La saison de ski se termine ces jours avec les championnats de Suisse, et chez Blick, la nostalgie pointe déjà. Petit retour dans le passé: il y a quatorze ans, une bombe éclatait au sein de Swiss-Ski.
Que s'est-il passé exactement?
Le 14 avril 2011, la Fédération suisse de ski tient sa réunion ordinaire du comité directeur à Muri, près de Berne. La matinée se déroule sans accroc. À 12h30, le président Urs Lehmann et son collègue Urs Winkler quittent la séance pour assister au conseil exécutif de Swiss Olympic. Mais peu après, une détonation virtuelle secoue le bâtiment : Pirmin Zurbriggen annonce son départ immédiat.
La légende du ski explique qu’il a réalisé que l'effort nécessaire pour faire bouger les lignes au niveau national dépasse largement son champ d’action. Rapidement, une question s’impose: Pirmin Zurbriggen est-il victime d’un bras de fer interne avec Urs Lehmann? L’ancien champion olympique, habitué à décider seul, se sentait de plus en plus frustré dans son rôle de numéro deux. Cette impuissance aurait fini par le démoraliser.
Dans son communiqué, Swiss-Ski regrette officiellement son départ. Mais en coulisses, peu de larmes ont coulé. Loin de faire l’unanimité, Pirmin Zurbriggen s’était attiré de nombreuses critiques. En 2010, il s’était opposé au patron des femmes Hugues Ansermoz et avait imposé Mauro Pini à sa place. Résultat: un hiver catastrophique, avec seulement trois podiums toutes disciplines confondues.
Ses flèches empoisonnées contre Martin Rufener, le chef des entraîneurs hommes, n’ont pas été mieux accueillies. Pirmin Zurbriggen lui reprochait son absence lors des courses FIS. «Dieu sait qu'un chef entraîneur a d'autres tâches que d'être présent aux FIS», avait ironisé Beat Feuz. Les mauvaises langues affirmaient que Pirmin Zurbriggen voulait surtout voir Martin Rufener... pour favoriser ses deux enfants, Pirmin et Elia, au départ.
Pourquoi ce sujet est-il si important?
Parce que la Fédération suisse de ski s'est mise à dos le skieur suisse le plus titré de tous les temps. Et aussi parce que la promotion de Mauro Pini s'avère être l'un des plus grands flops de l'histoire de Swiss-Ski. Le Tessinois démissionne au printemps 2012 après de nombreux échecs, et la section féminine traverse une crise profonde.
Que s'est-il passé depuis?
Le torchon étant définitivement brûlé, Swiss-Ski cherche un successeur. On la trouve en la personne de Florence Koehn. La présidente de Ski-Romand complète l'équipe de sept personnes et devient la première femme au directoire de l'histoire de Swiss-Ski. Pirmin Zurbriggen se concentre désormais sur son poste à la Fédération valaisanne de ski, sur ses deux hôtels et sur sa famille.