, mais chez mes parents dans le Prättigau. Je trouve cela agréable de voir ma famille tous les jours. C’est quand même strict. Le matin, je me lève à 5h40 et le soir, je suis à la maison vers 19 heures. Souvent, j'ai encore d'autres tâches à faire ensuite.» Malgré tout, elle n’a jamais regretté sa décision d'effectuer cette formation à Davos. «Je suis ici depuis sept mois et je trouve ça vraiment cool», sourit-elle.

Emploi du temps chargé

Plus d’un élève du gymnase sportif a déjà réussi à faire le saut en Coupe du monde. Sandro Simonet, Vanessa Kasper, Selina Egloff ou Stephanie Jenal par exemple. Tous se sont montrés flexibles, le temps étant précieux pour un rythme optimal. Elyssa Kuster, 16 ans, vient d’Herisau (AR). Elle vit à Davos dans une chambre double et explique qu’elle n’a pas vraiment le mal du pays. «Je n’ai guère le temps pour cela», dit-elle en souriant.

En effet, ses journées sont très rythmées: le couvre-feu généralement en vigueur à partir de 22 heures n’est pas un problème, car elle est déjà bien trop fatiguée avant. Au repas de midi, il y a cordon bleu, frites et légumes. La jeune fille raconte que la séparation a été plus difficile pour sa maman que pour elle: «Elle s’imagine toujours que je suis juste dans un camp et que je reviendrai bientôt.»

Entraînement technique au-dessus de Davos : les talents reçoivent une formation polyvalente.
Photo: BENJAMIN SOLAND

«Ils en retirent des valeurs importantes pour leurs vies»

Les parents des athlètes paient 13'500 francs par an pour la formation, les repas et la chambre double. Et bien sûr, pour l’encadrement sportif complet. Les cantons ajoutent jusqu’à 20’000 francs de frais de scolarité par élève. Près de 48% des jeunes viennent des Grisons.

L’après-midi, certains d’entre eux prennent le téléphérique de Parsenn pour monter sur le domaine skiable. Un entraînement technique est prévu. «Ce qui est génial, c’est que nous pouvons travailler cinq ans avec les élèves. Nous avons une grande responsabilité, nous les amenons à être des sportifs de haut niveau. Il faut tenir compte de nombreux facteurs. Ils sont en pleine puberté, les fluctuations sont normales», explique Urs Imboden. Selon lui, il est important d’être prêt à travailler sur soi-même, avec plaisir et assiduité. «On apprend aussi à se battre. Que l’on arrive ensuite au sommet ou non, c’est une autre affaire. Mais tous en retirent des valeurs importantes pour leurs vies», se félicite-t-il.

(Adaptation par Thibault Gilgen)


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