Il y a deux ans, Walter Reusser, co-directeur de Swiss-Ski, avait lancé une prophétie audacieuse à propos d'Alexis Monney dans les colonnes de Blick: «Pour lui, la question n'est pas de savoir s'il gagnera en Coupe du monde, mais quand». Aujourd'hui, cette prédiction prend vie. À 24 ans, le fils de Louis Monney, ancien coach de Didier Cuche, s'impose dans l'élite mondiale du ski alpin. Sur la légendaire «Pista Stelvio» de Bormio, réputée pour être la piste la plus exigeante du calendrier de la Coupe du monde, le Fribourgeois a brillé, montant deux fois sur le podium en l'espace de 24 heures.
Après sa victoire en descente, Monney a décroché une troisième place en super-G dimanche. Seuls le Norvégien Frederik Möller, auteur de sa première victoire en Coupe du monde, et l'Autrichien Vincent Kriechmayr l'ont devancé. «Honnêtement, en franchissant la ligne, je pensais être loin derrière», confie le Fribourgeois. «J’ai eu beaucoup de mal à me concentrer avant la course et j’ai commis une faute assez tôt en touchant le ski intérieur. Je ne comprends toujours pas comment j’ai réussi à me hisser à nouveau parmi les meilleurs.»
Des débuts marqués par les blessures
Pourtant, l'Italie n'a pas toujours souri au champion du monde junior 2020. En 2021, lors d'une course FIS à Sella Nevea, Monney a vécu un véritable calvaire après une violente chute qui lui a fracturé la pommette. «L'ambulance est tombée en panne sur le chemin de l’hôpital», se remémore-t-il. «Quand nous sommes enfin arrivés, on m’a dit qu’il n’y avait rien à manger. J’ai dû jeûner jusqu’à l’opération, qui n’a eu lieu que le lendemain, en Suisse.»
L’hiver dernier, Monney a été ralenti par des blessures aux coudes, après avoir chuté sur une plaque de glace lors d’un entraînement à Val Gardena.
Une performance d’équipe solide
Mais cette fois, Monney quitte l’Italie avec le sourire, porté par un double podium historique et une belle nouvelle personnelle: sa sœur Marie a donné naissance à son filleul Levi, environ 13 heures avant sa victoire en descente. «Je n’ai pas encore pu l’appeler, mais je vais m’arrêter à la maternité en rentrant de Bormio», promet le skieur de Châtel-Saint-Denis.
Derrière Monney, trois autres Suisses se sont classés dans le top 10: Stefan Rogentin, Franjo von Allmen et Marco Odermatt. Si ce dernier, leader du classement général, a manqué le podium à cause d’une erreur sur la traversée de «Cargentina», son impressionnante régularité en super-G demeure intacte. Lors des 19 dernières courses dans cette discipline, le triple vainqueur du globe s'est systématiquement classé dans le top 5.
De son côté, avec ses performances, Monney inscrit son nom parmi les grands du ski suisse et confirme que son ascension ne fait que commencer.