Tout commence en 2008. Le «diamant» Lara Gut (pas encore Behrami à l’époque) fait déjà parler d’elle… par son absence. La jeune skieuse de 16 ans est la coqueluche du public suisse. «Elle n’est pas là, Lara Gut? On nous avait dit qu’elle viendrait. Ma fille voulait la voir», s’inquiète une spectatrice de l’époque, relayée par «Le Temps». Il y a quatorze ans, la jeune prodige était déjà montée sur les podiums de Coupe du monde (3e en février 2008, à Saint-Moritz) mais avait préféré faire l’impasse sur Crans-Montana. Lara Gut s’était plutôt rendue en Coupe d’Europe, afin d’inscrire des points.
Blessée lors de la saison 2009-2010, la Tessinoise renfile donc ses skis en Valais en 2014 (pas d’épreuve femmes durant quatre ans). Mais ce retour sur le Haut-Plateau tourne au vinaigre. En tête du seul entraînement, la skieuse de Comano chute lors de la descente et se blesse. De quoi faire enrager Marius Robyr, président du comité d’organisation: «Elle n’aurait sûrement pas fait cette erreur avec un deuxième entraînement.»
Lara Gut, l’ombre d’elle-même
Nouveau saut dans le temps, deux ans plus tard. En 2016, Marius Robyr est à nouveau du côté de Lara Gut. Engagée dans une lutte féroce avec Lindsey Vonn pour le Grand globe de cristal, la Tessinoise a un réel avantage sur l’Américaine, selon le brigadier. Problème: il ne le verra pas puisque la descente est annulée à cause d’une neige trop fraîche et trop abondante. Malgré tout, la Suissesse remporte le classement général.
À nouveau privée de course à Crans-Montana en 2017 à la suite d’une blessure, la Tessinoise fait son retour une année plus tard. Toujours sous son nom de jeune fille, la skieuse n’y arrive pas. Au sortir de JO de Sotchi décevants, elle termine 7e du super-G. La Tessinoise n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Un an plus tard, elle pense longtemps regoûter aux joies du podium. Enfin, pas en franchissant la ligne. En 2019, c’est l’imbroglio total sur la piste du Mont Lachaux, la faute à un chronomètre plus que capricieux. Dans la raquette d’arrivée, Lara Gut-Behrami (désormais) pointe à la 4e place, à 6 centièmes du podium. Puis, après rectification du chronomètre, elle est troisième. Nouveau coup de tonnerre trois jours plus tard: on apprend que la Tessinoise est éjectée de la boîte après un nouveau calcul des temps. «C’est la première fois que cela m’arrive et j’espère bien que ce sera la dernière», fulmine-t-elle devant les médias, juste après sa première descente. Divorce en vue entre Lara Gut-Behrami et le Haut-Plateau?
2020, le renouveau
Eh bien non: l’année suivante est synonyme de renouveau pour elle. Sevrée de victoire depuis janvier 2018, Lara Gut-Behrami fait coup double en Valais. En remportant la première, puis la deuxième descente de l’édition 2020, elle est de retour au sommet. Et même la bise refusée à Marius Robyr par la double vainqueure sur le podium ne suffit pas à créer la polémique sur le Haut-Plateau.
En 2021, tout s’effondre. Le divorce semble consommé entre la skieuse de Comano et la station valaisanne. Après avoir qualifié de «désastre» la piste lors du premier entraînement, Lara Gut-Behrami défraie la chronique. Un tête à tête avec Beat Tschuor, chef de l’équipe de Suisse, est organisé en catastrophe. Marius Robyr décide de couper la musique au moment où la Tessinoise s’élance lors du second entraînement. «Je voulais marquer le coup, montrer que nous étions déçus», explique alors le militaire dans les colonnes de «24 Heures». La tension est palpable.
La maladie en 2022
Et que nous réserve 2022? Tout d’abord, Lara Gut-Behrami n’est pas au top de sa forme. La championne olympique de super-G refusant de se présenter au point-presse du vendredi soir, le seul moyen pour les médias d’échanger avec elle est de lui parler après le second entraînement. Et ses premiers mots sont limpides: «Je suis malade, ça ne va pas vraiment. Je ne suis pas au top.» Avant de développer: «Il y a deux jours, je n’arrivais pas à parler et là, je suis en train de retrouver ma voix.»
Visiblement marquée après cette descente d’essai, la Tessinoise avoue avoir de la difficulté à simplement tenir debout. «J’espère que ça s’améliore un peu pour demain (ndlr: samedi, la première descente), souffle-t-elle. Même si je ne vais sans doute pas être guérie à 100%.»
Un problème qui persiste pour Lara Gut-Behrami, qui explique se «battre contre des grippes depuis novembre». «Ça prend beaucoup d’énergie mais c’est comme ça, je l’accepte», conclut-elle. Et pour rappel, la dernière fois que Lara Gut-Behrami n’est pas arrivée à son top à Crans-Montana, elle a raflé les deux descentes en 2020. Rebelotte cette année?