Ce week-end, les meilleures skieuses du monde avaient rendez-vous à Cortina. En Italie, elles se sont lancées à 130 kilomètres à l’heure sur l’Olimpia delle Tofane entre deux énormes rochers, survolant cinq grands sauts et affrontant d’innombrables bosses. Leur courage impressionne. La question se pose alors: mais pourquoi Federica Brignone, Cornelia Hütter ou encore Lara Gut-Behrami ne pourraient-elles pas dompter le Lauberhorn à Wengen?
En 1946, la station de ski de l’Oberland bernois a accueilli une descente réservée aux femmes, mais la question a ensuite été rapidement écartée. «D’un point de vue technique, je pense que les femmes peuvent effectuer n’importe quel parcours», explique pourtant l’entraîneur suisse Roland Platzer.
Aménager la piste
Mais il faudrait aménager certains passages différemment lors de la préparation du parcours, nuance-t-il. C’est d’ailleurs ce qui a été fait en décembre dernier sur la Birds of Prey de Beaver Creek, un parcours traditionnellement masculin que les femmes ont maîtrisé avec brio.
Courir au Lauberhorn, cela fait donc rêver les skieuses: «Ce serait génial si nous pouvions le faire un jour. Pour la tête de chien, ça reste à voir. Mais une descente aussi longue serait très attrayante», déclare la spécialiste de vitesse Joana Hählen.
Le chef du comité d’organisation de Wengen, Urs Näpflin, estime que des courses féminines seraient en principe possibles sur la mythique piste. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. «Nous sommes déjà à la limite concernant le montage et le démontage… nous n’aurions aucune chance de rajouter une semaine de compétition supplémentaire. Et il faut aussi veiller à ce que ce ne soient pas seulement les meilleurs athlètes de Coupe du monde qui descendent ici, mais aussi les skieuses les plus faibles.»
À Adelboden aussi?
Le fait est que les stations dans lesquelles les hommes et les femmes skient sur la même piste se multiplient: cet hiver, Sölden (Autriche), Levi (Finlande), Gurgl (Autriche), Garmisch (Allemagne) et Sun Valley (États-Unis) qui accueillent accueilleront les deux circuits. À cela s’ajoutent les Championnats du monde à Saalbach (Autriche). En mars, Kitzbühel (Autriche) accueillera pour la première fois depuis des années des courses féminines, même si elles se déroulent dans le cadre de la Coupe d’Europe.
Le président de Swiss-Ski, Urs Lehmann, explique: «C’était une décision consciente de la FIS de vouloir rassembler davantage toute la famille du ski. Dans certaines stations, cela a du sens. J’ai énormément confiance dans les femmes et je pourrais par exemple m’imaginer des courses à Adelboden. Pour moi, ce qui est décisif, c’est que les courses doivent être tout aussi belles.»
En d’autres termes: il ne faut pas surcharger les femmes. Faudrait-il alors privilégier les courses de vitesse ou les épreuves techniques? «Nous sommes ouverts à toutes les idées», déclare Christian Haueter, patron des courses d’Adelboden. Quatre courses en un week-end, c’est trop, mais répartir l’ensemble en deux blocs pourrait avoir du sens.
Un avantage financier
«Nous avons actuellement un budget de 7,5 millions de francs. Les tribunes et le village représentent un gros poste de dépenses. Ce serait très attrayant si nous pouvions les utiliser deux fois», précise Christian Haueter. Il faudrait toutefois d’abord trouver une solution avec les riverains et la commune.
De nombreuses athlètes seraient tentées de se lancer sur la piste bernoise. «Adelboden en Coupe du monde, ce serait mon rêve», se réjouit la spécialiste du slalom Aline Danioth. Sa coéquipière Wendy Holdener en a fait l’expérience en tant qu’ouvreuse du slalom masculin et confirme: «C’était très cool!»
La question de savoir si et combien de fois les femmes skieront à l’avenir sur des parcours masculins reste en fin de compte ouverte. Le fait est qu’elles ont prouvé depuis longtemps qu’elles avaient largement les capacités de le faire.